Quand Nicolas Sarkozy reprend du terrain...
par Pierre Alain Reynaud
vendredi 1er juillet 2011
Quand Nicolas Sarkozy reprend du terrain ...
Depuis l’installation de la Vème République, tous les présidents sortants ont été réélus, à l’exception toutefois de Georges Pompidou, décédé pendant son mandat, et de Valéry Giscard d’Estaing battu en 1981 par François Mitterrand.
Il faut dire que les français sont très conservateurs ; la plupart du temps, ils préfèrent éviter un changement par crainte de subir certains bouleversements qui pourraient nuire à leurs habitudes et à leurs acquits. Ainsi, malgré les contestations, les oppositions, les conflits, les protestations de toutes sortes, trois présidents ont vu leur mandat renouvelé par le suffrage universel : tout d’abord Charles de Gaulle entre le 8 janvier 1959 et le 29 avril 1969, ensuite François Mitterrand entre le 21 mai 1981 et le 17 mai1995, et enfin Jacques Chirac entre le 17 mai 1995 et le 16 mai 2007.
Dans dix mois environ, Nicolas Sarkozy briguera certainement un second mandat. Offensive bien difficile quand on sait que le président sortant est largement impopulaire et que selon certains récents sondages, il pourrait être éliminé dès le premier tour des élections.
Mais contrairement à une vox populi un peu simpliste qui le considère déjà comme perdant, Nicolas Sarkozy possède encore de très sérieux atouts dont la qualité peut le faire rebondir à la grande surprise de ses opposants.
La stratégie du président Sarkozy
Nicolas Sarkozy est un homme extrêmement intelligent qui connaît parfaitement toutes les ficelles et les stratégies de la politique, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale. Il possède de solides relations en Europe et dans le Monde, et par des tractations très secrètes, il a su ramener à lui les principaux dirigeants de la planète.
On peut critiquer âprement Sarkozy dans sa politique intérieure, et sans doute a-t-on raison de formuler à son encontre d’importants reproches pour son comportement anti social. Mais dans ses relations à l’étranger, il faut reconnaître qu’il a créé des liens extrêmement forts avec les grandes puissances qui lui servent incontestablement dans ses objectifs présidentiels. De la sorte, à première vue, le Chef de l’Etat paraît avoir réussi sa politique extérieure, alors qu’en vérité, elle est plutôt factice et irréelle.
Nicolas Sarkozy a compris que le seul moyen de gagner les prochaines élections présidentielles en 2012 était de redonner à la France le prestige qu’elle détenait dans le Monde au temps du Général de Gaulle. Peu importe les mécontentements au niveau national : le Chef de l’Etat possède un argument solide lorsqu’il précise avoir su gérer la crise financière et protéger le Pays de la débâcle qui affecte aujourd’hui la Grèce, l’Espagne ou le Portugal.
De même, Sarkozy est arrivé jusqu’à ce jour à maintenir l’union de la droite, et si toutefois il y a eu quelques remous au sein de l’UMP, ils n’ont été que passagers, sans conséquence notable pour l’ensemble de la majorité présidentielle.
La chance au rendez-vous ?
Certainement … (A moins que cette « cette bonne fortune » ait été sciemment provoquée par une équipé dévouée à la cause présidentielle !)
Voici encore deux mois, Nicolas Sarkozy avait encore une adversaire de poids en la personne de Dominique Strauss-Kahn. A l’époque, tous les sondages étaient formels : Quelle que soit la situation, DSK écrasait Sarkozy, ne laissant à ce dernier aucune chance de réélection.
Le 14 mai dernier, le Directeur général du FMI est arrêté brutalement à New York par la police américaine qui le soupçonne d’agression sexuelle sur une femme de chambre.
Si le scandale éclate un peu partout dans le Monde, il explose en France où Strauss-Kahn se préparait pour les primaires du Parti Socialiste.
DSK est incarcéré, malmené par les médias qui dévoilent ses penchants particuliers envers les femmes victimes à ce qu’on dit depuis longtemps, de harcèlements constants et répétés.
En résumé, l’affaire Strauss-Kahn prend de telles proportions qu’elle met en porte à faux le PS, alors que l’acte reproché à DSK n’a aucun caractère politique.
Tout à coup, l’Elysée respire … et Nicolas Sarkozy est considérablement soulagé de voir s’éliminer la plus dangereuse des candidatures présidentielles.
Immédiatement, Dominique Strauss-Kahn est contraint de démissionner de son poste de Directeur du FMI, ce qui laisse entrevoir à la majorité présidentielle et en particulier au Président Sarkozy, une nouvelle chance également inespérée, celle de voir succéder à DSK à la tête du Fond Monétaire International, Christine Lagarde, Ministre de l’Economie et des Finances, très proche du Chef de l’Etat. Le 28 juin, ce projet ce réalise à la grande joie de l’Elysée et de tous les amis de Nicolas Sarkozy.
Un Parti Socialiste fragilisé …
Les primaires du Parti Socialiste sans DSK, voilà qui n’arrange pas les affaires du PS qui voyait en Dominique Strauss-Kahn, l’homme capable d’assurer l’alternance.
Et aujourd’hui, le Parti Socialiste essaie de trouver difficilement une voie positive en s’efforçant de constituer l’union indispensable pour gagner les présidentielles. Les divergences sont toujours présentes et les problèmes existant entre les différents leaders risquent de s’accentuer au fil des prochaines semaines.
Comment Nicolas Sarkozy gagnera les élections
En toute objectivité, Sarkozy partait nettement perdant voici quelques mois encore. Son impopularité était telle que personne ne pouvait croire à une réélection possible.
Aujourd’hui, les données sont différentes. Le Président Sarkozy s’impose sur la scène nationale et internationale.
Débarrassé de Dominique Strauss-Kahn au plan politique et au niveau du FMI, il domine la situation, particulièrement en ayant réussi de faire nommer Christine Lagarde à la tête de cette institution.
Il va de soit que ce choix est très important pour la France. Anciennement ministre de l’Economie et des Finances, devenue dirigeante du Fond Monétaire International, elle représente le rempart des problèmes que pourraient subir la France dans les prochains mois, d’autant plus qu’elle reste l’une des plus proches relations du Président sortant.
Dans une logique politique, Nicolas Sarkozy démontrera en temps utile qu’il a été toujours à la hauteur des évènements, et qu’il pourra encore faire progresser la France grâce à ses attaches et ses contacts très privilégiés au sein des organisations internationales. Une situation qui ne devrait pas laisser indifférent les électeurs qui espèrent encore un changement pour la France, mais surtout une stabilité économique et sociale.
Bien évidemment, les citoyens ne sont pas contents de la politique menée par Nicolas Sarkozy.
Mais étaient-ils satisfaits de celle de François Mitterrand ou de Jacques Chirac quand ces derniers ont brigué un second mandat ? Certainement pas. Mais dans sa majorité, l’électorat français a préféré confier à nouveau le pouvoir à des hommes qui paraissait crédibles pour conduire et gérer les affaires de la Nation.
Prendront-ils donc le risque de confier la France à Martine Aubry, à François Hollande ou à Marine Le Pen ? Cela semble peu probable en raison d’un manque d’expérience de ces candidats aux affaires de l’Etat.
Assurément, Nicolas Sarkozy a fait ses preuves parfois positivement, souvent négativement suivant les cas, mais en évidence, il sera réélu en mai 2012.
Pierre-Alain Reynaud