PS : faites vos jeux, rien ne va plus

par Mathias Delfe
vendredi 26 septembre 2008

En prévision du congrès de Reims en novembre que seule la presse à ragots attend avec impatience, les motions pleuvent – pas moins de six et les coalitions bancales dès le départ donnent déjà des signes de rupture précoce.
D’accord, le Parti socialiste, c’est une ambulance et la rumeur prétend que sur ces engins salvateurs, on ne devrait pas tirer. Mais bon ! Le tir est virtuel et l’ambulance est depuis longtemps, tout aussi virtuellement, une véritable passoire, alors, pourquoi devrait-on se gêner ?
D’autant plus que les ténors du parti, comme dit le journaliste trop cossard ou trop peu créatif pour inventer ses propres expressions toutes faites, se chargent eux-mêmes depuis au moins la bérézina des présidentielles de 2002 de flinguer à la mitrailleuse lourde le véhicule sanitaire qui les transporte.
Le débat démocratique à l’intérieur du mouvement socialiste, c’est sain, le déballage non-stop sur la place publique du linge sale des multiples courants et sous-courants, c’est tuant.
 
Personne, en dehors d’une poignée de militants fanatiques à la limite de la zombification ou de quelques profs de Sciences Po célibataires endurcis qui dépriment à donf le soir à la maison, ne comprend plus rien depuis belle lurette aux querelles aussi intestines que byzantines qui agitent en permanence le parti à l’épine de rose au poing, nul ne se soucie d’un énième congrès au cours duquel les éléphants accoucheront comme d’habitude d’une souris consensuelle que chaque courant s’appliquera à piéger ensuite, tout le monde en a ras la casquette de l’étalage impudique et formidablement contre-productif des ego hypertrophiés de ces messieurs-dames du bureau national ou d’ailleurs pourvu qu’il y ait des dorures et, pourtant, rien n’y fait, ni sifflets ni lazzis ni « remboursez ! », la pantalonnade continue de se jouer devant un parterre dont les cabots qui se disputent un os sur la scène ne remarquent même pas qu’il est bientôt vide de spectateurs.
 
La faute aux médias, comme toujours. Lorsqu’on les ajuste dans le viseur de la caméra, quand on leur tend un micro, baronnes et barons du deuxième parti du pays se croient de l‘importance pour le peuple alors qu’ils n’en ont que pour le quarteron de journalistes et la demi-douzaine de techniciens qui feignent de les considérer. A l’autre bout de la chaîne de diffusion, le canapé en face de l’écran est déserté, ses occupants ont profité de l’intermède des clowns du cirque PS pour aller assouvir quelque besoin naturel.
Allons ! Revenez donc sur terre, les Hamon, les Moscovici, les Dray, les Peillon, les Valls, les Montebourg même, qui peine à exister pour l’électeur moyen plus qu’il ne le suppose, tous ces suifs qui se pensent mèches, personne de la France profonde ne vous connaît, tout le monde électoral s’en fiche que vous rouliez pour Laurent, Martine, Bertrand ou Ségolène !
Atterris, la Royal ! tu as eu ta chance, elle est passée. Les Français éliront peut-être un jour une pétroleuse, pas une bigote qui annone péniblement des discours bourrés de lieux communs dont on se demande si elle en partage ne serait-ce que vaguement l’esprit.
Laisse tomber, le François ! Si le parti en est là où il se trouve, au fond du trou, tu n’y es pas pour peu ! Alors, poser aujourd’hui au rassembleur ! Adouber maintenant Delanoë, c’est pour mieux le couler, non ?
Calme-toi, Bertrand ! La mairie de Paris, c’était déjà inespéré pour un gentil petit marquis comme toi ! Et puis la capitale exige un énorme investissement de celui qui la gère, tu l’as reconnu et revendiqué toi-même. Dans ces conditions, prendre la tête du PS, ne serait-ce pas se ficher de celle du Parisien ?
Pareil pour toi, Martine ! Lille ne suffit pas, maire et présidente de la Communauté urbaine ne suffit pas, secrétaire national du parti ne suffit pas, pas assez de boulot, sans doute ?
 
L’électeur socialiste se contrefiche de vos ambitions personnelles, de vos plans de carrière, de vos embrouilles : il exige un programme cohérent, de gauche et pas au centre par défaut, et des individus modestes et dévoués au service de ce programme, pas de prétentieuses têtes d’affiche au seul service d’elles-mêmes.
Toutefois, puisque vous êtes payés – et bien – pour ça, vous pouvez continuer la représentation sans vous soucier du public, de sorte que dans quatre ans le tribun qui bat les planches du théâtre d’en face sans s’en laisser compter par les figurants qui l’entourent vous raflera vos ultimes clients.

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