PS et Sarkozy : les éléphants sont amnésiques
par Elysee-2007
lundi 15 janvier 2007
Je reviendrai sans doute plus en détails dans un autre édito sur l’analyse du PS concernant Nicolas Sarkozy, mais il me semble tout de même important de souligner quelques points dans cette analyse menée par le Parti socialiste. On dit que les éléphants ont de la mémoire, ceux du PS semblent souffrir d’amnésie. Dans les nombreux points qu’ils dénoncent, pour beaucoup, Sarkozy n’a été que leur héritier, poursuivant une politique élaborée par le PS.
Parlons tout d’abord de Sangatte, sans entrer dans le débat sur l’immigration et qui est un problème complexe méritant mieux que quelques lignes à l’emporte-pièce. Le PS dénonce sa fermeture par le candidat Sarkozy (p.41). Pourquoi pas ? Mais alors pourquoi, au moment de sa fermeture, le "conseiller spécial" de Ségolène Royal, Jack Lang, élu dans cette circonscription, paradait-il avec Nicolas Sarkozy en exprimant son soutien à cette action ? De même, la question des expulsions et de la "double peine" est mise en avant (p.32). Inutile de rappeler que cette "double peine", inique, comme tout le monde en convient à droite comme à gauche, a été appliquée sous le précédent gouvernement socialiste, et que les expulsions par charter ont largement tourné à plein sous ce même gouvernement.
Le PS dénonce le "tout carcéral" de Nicolas Sarkozy (p.28). Certes, pas besoin d’avoir lu Les Prisons de la misère du sociologue Loïc Wacquant pour en effet comprendre que la prison n’est pas une solution viable aux problèmes de notre société : ce livre, qui date de 1998 et qui n’est pas devenu un best-seller, a peut-être pu échapper au gouvernement Jospin. Mais le rapport de l’Assemblée nationale de juin 2000 auquel a collaboré, entre autres, Julien Dray porte-parole du PS et un des premiers soutiens de Ségolène Royal, et qui qualifie les prisons de "honte de la République", ou celui du Sénat, rendu au même moment et qui, lui, parle "d’humiliation pour la République", n’ont pu échapper au gouvernement socialiste de l’époque. Et pourtant, aucune réforme n’a vraiment vu le jour et, même d’après les chiffres du ministère de la Justice, le flux d’entrées annuelles en prison n’a cessé d’augmenter depuis 2000.
De même le PS dénonce "la sécurité au dessus des libertés" (p.25) en faisant notamment allusion à la Loi sur la sécurité intérieure (LSI). Tout cela est très bien, il commence même par citer l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, une référence s’il en est, puisque cet article rappelle que la sécurité ne passe pas avant la liberté, mais que c’est un droit égal. Pour peu, le PS citerait cette jolie phrase de Benjamin Franklin qui est toujours d’actualité : "Ceux qui sont prêts à sacrifier un peu de libertés fondamentales en échange d’un peu de sécurité ne méritent ni l’une ni l’autre". Parfaitement d’accord, j’aimerais juste alors que le PS m’explique pourquoi une grande partie de la LSI est issue directement de la Loi sur la sécurité quotidienne (lSQ) qui a été mise en place en 2001 par le gouvernement socialiste.
Pour finir (il faut bien arrêter un jour, car sinon on pourrait tout reprendre page par page), dans son chapitre consacré à la privatisation des entreprises publiques (p58), le PS critique le fait que Nicolas Sarkozy en 1996 "estimait que le statut d’Air France l’empêchait de se développer". Là encore, je n’aborde pas la question des privatisations et du service public, cela est aussi un problème complexe. Mais, il y a quand même de quoi rire quand on sait que c’est le gouvernement de Lionel Jospin qui a entamé la privatisation d’Air France avec un ministre des Transports communiste. Et surtout que les privatisations ont tourné à plein sous son gouvernement.
Je ne remets donc pas en cause les critiques adressées à Nicolas Sarkozy, même si certaines sont grossières, mais plutôt les gens qui font ces critiques. Le faire de façon aussi démagogique est tout de même hallucinant. Il y a quelque temps, l’excellent site Internetactu publiait L’internet n’a pas de mémoire, visiblement le PS non plus.