Présidentielles 2007 : Dominique de Villepin hors course ? Faux !

par stephane rossard
jeudi 30 mars 2006

A en croire les médias, Dominique de Villepin serait hors course pour la présidentielle de 2007, en raison du conflit social déclenché avec le contrat première embauche. Faux. Le Premier ministre a raison : la présidentielle se joue, toujours, peu de temps avant l’élection. Et en 2007, ce sera plus vrai que jamais.

Assistons-nous en direct à la lente ‘’mort politique’’ du premier ministre Dominique de Villepin ? S’est-il suicidé "politiquement" parlant avec le CPE comme tous les médias le répètent à l’envi, nous l’assènent ? A croire qu’ils prennent leurs désirs pour des réalités. Et en aficionados des scénarios catastrophes, on comprend leur plaisir. De là à le partager, certainement pas !

On ne sait plus, dans ce genre d’événement, si les médias font de l’information, de la propagande ou de l’anti-publicité ! En effet, à dire et redire comme ils le font que Dominique de Villepin est désormais "hors course" pour la prochaine présidentielle, les médias font-ils correctement leur travail ? N’ont-ils pas franchi la ligne jaune ? Ne sortent-ils pas de leur rôle ? Celui d’informer, et non d’intoxiquer l’opinion publique ? Exceptés, car c’est leur rôle, les journaux ouvertement engagés et les éditoriaux.

Difficile, comme lors de chaque crise, de prendre du recul face à ce déferlement d’images, cette profusion d’écrits, de critiques, cette soudaine marée de commentaires à chaud... Difficile de garder son sang-froid, la tête froide pour y voir clair, de démêler le vrai du faux, l’info de l’intox, l’ivraie du bon grain ! Indéniablement, trop d’information tue l’information. Comme dans tout, les abus sont toujours nocifs. En la matière, ce déchaînement est nuisible au discernement.

Ainsi, Dominique de Villepin serait KO debout, politiquement parlant. Envoyé au tapis, incapable de se relever. A lire l’éditorial du journal Le Monde en date du 29 mars, le Premier ministre serait dans l’impasse totale, plus aucune marge de manœuvre. Bref, avec le CPE, il s’est tiré une balle dans le pied, un handicap insurmontable ! Dominique de Villepin peut oublier définitivement ses rêves élyséens !

Le peuple est dans la rue, le peuple a parlé, le peuple a raison. Oust, le premier ministre. Voilà la position des médias dans leur grand ensemble. Un mimétisme qui en dit long sur l’indépendance d’esprit des médias ! Et sur la pluralité des opinions, normalement un des traits fondamentaux de toute démocratie !

Dominique de Villepin, ‘’fini’’, n’aurait plus qu’à déposer les armes, se rendre et capituler en faveur de son irréductible ennemi, Nicolas Sarkozy.

Une lecture bien simpliste des faits, de la part des médias. Lecture qui montre bien que les médias ne retiennent absolument rien de leurs erreurs passées ! Ni du passé. Des erreurs qui pourtant nous ont menés, tout autant que les erreurs commises par les responsables politiques, toutes sensibilités confondues, au cours de ces vingt dernières années, à jouer avec le feu et, conséquence logique, à voir triompher au premier tour d’une présidentielle l’extrême droite. Car à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler.

Cependant, tout porte à croire que cette alerte n’a pas suffi. Chacun, oubliant vite ce moment dramatique, et même historique au regard de la singularité du fait et de son onde de choc, a repris ses mauvaises habitudes. Comme le dit le proverbe : "Chassez la nature, elle revient vite au galop". Les médias, dans leur manière de traiter la crise sociale qui affecte actuellement la France, en sont à nouveau un exemple frappant.

Or, tout le monde se trompe dans le pronostic sur les élections présidentielles et la prétendue élimination, dès à présent, de Dominique de Villepin. Pour plusieurs raisons :

- d’ici mai prochain, de l’eau, et même beaucoup, coulera sous les ponts (en l’occurrence parisiens ?) étant donné la situation socio-économique tendue de la France et la non-résolution de nombreux problèmes.

- faut-il rappeler que la course n’a pas été encore lancée officiellement ? Seulement officieusement. C’est pourquoi nous ne sommes pas dans l’information, mais bien dans la supputation ! Donc dans le domaine de l’incertitude absolue !

- tous les prétendants ne se sont pas encore déclarés, ni, surtout, entrés en lice. Que chacun se rappelle les mois précédents, l’élection de 1995 où tout le monde - le bien pensant- donnait Jacques Chirac perdant. Pas un journaliste, intellectuel, expert... en novembre 1994 ne se serait risqué à miser un centime ! Et pourtant...

Enfin, et c’est le plus important, le Premier ministre a raison quand il déclare qu’une "présidentielle se joue dans les deux mois et demi qui précèdent l’élection". Et en 2007, cela sera plus vrai que jamais. Pourquoi ? Parce que la situation de la France n’a jamais été aussi explosive au niveau social, peut-être depuis 1958. La moindre étincelle, et une nouvelle flambée n’est pas à exclure. Que chacun y pense, et sérieusement, si l’on veut éviter un nouveau 21 avril 2002...

Précision : je ne supporte pas Dominique de Villepin et ne partage pas la plupart du temps ses idées. Mais je ne tolère pas non plus la partialité des médias qui, souvent, dans cette actualité, n’assument pas leur responsabilité, dans une démocratie normalement constituée. Je suis pour une information juste, équilibrée et raisonnée. A chacun ensuite de se faire sa propre opinion.


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