Présidentielles : Le Service public France2 donne la parole aux dix candidats. Entre rythme, densité et paroles en l’air, le téléspectateur aura pu faire son calepin
par laurentgantner
samedi 14 avril 2012
En deux soirées marathon - bel exploit mais des zones de vide persistent - où défilent, en deux fois cinq, les dix candidats en lice pour le premier tour de la Présidentielle, l'équipe de Pujadas donne à Des paroles et des actes un sens à la noblesse politique où après la débroussaillante on ne comprend toujours pas pourquoi la gauche des socialistes du Parti Socialiste n'arrivent toujours pas à proposer une politique économique différente de celle du cadre capitaliste que lui propose la droite… Ce serait pourtant si réconfortant d'y voir clair en cette période de crise pour contribuer à faire les bons choix.
Nicolas Dupont-Aignan représente une belle carrière mais pas pour les sommets. Remarquez, Mélenchon aussi a commencé avec 1% d'intérêt dans l'opinion mais pas avec la même base militante et syndicale. Tant qu'il est dans l'espace politique français, D-Aignan s'y sent bien et pourtant il voudrait pouvoir s'en démarquer. Pour cela il ferait mieux de s'empresser de changer de parti… C'est même pas un cheveu dans la soupe D-Aignan, à peine au bout de la langue et en tant qu'élève de Pasqua qu'il représente, on n'est guère impressionné de ce particularisme qu'il revendique si ce n'est qu'il ne dépassera en rien le plus ou moins à droite… Version adroite pensée récupérer l'hypothèse d'une droite qui se déchire ? Il découvre que l'économie coûte cher, répand le syndrome de la catastrophe pour espérer mettre la main sur les clés de l'État. Il propose des recettes pour que la France "devienne un grand pays" mais oublie qu'elle est déjà une des principales puissances économiques.
Éva Joly intervient en seconde position et s'annonce comme le vainqueur des Primaires puisque les écologiste l'y ont investie ! Entre gauche molle et gauche folle se prétendre la gauche raisonnable répond à la clarté énoncée par les uns ou à la transparence voulue par d'autres pour synthétiser l'ambitieuse prétention que jette à la figure des politiques généralistes la politique écologiste. Énergies nouvelles (renouvelables) créatrices d'emplois allant du mieux vivre ensemble (prise en charge de la dépendance) à la construction (bâtiment) utilisant des isolants naturels, tout est prêt pour donner aux industries les orientations qui leur font défaut… Mais la politique écologique telle qu'elle s'énonce passe aussi par un mea culpa approfondi sur les marchands d'armes qui garantissent à la France une place sur le marché où elle se fait remarquer parmi les plus grands vendeurs d'armes au monde, source importante de conflits et de comprendre l'importance internationale que prend en envergure la politique écologique dans l'étude des conflits ; le regard écologique devenant encore plus pesant sur la géopolitique.
Arrive "Prosper" Hollande dont chacune des interventions semble afficher la part du programme qu'il accorderait à J-L Mélenchon ou reprend les différents points censés les rassembler mais pas sur la même base économique. 60 propositions qui resteront lettre morte aux mains d'une économie qui restera cousue aux poches de la droite et de la République capitaliste dont il aurait fallu la chasser. Mais bon François Hollande ne fait pas de la politique, il égraine un chapelet de propositions déjà placées sur un calendrier qui d'hypothétique en deviendrait presque diabolique tant il joue le jeu de la spéculation prévisionnelle ! Sa politique serait de faire un précipité de calendrier sur l'anticipation de son élection, pourvu que dure et prospère Hollandréou ! Au cours de son élocution, sortie d'une pochette surprise, la certitude que François Hollande n'a pas la carrure d'un chef d'État, tout au plus pourrait-il ravir la hauteur d'un Ministre du tourisme. Du moins se projette-t-il déjà dans le discours qu'il prononcera au sommet de l'OTAN ! ! En chef d'État cette-fois-ci ? Si il doit y arriver à la victoire espérée.
Marine Le Pen se parachute dans l'exposé reniflante, rigolarde, presque au spasme de sa carrière, elle qui ne pensait pas arriver jusque là, effilochant ses scandales en se jouant de fausses vérités, la colère cédant le pas à la fatigue, haussant le ton pour se faire menaçante, tenant de son père les enseignements inadaptés à notre temps. Éructe des déclarations de guerre pour rendre grâce aux Djihadistes… Connaît parfaitement le modèle exacte de la marque du véhicule qui a tué un policier la veille, se trompe de gravité, se prend pour le centre du monde en toutes sympathies, abuse sur l'avortement… Ouh là là, v'là qu'elle ambitionne de soigner les gens de force !
Peu connu mais pourtant fort brillant, Philippe Poutou clôt cette première soirée. Il vise l'aboutissement d'une société au pouvoir dans la main des gens, exercé par eux… 70 jours de Commune de Paris y tendaient intelligemment avant qu'elle ne fut massacrée par l'armée de Thiers. Le plus logique à l'heure actuelle serait de socialiser les moyens de production et l'outil de travail au lieu de continuer à les confier aux mains des grosses multinationales afin d'organiser une gestion collective et partagée ; ce que ne permettra jamais le capitalisme au moment où tous les problèmes et les questions qui y sont liés ne manquent pas pour en décrédibiliser le fonctionnement. L'accession à la consommation étant la plus prégnante des inégalités, elle n'est pas à la portée du plus grand nombre mais par la logique des réquisitions proposée par Philippe Poutou, un pallier pour sortir de la pauvreté devrait être franchi. Ce n'est pas prendre l'argent où il est comme souhaiterait pouvoir le faire comprendre l'économiste BFM mais d'obliger à une répartition plus égalitaire des richesses, possible par une démocratie par le bas qui permettra que tous puissent rester maître de leur destin. Qu'on regarde l'emploi, le logement, la santé, les charges patronales (langage Medef - Mouvement des entreprises de France - ; il y a vraiment un truc qui ne colle pas dans l'abréviation de cette appellation) n'existent pas ! Ce sont des cotisations sociales et par conséquent ils se plaignent d'un moindre payement qui n'a pas lieu d'être. Sur la manipulation des capitaux financiers, le système bancaire et les inégalités de salaire pose à la situation de démocratiquement instituer un Smic européen… Question non plus seulement de répartition des richesses mais aussi celle de la répartition des droits entre les différents pays européens. Il récolte néanmoins les applaudissements normalement prescrits sur le plateau en candidat modèle (Pujadas) ! Il croit en un rassemblement où tous ensemble avec les camarades du NPA voient converger les luttes dans les mêmes grèves, les mêmes séquestrations de patrons puisqu'ils sont déjà tous ensemble dans les mêmes réunions. De là à ce que le même droits soient attribués à tous en parfaite égalité, il faudrait en faire le moteur principal d'une équipe présidentielle.
Le lendemain Bayrou se prend les pieds dans le tapis, toujours à cheval sur les guerres de religion dont il nous avoue vouer un culte écrit récurrent en signal à la possibilité que celles-ci peuvent se rallumer à tout moment. Il enchaîne avec un modèle social menacé mais ça on le savait depuis le jour où la sécurité sociale décidât de creuser son déficit. Sinon avec Bayrou, c'est un peu d'Ikéa et beaucoup de Monopoly et le tour est joué en homme qui n'est "ni de gauche, ni de gauche" et dont la droite qu'il présente au carré de son système se résume à une banque régionale, l'hypothèse de la numérisation numérique, un peu moins de voitures de fonction pour les corps d'État, la découverte que notre économie - tel que le système la développe - favorise le gaspillage. Le comble, c'est que tous les changements que voudrait aménager Bayrou restent des perspectives limitées tant que le système économique restera comme il est et auquel il se garderait bien de s'attaquer… Pire est la droite qu'on n'ose nommer… Vaines limites de projets sans conséquences autres que rhétoriques tant que le système économique demeure tel qu'il est. Là-dedans, pas étonnant qu'homoparentalité et adoption constitueront encre un fond de commerce pendant longtemps. Ceci dit, François Bayrou respecte le flot de questions de celles du genre "seriez-vous un bon 1er Ministre de Sarkozy" mais il tient lui-même expressément à en énoncer les réponses ; un peu plus il en élaborerait également les questions pour ses réponses.
Qui est Jacques Cheminade ? Non mandaté, candidat qui a du mal a émerger, un petit penchant en faveur de François Hollande… Limite ésotérique et anticipation de l'avenir lorsqu'il projète l'humanité dans la conquête spatiale vers la planète Mars mais dont le financement risque d'être fort compromis tant qu'une dette galopante en augmentation de 40% entre 2006 et 2011 se maintiendra dans les plafonds.
Ensuite, Nicolas Sarkozy sort son atout "crise" et le renverse en une menace inintelligible. Si la gauche l'emportait, alors selon lui nous aurions de la Grèce en Espagne, au Portugal et probablement aussi en France… Arroseur arrosé, il y aurait comme un signe que nous n'en sortirions pas de cette crise tant elle est la condition sine qua non de sa réélection et charpente chacune de ses interventions… Si Mr Sarkozy continue de se présenter comme le grand guérisseur des crises, on va finir par croire qu'il en est également le géniteur… Devenant son unique objectif politique, il en fait l'unique politique à suivre de la crise, avant la crise et après, pas étonnant qu'on retrouve Sarkozy dans la crise. Avec le libéralisme en cavale, pas étonnant non plus d'y retrouver le Président sortant si avide de vouloir continuer à en tenir les rennes. Au pire attend-il ses concurrents sur un ring, histoire de déclarer la pluie de coups ouverte ! Et quand pour finir, il en appel à l'unité nationale, on entendrait presque un playback de Le Pen (père) il y a 10 ans. Bis repetita ! Errare humanum est, perseverare diabolicum.
Avec Nathalie Artaud, présentée comme la dernière communiste qui reste, au sens initial de redonner au monde ouvrier (salarial) le contrôle économique de la classe sociale qu'il constitue pour que simplement on puisse envisager qu'il n'y soit plus uniquement représenté comme il l'a été jusqu'à présent. En pratique cela donnerait avec l'élection de Nathalie Artaud, 20h le 22 avril, l'enclenchement de la reprise immédiate de l'outil de production et de son mode de gestion par la classe ouvrière… Tout le monde dans la rue pour contraindre le changement, et pourquoi pas mettre les patrons en prison ? Un contrôle du fonctionnement intérieur des entreprises par les ouvriers et les salariés devient urgent et nécessaire pour que les lois concernant des discriminations sexistes ou raciales, reposant sur des escroqueries à l'investissement puissent être appliquées et vous pouvez en croire la candidate de Lutte Ouvrière, qu'ils les appliqueront ! Et on aura aussi compris avec elle que la droite n'a plus besoin du racisme puisqu'elle a la sécurité et la crise comme terrain de prédilection…
En dernier, Jean-Luc Mélenchon crédité désormais de 17% des espérances de vote au meilleur des sondages, pourrait bien arriver en tête et ce ne serait pas la première fois que le dernier présenté finisse sur le podium et franchisse le premier tour ! Le rassemblement du Front de Gauche s'est avant tout forgé et construit sur les programmes précis d'une modification de l'orientation économique à laquelle permettra d'aboutir la planification écologique via la distribution plus équitable des richesses du Capital.
Franz Olivier Giesbert y a décelé des "candidats emmerdants"… Bayrou… Au pays des bisounours avec un manque de densité intellectuelle. Jean-Luc Mélenchon devient un point de référence dans la réflexion, lui qui a quand même réveillé le débat à une période où il battait du mou entre Primaires et Lancement officiel de la campagne… "Philippe Poutou a crevé l'écran la veille" défendant une tradition politique française liée à l'histoire de la lutte des classes et les critiques anarchistes du pouvoir. Absence d'intérêt pour Éva Joly et l'inutile Dupont-Aignan… Le FN de papa reste collé à la peau de la fille et J-L Mélenchon fut le plus efficace comme tout au long de cette campagne précédant le premier tour.