Présidentielles, la vérité comme exigence morale

par gilles
vendredi 15 septembre 2006

 Les Français veulent savoir avant de se déterminer. Ils refuseront la signature de chèque en blanc comme ils l’ont fait depuis la fin de la dernière guerre. Les candidats leur doivent, par éthique, la vérité,sur la situation réelle du pays, les causes de son immobilisme structurel, et un éclairage sur le comment et le pourquoi des réformes qu’ils proposeront au pays à partir de 2007 s’ils sont élus président.

Les dernières déclarations de notre premier ministre posent encore problèmes.

De quoi s’agit il ? L’ancien ministre du travail François Fillon nous informe que les régimes spéciaux de retraites feront l’objet d’une étude et d’un réajustement équitable, du fait même que seul le régime général et les impôts paieront le déficit croissant de ces régimes.

De son côté, Nicolas Sarkozy, reprenant une idée déjà annoncée et largement partagée à gauche, réaffirme l’hypothèse de la création d’un nouveau service civique qui concernerait tous les jeunes Français.

Pourquoi cette opposition frontale devant ces deux questions ? Pourquoi ne pas expliquer simplement que ces deux sujets et beaucoup d’autres seront non seulement de toute manière abordés au cours de la campagne, mais que des solutions justes devront être proposées pour les résoudre, que ce soit la droite ou la gauche qui arrive au pouvoir en 2007.

Il appartient aux différents partis et à leurs instances de proposer la politique qui sera suivie par leurs représentants lorsqu’ils seront en fonction.

C’est donc en l’occurrence au président de l’UMP qu’échoit cette responsabilité, et à personne d’autre.

Il faut en effet reconnaître un certain courage à Nicolas Sarkozy comme à Ségolène Royal de ne pas esquiver les sujets qui portent en eux potentiellement la division du pays.

Nous souffrons depuis plus de 25 ans de ces mensonges par omission de trop de nos politiques qui, n’osant aborder les problèmes, en renvoient le règlement aux calendes grecques.

Là se situe la véritable rupture, tant attendue à droite, comme à gauche.

Outre ces deux sujets, les Français voudront savoir avant de s’exprimer dans les urnes de quelle manière les candidats potentiels régleront les problèmes suivants :

Le règlement de la dette, non seulement le retour à l’équilibre des dépenses mais le remboursement des 1100 milliards accumulés depuis 1981

La nouvelle politique de la Sécurité sociale et les nouveaux financements de futures dépenses incompressibles liées au vieillissement de la population

La nouvelle politique d’égalité des chances en matière scolaire, tant dans le primaire que dans le secondaire, et surtout dans le supérieur.

La nouvelle politique de relance économique plus particulièrement axée sur le développement de PME, nécessité d’un meilleur encadrement et surtout un accompagnement réel, à l’identique des autres grands pays européens, dans la conquête des marchés à l’export

La réduction drastique du nombre de fonctionnaires que compte notre pays. 25 à 30% de la population active à ce jour : Décision incontournable et sans doute plus qu’impopulaire et source de grèves incessantes sans une pédagogie explicative de longue haleine. Nous n’y échapperons pas ; de nombreux pays comme le Danemark, la Suède, le Canada et aujourd’hui l’Allemagne l’ont déjà entreprise.

La nouvelle politique de santé qui découle du paragraphe précédent et de l’impérieuse nécessité de tenir compte du manque programmé d’anesthésistes et de chirurgiens au cours des dix prochaines années

La nouvelle politique étrangère de la France, et surtout de l’Europe, qui sera rendue lisible dans la conduite de notre politique de défense.

Toute réduction de crédits ou de format ayant pour conséquence l’acceptation de dépendre définitivement des USA, du fait qu’à part le Grande-Bretagne, aucun autre pays ne dispose de forces nucléaires autonomes.

La nouvelle politique de recherche, mais surtout la politique d’investissement qui sera mise en place pour accompagner les chercheurs privés, seuls capables de créer les entreprises qui garantiront demain nos emplois industriels, car nous savons tous que 50% de nos emplois actuels sont déjà condamnés à échéance de moins de cinq ans par l’ouverture des marchés européens.

La nouvelle politique qui concernera la représentation nationale dans ses institutions et l’interdiction qui sera faite demain de cumuler plus de dix ans de mandats. L’obligation équitable qui sera faite aux fonctionnaires élus de quitter l’administration.

La politique sociale, qui devra être le cœur de cette campagne, et qui devra rallier sur ses objectifs autant le patronat sans lequel rien de crédible n’est envisageable que les syndicats sans lesquels rien n’est possible non plus.

Politique qui devra se fixer pour objectifs de rendre un avenir aux dix millions de Français qui en sont aujourd’hui privés, de leur accorder de nouveaux droits en particulier dans la sécurisation de leurs parcours professionnels à l’identique de ce qui se pratique depuis toujours dans les grands groupes ou grandes sociétés.

Politique difficile mais qui n’est réalisable qu’avec un consensus de l’ensemble des acteurs économiques avant même celui des politiques.

Ces quelques thèmes incomplets sont ceux que les Français souhaitent voir aborder par ceux qui prétendent demain agir dans l’intérêt de tous.

Les esquiver, comme semble le souhaiter le Premier ministre, est à l’opposé de nos attentes légitimes.

La rupture avec ces pratiques est une exigence morale.


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