Quand c’est fini, Sarko...mence !

par olivier cabanel
vendredi 4 juillet 2014

Celui qui avait déclaré publiquement, après son échec de 2012 qu’il voulait tourner définitivement la page de la politique, (lien) vient, la main sur le cœur, les yeux dans les yeux, ouvrir un écran de fumée pour tenter de faire oublier les vilaines affaires juridiques qui le concernent depuis près de 10 ans, en se déclarant candidat à la présidence de l’UMP, et à la présidentielle de 2017.

On en finira donc jamais avec le triste épisode républicain qui avait porté au pouvoir Nicolas Sarközi, un certain 6 mai 2007, (lien) face à une Ségolène Royal, lâchée par une partie de son camp.

Le justiciable ex-président dont l’immunité a été levée depuis son échec présidentiel de 2012 n’aurait-il d'autre issue pour échapper à la justice que de tenter de parvenir en 2017 à regagner la place perdue, malgré les casseroles qu'il traine ?

Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il faut remonter en 1994, au moment où il est ministre du gouvernement Balladur.

En effet, ces affaires en cascades perdurent déjà depuis quelques années, bien avant son accession au poste suprême.

On se souvient qu’il était, avec Nicolas Bazire, celui qui était chargé de récolter les fonds pour le candidat à la présidentielle qu’était en 1995 Edouard Balladur, alors premier ministre

Précisons que le contrat d’armement avait été négocié en 1994, sous le gouvernement Balladur, dont Sarközi a été ministre à plus d’un titre : porte parole, budget, communication,

Et voici venu le fameux Karachi-gate, affaire dans laquelle 15 personnes ont trouvé la mort, dont 11 ingénieurs français des anciens arsenaux d’Etat DCN qui devaient fournir sous-marins au Pakistan et frégates à l’Arabie. lien

A cette époque, les 2 Nicolas, Sarközi et Bazire, que Ghislaine Ottenheimer considérait comme « les deux gamins les plus puissants de France  », étaient soupçonnés d’avoir organisé un système de rétro-commissions destinées à financer la campagne d’Edouard Balladur. lien

Celui-ci conteste la chose, pourtant, dans son compte de campagne il a eu toutes les peines du monde pour justifier un dépôt en espèce de 10 millions de francs, alors que le journal « Libération » avait produit des documents démontrant que 2 intermédiaires, imposés par l’équipe Balladurienne avaient au moins reçu 54 millions de francs, le 2 juin 1995. lien

En 2012 on apprenait, grâce à Médiapart, que les 10 millions proviendraient bien de la vente de frégates à l’Arabie, via un compte en Suisse, et non pas, comme l’affirmait Balladur, à la vente de T-shirts à l’effigie de ce dernier. lien

Sarközi, porte parole de l’ex-premier ministre, et ministre du budget, ne pouvait ignorer l’existence de cette somme, et pourtant, il déclarait, la main sur le cœur : « qui peut croire une fable pareille » évoquant des « allégations grotesques ». lien

Finalement, la lutte qui opposait Balladur à Chirac, emportée par ce dernier, avait mis fin au versement des commissions.

L’avocat des familles des victimes de l’attentat avait alors déclaré : « le mobile de l’attentat apparait lié à un arrêt des versements de commissions  ». lien

Au-delà de ces morts tragiques, il reste à élucider le montant et la destination de ces rétro-commissions…

Exit le Karchi-gate, voici venu l’affaire Bettencourt.

Là aussi, il est question du financement d’une campagne présidentielle, celle de 2007, concernant un certain Nicolas Sarközi.

A l’époque, Eric Woerth, sera le seul homme politique jugé dans cette affaire, soupçonné d’avoir touché illégalement à la fin 2007 des sommes d’argent conséquentes de la part de la riche héritière.

Quant à Sarközi, il obtiendra un non lieu, malgré les allégations de l’ancienne comptable des Bettencourt qui affirmait que Patrick de Maistre, gestionnaire de la fortune des Bettencourt, lui avait demandé 150 000 euros pour les remettre à Woerth, le trésorier de la campagne de Sarközi, en janvier 2007. lien

Pourtant, des enregistrements clandestins réalisés par le majordome de la milliardaire avaient prouvé à l’évidence les liens financiers qui existaient entre le candidat de l’UMP et Liliane de Bettencourt.

En effet, si les juges bordelais ont bien prononcé un non lieu concernant l’ex-président, ils ont tout de même estimé que ce dernier avait bien cherché à obtenir de l’argent pour financer sa campagne de 2007 grâce à la milliardaire…mais que les preuves manquaient. lien

Ce n’est qu’en mars 2014 que Sarközi, mis sur écoute par les juges, permis de faire un peu plus de lumière sur cette affaire.

Il aurait tenté de corrompre un magistrat pour obtenir des informations sur la décision que la cour de cassation devait rendre dans le dossier Bettencourt. lien

Mais ces écoutes nous emmènent à une autre affaire, touchant elle aussi au financement de la campagne du candidat Sarközi par le truchement d’un dictateur disparu aujourd’hui : le tristement célèbre Mouammar Kadhafi. lien

Ce dernier, lâché par celui qu’il considérait auparavant comme son ami, Nicolas Sarközi, avait affirmé à plusieurs reprises avoir financé la campagne de celui-ci, pour un montant de 50 millions d’euros. lien

Malgré les dénégations offusquées du premier concerné, qualifiant une fois de plus de « grotesques » (lien) les affirmations de Kadhafi, celles-ci ont été récemment confirmées par son successeur à la tète de l’état libyen, Mohamed el-Megarief, lequel affirmait dans son livre : « oui Kadhafi a financé la campagne électorale de Nicolas Sarközi, et a continué à la financer encore après 2007 ». lien

Bien que le manuscrit de cet ouvrage ait été « caviardé » par l’éditeur, Médiapart avait réussi à se procurer le texte original, confirmant l’aide financière que le dictateur avait consenti à Sarközi. lien

Une somme rondelette de 50 millions, tout de même, le nouveau président libyen ajoutant qu’un dernier versement avait été réalisé en 2009…et demandant la restitution de la somme.

Certains vont encore un peu plus loin affirmant que Kadhafi aurait « été exécuté par la France  »…de peur que certains secrets ne soient révélés… lien

Puis est venu l’affaire Bygmalion, cette petite entreprise qui ne connaissait apparemment pas la crise, accusée d’une double facturation et de fausses factures, plate forme pour financer la campagne du candidat Sarközi, et qui s’était donné les moyens de la discrétion, en permettant de dépasser allègrement les seuils autorisés par la loi. lien

Tout cela est en train de faire remonter à la surface les vieilles affaires décrites plus haut, et même si le principal intéressé clame haut et fort qu’il est un chevalier blanc, sans la moindre faute à se reprocher, ajoutant qu’il fait l’objet d’un acharnement judiciaire, du à des juges partisans (et de gauche) qui ont juré d’avoir sa peau, (lien) il semble bien que, pour une fois pour toutes ces affaires, la justice a bien l’intention de passer…

Bien malin dira comment tout cela finira, mais on peut d’ores et déjà remarquer les convergences évidentes entre tous ces politiques qui ont une fois ou l’autre été inquiétés par la justice :

Cahuzac affirmait droit dans ses bottes : «  je n’ai pas, et je n’ai jamais eu un compte à l’étranger  » (lien) avant finalement tout avouer, déclarant « j’ai été pris dans une spirale du mensonge et je m’y suis fourvoyé ». lien

Il risquait 5 ans de prison, et finalement, il a seulement été interdit d’exercice de la médecine pour une durée de 3 mois (6 mois dont 3 avec sursis). lien

Pour revenir à Nicolas Sarközi, 65% des français ne souhaitent pas son retour, et 63% d’entre eux ont le sentiment qu’il est traité « comme n’importe quel justifiable  ».lien

Reste à savoir comment « la victime de la justice » prendra l’information ? lien

On pourrait aussi cruellement lui rappeler ce qu’il avait dit à DSK : « monsieur Strauss-Kahn, expliquez vous à la justice et épargnez au Français vos commentaires ». lien

En tout cas, un doute au moins est levé : celui qui déclarait il y a peu qu’il tournait définitivement le dos à la politique, est bel et bien candidat à la présidence de l’UMP, tout comme candidat logique à l’élection présidentielle de 2017, s’il faut en croire ses récentes déclarations, (lien) prouvant une fois de plus la versatilité de « l’homme politique »… ce qui n’arrive pas à convaincre Jérôme Chartier, député UMP, qui a déclaré « il n’est pas le meilleur candidat » (lien) de quoi rassurer tous les prétendants au poste qui se sont déjà assez nombreux.

De Copé à Juppé, en passant par Bruno Le Maire, Mariton, Estrosi et quelques autres…ils sont décidés à vouloir reprendre le flambeau malgré la débâcle financière du parti. lien

Avec un humour bienvenu, le « Gorafi » affirme que Nadine Morano aurait braqué une banque pour se retrouver seule en garde à vue avec Nicolas Sarközi. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « le putois ne sent pas l’odeur de ses aisselles  ».

L’image illustrant l’article vient de « www.vanityfair.fr&nbsp ;&raquo ;

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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