Quand John McCain relie l’Iran au 11 septembre

par Altheos
jeudi 11 septembre 2008

Bassesse électorale. En vue de remporter la présidentielle américaine, tous les coups sont permis, y compris les plus sordides. Démonstration avec le camp républicain mené par John McCain.

La fin d’un tabou. Aux Etats-Unis, jeudi dernier, lors de la convention républicaine, un tournant politique s’est produit : un des deux camps rivaux pour la présidence, en l’occurrence le parti de John McCain, a osé, pour la première fois, exploiter visuellement la tragédie du 11-Septembre à des fins électorales en diffusant une "vidéo en hommage" aux victimes.

Morceaux choisis

“La première attaque s’est produite en Iran. 444 jours : l’Amérique prise en otage. Et ainsi de suite : nos ambassades, notre marine (...) Cet ennemi qui s’est promis notre destruction est en guerre contre nous depuis des décennies. Cela, nous le savons désormais", relate le narrateur.

“Les jihadistes restent déterminés à nous attaquer, à attaquer la liberté et l’âme même de l’Amérique (...) Ceci est une guerre que nous n’avons pas choisie (…) C’est une guerre que nous allons gagner, nous avons un président qui sait comment le faire (…) Nous nous souvenons (…) et nous ne permettrons pas que cela arrive encore”.

Nombre de citoyens américains, démocrates mais aussi républicains, ont été choqués de voir ainsi utilisées les images des victimes des attentats pour émouvoir les électeurs, manipulés ainsi par la peur et le désir de vengeance.

 Le soldat McCain franchit la ligne rouge

D’une pierre, deux coups : dans cette vidéo, digne des pires propagandes, il réussit le double tour de force d’aviver l’émotion envers la tragédie du 11-Septembre et d’assimiler la prise d’otages de l’ambassade américaine par les Iraniens (1979) aux actions terroristes d’Al-Qaïda (1998/2001), confondus de par leur provenance : le même "ennemi".

Exploitation émotionnelle et révisionnisme historique : voilà qui augure d’une politique étrangère plutôt belliciste si McCain devait remporter l’élection présidentielle, ce qui pourrait encore se produire, au vu de sa remontée dans les derniers sondages.

Le triple message subliminal est donc passé auprès de l’électeur : McCain vengera l’Amérique en capturant Ben Laden, protégera le pays des musulmans fanatiques et s’attaquera à l’Iran, ennemi comparable au réseau Al-Qaïda. Qui a pu oublier sa fameuse improvisation hilare, inspirée des Beach Boys, devant un auditoire, il y a quelques mois : "Bomb-bomb-bomb, bomb-bomb Iran !" ?

Au loin, on pouvait, si on prêtait l’oreille, percevoir dans l’air un murmure nauséabond, un slogan, évoquant les clips de campagne :

"I am George Bush and I approve this message"…

Post-Scriptum

 Il faut saluer le courage du commentateur qui apparaît à la fin de la vidéo. Il s’agit du présentateur vedette de MSNBC, Keith Olbermann, qui précise se démarquer du choix éditorial de sa chaîne d’avoir accepté de diffuser cette vidéo, déplorant pour sa part, avec un dégoût visible à l’antenne, l’usage d’un tel drame dans une campagne électorale.

Son audace lui a coûté cher : MSNBC, filiale du puissant network NBC, a annoncé ce week-end, soit deux jours après la retransmission en direct de son commentaire politiquement incorrect, la mise à l’écart d’Olbermann des émissions politiques de soirée, en prétextant son manque d’impartialité…

La liberté d’expression des journalistes, en période électorale ou en temps de guerre, aux Etats-Unis comme en France, a ses limites…

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