PS comme Primaires Soporifiques

par Bernard Dugué
vendredi 16 septembre 2011

La France a peur disait Gicquel. Hier sur la Deux c’était la France s’endort. Comme d’habitude, chacun aura vu midi à sa porte, tandis que d’autres sont allés chercher midi à quatorze heures et qu’un peu d’esprit critique servira à remettre les pendules à l’heure. Je traduis, ce propos sibyllin n’ayant aucun rapport avec une éventuelle résistance du colonel contre les forces du CNT lancée tel un message codé sur les médias libres :

Midi a sonné. Les uns ont vu la victoire du PS et une belle démonstration de démocratie. Sur France Inter, que d’auto-congratulation des confrères du média parlé envers les trois protagonistes de l’écran ayant réussi une très belle prestation, du sérieux, de la tenue, de la gravité, du débat, des idées, bref, ces médias télévisés sont géniaux, absolument fantastiques, des médias hyper professionnels, de quoi faire oublier ce moment d’égarement un été, quand les gens étaient en vacance et que les caméras traquaient DSK devant son loft luxueux à New York, offrant un quart d’heure de célébrité au livreur de pizza qui sonnant au domicile du couple maudit après ce quart d’heure d’enfer dans une suite 2806 du Sofitel. Caroline Fourest a trouvé le débat très bien et sans doute se trouve elle aussi très bien. Moscovici aussi et Félicie s’est endormie sur son canapé après la série de questions où l’on voyait bien que Pujadas se plaisait à cet exercice, tentant de justifier à la France spectatrice sa place de prince du JT. Les observateurs professionnels ont vu midi à leur porte, les Français ont vu minuit à la porte de leur chambre, près de l’endormissement.

Quelques-uns ont allé chercher midi à quatorze heures. Essayant de décider qui a gagné et qui a perdu. Ils ont vu Hollande gagnant aux points, puisque personne ne l’a emporté par un KO d’éclat de voix. Hollande a gagné et c’est tout naturel puisque Hollande est le favori des médias et que les médias ne peuvent pas se tromper. Ma petite cervelle de moineau citoyen a pourtant trouvé Hollande un peu coincé, hésitant, pas franchement convaincant. Les médias ont trouvé Ségolène terne, tel un cadavre bougeant encore mais qui a tuer Royal ? Disons qu’elle n’était plus dans la course mais sa prestation n’a pas été aussi médiocre que les journalistes le disent. Elle a été au même niveau que les autres, 5/10 en notation Temesta, approximative sur le fond. Autrement dit, moyennement soporifique, comme du reste l’ensemble du débat. D’autres analystes ont trouvé le débat riche en proposition et en idées. C’est possible mais il suffirait de faire plancher six candidats au concours de l’ENA que nous aurions sur le papier autant sinon plus de propositions. Un programme politique ne se mesure pas au poids d’idées, car il faut qu’elles soient compatibles et bien souvent, il suffit de trois ou quatre mesures puissantes pour gérer une situation.

Après ces mécréantes observations, un mot sur le contenu et bien entendu, le contexte historique est à prendre en considération. L’époque est en crise dit-on. C’est exact, mais la crise est plus idéologique, sociale et affective que financière. La dette pèse sur les leviers pouvant être manipulés pour servir des espérances. C’est le système qui marche sur la tête. Du coup, ce sont les espérances qui sont manipulées et servies sous forme d’attente par les candidats qui doivent répondre aux attentes des Français. Des candidats qui en vérité ne connaissent pas les Français. Bref, le système est en panne, la crise a déteint sur un débat qui aurait dû être passionnant si l’époque avait été elle aussi excitante, pénétrée d’aspirations, de partages, de passions politiques. La crise s’est dévoilée dans son volet psychopolitique avec ces prestations moroses et ennuyeuses servies par six candidats essayant de faire croire qu’il y a des solutions pour sortir de la mauvaise passe où nous sommes, à l’intérieur d’une Europe vacillante, fruit pluriséculaire pourrissant à l’ère du crépuscule occidental. Les candidats du PS n’y sont pour rien. Du reste, ils ont montré qu’ils ne connaissent pas grand-chose à l’économie, trait partagé avec beaucoup de chefs de l’autre camp, de la ministre Pécresse au président en personne. S’ils avaient un peu d’esprit, tous ces politiciens devraient cesser d’invoquer la croissance, presque aussi incertaine et immaîtrisable que le climat. Pour peu, une bonne intention politique serait formulée en promettant que si le printemps sera ensoleillé alors les Français seront plus heureux. C’était donc un débat révélateur d’une période incertaine et vécue avec anxiété par une majorité de Français alors que les candidats du PS n’ont pas que traduire en filigrane ces inquiétudes disséminées dans un Occident en bout de course qui n’a pas trouvé son nouvel horizon.


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