Quel avenir pour LR et le FN après Macron ?
par Laurent Herblay
lundi 7 août 2017
La grande droitisation économique de Hollande a sans doute contribué à permettre l’élection de Macron, en faisant exploser le PS, dont une partie a suivi le président, ne laissant plus qu’un croupion coincé entre la majorité au pouvoir et LFI, probablement sans espoir de se redresser. Mais La République En Marche n’est pas sans poser de grosses difficultés à son opposition de droite.
Quelle ligne et quelle dynamique pour ce mandat ?
Quatre questions se posent aux deux grands partis de la droite : quelle ligne économique, quelle ligne sur les questions de société, quelle ligne sur l’Europe et les questions de souveraineté, et quelle ligne sur une éventuelle alliance entre les deux partis ? LR restera probablement fermé à toute alliance, tant que la droite traditionnelle reste puissante électoralement. Sur les questions de société, il est bien évident que LR et FN resteront à droite du gouvernement, même si la remise en cause de la loi Taubira ne semble pas à l’ordre du jour. En revanche, sur l’immigration, on peut imaginer que LR va raidir sa position pour essayer de contrer le FN, malgré le bilan du mandat de Sarkozy dans le domaine.
Si la ligne de LR ne fait guère de doute sur l’Europe (continuité) et l’économie (à droite de Macron, dans un suivisme qui ne craint pas le ridicule), en revanche, la ligne du FN semble assez ouverte, comme l’a montré le séminaire d’il y a quelques jours. Depuis 2012 déjà, le parti lepéniste s’est significativement redroitisé sur l’économie et ne fait plus du souverainisme monétaire, pourtant essentiel, « un préalable » à sa politique. Le FN ne fait pas mystère de la remise en question de la position sur l’euro, qui pourrait devenir le bouc-émissaire commode des résultats en demi-teintes de 2017. Un tel aggiornamento pourrait aussi faciliter la porosité avec l’électorat LR, malgré leurs différences.
Car, après l’échec de 2017, le FN pourrait bien avoir la tentation de prendre LR en sandwich avec la majorité présidentielle. Une poursuite de la droitisation économique et de la modération des positions européennes réduirait les différences entre LR et le FN. Et avec une majorité qui mène une politique très proche de celle des dits Républicains, LR n’aurait plus d’espace politique, devenant trop proche de la majorité actuelle pour pouvoir incarner une véritable opposition. LR suivrait alors le chemin du PS, la frange modérée finissant par être intégrée dans la majorité présidentielle, et la frange plus droitière n’ayant plus comme choix que la marginalité ou l’alliance avec le FN. D’ailleurs, on peut penser que ceux qui prônent une alliance de la droite et du FN veulent surtout faire disparaître LR, au profit du FN….
Dans le contexte actuel, et avec une majorité qui mène une politique très à droite, Les Républicains sont le maillon faible de notre paysage politique. Macron a tout intérêt à favoriser un tripartisme où il serait en position centrale et absorberait la frange dite constructive de LR. Et le FN pourrait solidifier sa position en parvenant à incarner l’opposition de droite à la politique actuelle. Il va sans dire que pour moi, ces questions sont totalement anecdotiques car je ne crois que la question qui se pose aujourd’hui soit de choisir entre la gauche ou la droite, cette façon de voir ne produisant qu’une fausse alternance. Pour moi, le seul débat qui vaille est celui entre partisans et opposants à l’UE et l’euro.