Qui de Ségolène ou de Martine a gagné ?

par Aimé FAY
jeudi 27 novembre 2008

Il y a deux ans, elle faisait 60 % sans être vraiment connue. Aujourd’hui, elle fait encore 50 % malgré tout un parti contre elle. A-t-elle vraiment perdu ? Il y a deux ans, bien que très connue, elle poursuivait sa traversée du désert. Aujourd’hui, en faisant elle aussi 50 % et quelques voix, elle hérite du PS. A-t-elle vraiment gagné ?
Il faut bien reconnaître qu’ils n’ont pas réussi à l’abattre. Ils … les barons du vieux PS qui croient encore pouvoir être compétitifs en 2012. Ils ont bien pensé mettre Delanoë pour lui barrer la route mais, l’homme qui devait l’emporter dès le premier tour, n’a finalement fait que 24 % et Ségolène 29, contre toute attente. Puis, le champion de Jospin abandonne, lui aussi, le navire en pleine tourmente à Reims. Et, il le laisse à Martine, seule femme susceptible de terrasser la Ségolène. Que nenni, malgré un front uni de près de 70 % du PS, elle fait jeu égal à 50 / 50. Et, sans la menace d’annuler le vote de la Guadeloupe pour problème d’horaire des bureaux, Ségolène aurait gagné.
 
Aujourd’hui, le parti est au bord du gouffre et c’est Martine qui en hérite. Peut-être malgré elle. Ce n’est pas vraiment un cadeau ! Elle va devoir faire les multiples travaux d’Hercule, notamment :
 
1° définir une ligne politique conforme à celle dictée par ses mentors nonistes européens et ceux partisans d’un PS vraiment à gauche avec interdiction des licenciements boursiers.
 
2° passer ses journées dans le cambouis, souvent nauséabond et magouilleux de Solférino, en évitant que les vieux qui croient toujours être présidentiables, lui disent ce qu’elle doit faire ou plutôt, lui mettent des peaux de bananes sous les semelles. Pour beaucoup, Martine n’aurait été qu’un cheval de Troie pour contrer Ségolène. L’abandon de Delanoë factice ? Alors, Martine femme de paille ?
 
3° ne pas se mettre Ségolène, son équipe et ses militants à dos. Car, sans eux point de possibilité pour battre Bayrou en 2012 et d’accéder au deuxième tour.
 
4° travailler tous les dossiers, jamais abordés par Hollande, pour apporter la contradiction à Sarkozy sur le mini-traité européen, le travail le dimanche, la retraite à 70 ans, les délocalisations et licenciements boursiers, la relance de l’économie avec suppression des cadeaux faits aux plus riches en juillet 2007, etc, etc, sans oublier notre engagement désastreux en Afghanistan où même le ministre de la guerre et de la défense, ne sait pas très bien expliquer pourquoi nous y sommes.
 
Tout compte fait, Ségolène semble bien, très bien là où elle est. Elle va pouvoir peaufiner sa stratégie pour 2012. Elle pourra apporter en même temps la contradiction à Sarkozy et même au PS – sans nommer Martine, cela ferait mal –, si le parti ne va pas dans la voie qu’elle juge intéressante pour elle.
 
Alors, Martine a-t-elle vraiment gagné d’accepter d’être la patronne du Parti socialiste pour les trois prochaines années ?
 
Martine n’aura gagné que si elle conduit son camp à la victoire en 2012. Et, pour cela, sa meilleure alliée sera sûrement Ségolène, comme elle le découvrira dans les prochains mois. Car, l’une étant un peu au centre et l’autre un peu à gauche, n’y a-t-il pas là un ticket magique, gagnant(e) / gagnant(e) pour 2012 ?

Photo : Reuters et AFP

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