Quelle stratégie pour le candidat François Hollande ?
par Pelletier Jean
mardi 10 janvier 2012
Nous sommes à presque 100 jours du 1er tour de l’élection présidentielle. Inutile de dire que nous rentrons dans une période sérieuse où tout va se jouer. Les sondages commencent à prendre un tour intéressant. Les actes et les actions des candidats vont peser lourd dans le vote des français.
Surfer sur le mécontentement.
De fil en aiguille on devine que la stratégie actuelle de François Hollande, à l’instar du nouveau premier ministre espagnol, serait de bouger le moins possible en se contentant de surfer sur la vague de mécontentement à l’égard de Nicolas Sarkozy. Après plusieurs annonces comme quoi le candidat socialiste allait présenter son programme, on repoussait les déclarations à un peu plus tard. Tout le monde attend le grand meeting national en région parisienne du 22 janvier, comme le point de départ de la campagne et certaines indiscrétions laissent entendre que, non décidemment, François Hollande allait rester sur ses gardes et se contenter d’un discours très politique d’orientations, ciblé sur le bilan du Président sortant. On sera vite fixé. Cette stratégie a ses adeptes. Pour eux, il faut laisser Nicolas Sarkozy s’épuiser dans son agitation actuelle, s’empêtrer dans ses contradictions, le projet de taxation des transactions financières en est un bel exemple ; en 1999 Nicolas Sarkozy n’avait pas de mots assez durs pour fustiger les partisans de la taxe Tobin ; il prédisait en cas d’adoption des dizaines de milliers de licenciements. La brusque volte face à quelques semaines de l’élection pourrait fâcher les français, même chose pour la TVA dite « sociale » sortie du chapeau au dernier moment. Les ficelles sont très grosses.
L’implacable bilan ferait le reste, il suffirait à François Hollande de faire miroiter son option politique comme la garantie d’une politique plus rigoureuse, respectueuse des forces sociales du pays, plus « normale » pour convaincre les français de voter pour lui. Au passage il éviterait dans une période de tous les dangers économiques de faire des promesses qui le placeraient dans une position fâcheuse une fois arrivé au pouvoir.
Redynamiser la campagne avec un projet clair et structuré.
L’autre stratégie réclamée à corps et à cri par certains militants de gauche consisterait, face à l’agitation du candidat de l’UMP, à lui opposer un projet, une vraie alternative qui aurait le mérite de fédérer plus facilement l’ensemble de la gauche au deuxième tour et une partie du centre. Cette option dynamique, éclairant l’avenir permettrait au candidat socialiste de peser dans les débats, comme étant celui qui a réfléchit à la crise, en intégrant les angoisses majeures des français sur l’emploi, les retraites, le système de santé et l’éducation.
Dire que le PS n’a rien préparé et ne serait pas en mesure de faire des propositions est une sottise ; il y a le laboratoire d’idée animé par Christian Paul qui regorge de propositions, il y a plusieurs clubs qui ont réfléchit, par exemple sur un point important du programme, le nerf de la guerre : la fiscalité. Il y a autour du candidat de nombreuses équipes par dossier qui travaillent depuis de semaines et qui sont composés de femmes et d’hommes compétents. Ainsi sur tous les sujets brûlants et qui préoccupent fondamentalement les français, il est intellectuellement possible de dresser une barrière idéologique qui tracera correctement la ligne rouge entre une politique de droite et une politique de gauche.
Cette option, outre le fait d’être intellectuellement séduisante, a le mérite de l’honnêteté et l’avantage de réhabiliter la vie politique, ses institutions et les femmes et les hommes qui contribuent à la faire vivre.
Dans quelques jours nous serons fixés sur l’orientation choisie par François Hollande et le sort de la campagne sera sans doute très vite joué.