Quand le Menhir perd son domaine

par olivier cabanel
jeudi 7 mai 2015

Le Menhir, c’est ainsi que certains surnomme Jean-Marie le Pen, le créateur du front national.

Aujourd’hui, en conflit avec sa fille, celle-ci ayant décidé de l’empêcher de parler, de l’exclure du parti, ce qui provoque quelques vagues…

Récemment interviewé par Jean-Pierre Elkabbach, sur l’antenne d’Europe 1, Marine Le Pen avouait n’avoir jamais visité un camp d’extermination, ni vu le film « la Shoa  »…ce qui ne doit pas être un cas isolé, mais alors « pourquoi ne se débarrasse-t-elle pas des négationnistes qui, depuis des décennies déjà se sont infiltrés au cœur du FN ? » s’interroge Maurice Szafran dans les colonnes de « Challenges ». lien

Comment ne pas s’interroger aussi sur cette volonté d’empêcher son père de parler, au lieu de faire vraiment le ménage dans son parti ?

Jean–Marie Le Pen est, comme chacun sait, élu européen, et il y représente le FN, et si sa fille admet bien qu’il ne peut être délégitimé de son poste de député européen, on voit mal comment elle pourrait l’empêcher de s’exprimer au nom du parti qu’il représente. vidéo

Le 4 mai 2015, une nouvelle étape a été franchie par le bureau du parti d’extrême droite : le fondateur du FN a été exclu de son parti.

Mais le vieux dirigeant n’a pas l’intention de lâcher le morceau : d’une part, il souhaite que sa fille se marie afin qu’elle ne puisse plus porter son nom, façon donc de la répudier, (vidéo) et d’autre part il annonce qu’il va engager tous les recours possible contre ce qu’il appelle une félonie. lien

Mais de nombreux observateurs s’interrogent : ne sommes nous pas en train d’assister à une comédie, qui veut se faire passer pour une tragédie ? dessin

Pour tenter de comprendre ce qui est en train de se jouer, il faut écouter ce qu’en disait un certain Lorrain de Saint Affrique, cet ancien conseiller de Jean-Marie Le Pen qui s’exprimait sur l’antenne de France Inter le 4 mai 2015. lien

Son analyse mérite le détour, car il propose une explication assez éloignée de celle évoquée par la plupart des médias, même s’il pensait à tort que l’exclusion du fondateur du FN n’était pas envisageable car dit-il « beaucoup de gens du front national ne le supporteraient pas, et je ne crois pas qu’il y ait une majorité pour approuver une telle décision »

Mais au-delà de cette mauvaise appréciation, l’ancien conseiller remarque que le père « observe sa fille avec une sorte de condescendance comme on regarde une vedette de la télé réalité » et il va plus loin dans son analyse, le père « pense que sa fille n’est pas au niveau, qu’elle n’a pas la densité humaine, culturelle suffisante pour exercer de hautes fonctions d’état ».

Pour justifier cette affirmation, il rappelle comment à une époque, fréquentant Paul-Marie Couteaux, elle lui avait avoué  : « écoute, j’ai des lacunes en matière culturelle, il faudrait me faire une liste de la bibliothèque idéale afin que je rattrape quelques retards » lien

Celui-ci estime que les livres qu’il lui avait conseillés pour rattraper son retard étaient du niveau d’un programme du BEPC des années 60.

Pourtant Paul-Marie Couteaux n’était pas hostile, loin de là à la dirigeante du Front, puisque c’est grâce à lui que le FN s’est doté d’un vice-président du nom de Florian Philippot et c'est lui qui a lancé de la campagne de dédiabolisation du FN.

Malgré tout, ce qu’il pense aujourd’hui de la patronne du FN n’est pas flatteur.

« Elle est tout sauf diplomate » affirme-t-il, ajoutant « elle ne sait pas avoir des partenaires » et il raconte l’épisode ou, voulant faire de Nigel Farage l’un des participants de son futur groupe européen, elle a accumulé les maladresses, braquant finalement l’intéressé.

Voilà en vrac ce qu’il en pense : elle ne comprend pas les institutions de la 5ème République, et n’a pas compris qu’aucun parti ne peut gouverner seul : en faisant courir les bruits de ralliement avec François Fillon, Dupont-Aignan ou Christine Boutin, elle a perdu toute chance de s’en faire un jour des alliés. lien

il soulève aussi le point délicat des finances du parti, puisque par la Cotelec (micro parti de JM Le Pen) celui-ci contrôle une bonne parti des finances du parti, ajoutant qu’il tient aussi les cordons de la bourse familiale, rappelant qu’il n’a pas hésité à déshériter sa fille Marie-Caroline, et que Marine vit encore chez son père, en son château de Montretout. lien

Comme il le dit : « en ce moment, des nuages noirs s’accumulent sur la tête de Marine Le Pen  », et sur le fond il pense que le père veut déstabiliser sa fille pour son propre bien, mais qu’elle ne l’a pas compris.

Jean-Marie Le Pen enfonce le clou et affirme que ceux qui pensent que son parti est aux portes du pouvoir ne connaissent pas le pouvoir…et donc qu’ils se trompent.

Et puis il n’en reste pas là, menaçant de créer un nouveau parti (lien) et en même temps, Philippot vient de déposer un nom pour son parti : « les Patriotes » …après « les Républicains », d’ici qu’un parti prenne comme nom « les Citoyens » il n’y a qu’un pas... lien

Allons sur le chapitre des finances puisque, grâce au Canard Enchaîné et à Médiapart, on sait que celui qui clamait « tête haute et mains propres  » voit de grosses accusations le menacer : le service anti blanchiment Tracfin à déniché un compte de 2,2 millions d’euros, dont 1,7 million en lingots et pièces d’or, bien à l’abri dans un trust basé aux Iles Vierges géré par un certain Gérald Gérin, lequel est au service de Jean-Marie Le Pen.

Ces 2,2 millions s’ajoutent au compte suisse ouvert en 1981 à l’UBS (union des banques suisses) par Jean-Pierre Mouchard, l’ancien trésorier du micro parti de Le Pen, Cotelec.

Ajoutons pour la bonne bouche que le parquet de Paris a ouvert, en 2013, une enquête sur un enrichissement suspect du fondateur du FN : il essaye de comprendre d’où viennent les 1,1 million d’euros qui ont gonflé le patrimoine du suspect entre 2004 et 2009.

Puis il y a l’histoire Riwal, un « Bygmalion » façon FN, avec soupçons de surfacturation, de détournement de fonds, (lien) et la mise en examen pour escroquerie de « Jeanne », le micro parti de Marinelien

Restons dans le domaine financier pour en venir aux 20 assistants parlementaires du FN à Bruxelles, dont certains sont soupçonnés d’occuper des emplois fictifs.

Martin Schulz, président du parlement européen est aux commandes et a mandaté les services de l’OLAF (organisme anti-fraude de Bruxelles) mettant en cause 8 députés européens frontistes : Marine Le pen, Jean Marie Le Pen, Florian Philippot, vice président du FN, Marie-Christine Arnautu (membre du bureau exécutif), Sophie Montel pour son assistant parlementaire Bruno Bilde (conseiller spécial de MLP), Alais Navarro, Leif Blanc, et Gilles Pennelle, tête de liste pour la région Bretagne, fermant la marche.

Ils ont reçu récemment un courrier leur demandant de détailler les activités réelles de leurs assistants, assurant que si les réponses n'étaient pas satisfaisantes, les assistants seront radiés et les sommes devront être remboursées.

Lorsque l’on sait que chacun des 751 députés européens reçoivent tous les mois une belle enveloppe de 21 349 euros pour recruter les assistants qu’ils souhaitent, on comprend que la tentation est grande, même pour un parti qui se prétend exemplaire.

Revenons au gros ratage du 1er mai frontiste où l’on a vu, tout de rouge habillé, le président d’honneur venir se faire acclamer alors qu’il n’était pas prévu qu’il monte sur scène…suivi de l’apparition des Femens faisant du tapage pour couvrir le discours de la présidente…et du tabassage en règle d’une équipe de journalistes.

En réponse, Marine Le Pen demande la dissolution des Femens, en s’appuyant sur des textes de lois qui n’existent pas. vidéo

En effet, pour dissoudre un groupe, la loi prévoit plusieurs cas : il faut que le groupe constitue une sorte de milice armée, qu’il attente à la forme républicaine de l’Etat, qu’il prépare des actes terroristes, ou encore qu’il incite « à la haine ou à la violence envers une personne en fonction de ses origines, son ethnie, sa race ou sa religion ».

Or, on peut aimer ou pas les Femens, mais il faut admettre que les seules armes qu’elles utilisent sont plutôt du domaine du charme. lien

D’ailleurs à y regarder de plus près, la violence a plutôt été du coté du service d’ordre du FN qui s’est mis dans l’illégalité en forçant les portes de l’hôtel dans lequel les Femens s’étaient installées, violant ainsi le droit de propriété.

Ajoutons pour la bonne bouche les violences exercées par Bruno Gollnisch contre les journalistes de Canal+ qui ne faisaient rien d’autre que leur travail de reportage, sur la place publique. lien

Dans cette courte vidéo, il n’est pas besoin d’explications pour découvrir la violence injustifiée envers les journalistes,

Quittons Paris pour Béziers pour découvrir ce qu’a fait récemment son nouveau maire, apparenté FN : sachant que c’était pourtant tout à fait illégal, il a fiché tous les enfants musulmans de sa ville, (même s’il prétend aujourd’hui que ce n'est pas le cas), enfonçant le clou en déclarant : « oui, il y a trop d’enfants immigrés dans le public ». lien

Voilà donc des feuilletons qui ne font manifestement que commencer, car comme dit mon vieil ami africain : « si haut qu’on monte, on finit toujours pas des cendres ».

L’image illustrant l’article vient de foutou.art.over-blog.com

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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