Qui peut encore être favorable à la réforme des retraites ?

par Michel DROUET
lundi 27 janvier 2020

61 % des Français interrogés (sondage Elabe) se prononcent pour le retrait de la réforme.

Le Conseil d’Etat a donné un avis défavorable au texte qui lui a été adressé. Il parle de « dispositions contraires à la constitution » et d’un recours aux ordonnances qui « fait perdre la visibilité d’ensemble ». Enfin, il déplore des « projections financières lacunaires ».

La fuite en avant

Le gouvernement a choisi d’ignorer tout cela et s’apprête à déposer le projet devant le Parlement.

Delevoye, avant d’être rattrapé par les affaires, avait bien rempli sa mission en endormant le bon peuple pendant deux ans et ce n’est que depuis septembre dernier que les français, devant l’incapacité du gouvernement à fournir des simulations fiables et des garanties sur l’évolution de la valeur du point se sont engagés dans la contestation de cette réforme. Ils reçoivent aujourd’hui l’appui du Conseil d’Etat, ce qui n’est pas rien.

« Nous avons le meilleur système au monde, pourquoi en changer ? »

Cette parole de manifestante est loin d’être majoritaire dans les médias où la tonalité est largement différente. Pas besoin de faire un dessin lorsqu’on écoute les chaînes d’info en continu avec leurs journalistes et invités en quasi-totalité acquis à la « réforme » qui reprennent en boucle la « nécessité de justice » pour expliquer que les 1000 euros minimum de pension mensuelle sont un progrès considérable, alors même que les patrons de ces médias, champions du casino mondial, alignent dans le même temps des revenus indécents.

Pour faire bonne figure, on invite les français à être « responsables » et à « rompre avec l’autodénigrement » (Dominique Seux) et quand il faut enfoncer le clou on convoque et on instrumentalise des célébrités : « la France est peuplée de gens persuadés qu’ils vivent en enfer » (Sylvain Tesson) ou bien encore Jean Louis Etienne : « Les Français se plaignent la bouche pleine. Il y a de nombreux pays où la visibilité ne dépasse pas une semaine ».

Ces remarques, pleines de bon sens, a priori, et surtout trop généralistes, ignorent la situation de plus en plus de nos compatriotes qui vivent un enfer dès le 10 du mois, et le profond besoin de justice sociale qui anime les français. Elles émanent de personnalités qui ont eu des trajectoires de vie particulières.

Lorsqu’on veut culpabiliser un peu plus, on rappelle que le mot retraite évoque l’idée de se retirer, de quitter un champ de bataille : « On bat en retraite lorsqu’on risque d’être vaincu parce qu’on n’a plus la force de combattre ». On montre aussi du doigt les retraités qui profitent de la vie en consommant autant qu’ils le peuvent et dont la responsabilité serait évidente en matière de pollution.

En conclusion, ce serait bien que les actifs d’aujourd’hui acceptent de travailler davantage (ou d’être au chômage un peu plus longtemps), d’avoir la décence de mourir rapidement ensuite, ce qui règlerait d’un coup un éventuel problème de financement des retraites et de la dépendance, pour le bien d’une minorité de riches ou de faire valoir acquis à leur cause, qui pourront bénéficier des bienfaits de l’allongement de la vie à leur profit exclusif, définition du libéralisme appliqué à la durée de vie.

Sur quoi repose cette réforme ?

Ne vous laissez pas intoxiquer, il ne s’agit pas d’une faillite financière éventuelle du système. Les richesses ne cessent de croître, mais le problème est devenu la question de la répartition de ces richesses. Les riches ne sont pas « partageux », ils le font savoir et utilisent toutes les ficelles possibles, de l’optimisation fiscale en passant par l’évasion fiscale ou l’extraterritorialité qui permettent d’échapper à l’impôt et donc à la solidarité, mais facilitent le mécénat ou les dons phénoménaux pour la reconstruction de Notre Dame de Paris, moyen de se racheter une bonne conscience auprès d’un éventuel créateur, non pas de richesses, cette fois, mais de vie éternelle.

Comme notre système est le « meilleur du monde », la comparaison avec certains pays européens a bien évidemment toute sa place puisque le pourcentage (13,8%) de la « richesse nationale produite » est bien entendu plus élevé en France qu’en Allemagne, par exemple.

La face cachée de cet argument est limpide : la « richesse nationale » doit aller en priorité aux riches, seuls capables de décider de ce qui est bien pour ceux qui la produisent. CQFD.

La France est donc en première ligne et le gouvernement acquis dogmatiquement ou financièrement à cette cause fait le lit de ce futur système. Et comme il faut bien mettre en avant des arguments de « solidarité » pour vendre sa réforme, le gouvernement, à coup de simulateurs qui ne simulent rien, sauf son incurie et sa duplicité, s’évertue au travers de « cas types » à démontrer que personne n’y perdra, voire que beaucoup y gagneront, ce qui est totalement contradictoire avec l’objectif de plafonnement des retraites à moins de 13.8 % de la richesse nationale produite…. Cherchez l’erreur,

D’autres objectifs cachés ?

De nouvelles professions (agriculteurs, indépendants,…) vont rejoindre un « régime universel » qui ne l’est déjà plus, et dans le futur, les français partis travailler à l’étranger et qui se constituent des retraites par capitalisation qui ne manqueront pas un jour ou l’autre de faire faillite, seront également, au nom de la « solidarité », réintégrés dans le « système universel » français sans y avoir cotisé. Ce nouveau périmètre de bénéficiaires actuels et futurs, impactera bien évidemment, à la baisse, la valeur du point contrainte par le non partage des « richesses ». Les retraites sont donc amenées à diminuer dans le futur.

La suppression des régimes spéciaux « mauvais », non pas parce qu’ils coûtent cher, mais parce qu’ils concernent des professions aux fortes capacités de blocage en cas de grève, fait partie du projet. Ainsi muselés, tous les salariés pourront donc se consacrer à la tâche qui leur sera assignée, produire le plus longtemps possible des richesses pour les autres.

Et si en plus vous aviez la bonne idée de mourir rapidement après votre vie laborieuse, ce serait parfait !

 

61% des français plus le conseil d’Etat sont contre cette réforme.

62 % des français sont déçus par Macron

75 % des français estiment que la situation du pays ne s’est pas améliorée depuis l’arrivée de Macron.

82 % des français disent que rien n’a changé pour leur situation personnelle

Vous êtes de plus en plus à faire état de votre scepticisme et de votre opposition à Macron qui sera bientôt le plus grand désastre industriel de la Vème République.

Vous réfléchissez, vous vous informez, vous avez changé votre regard sur la politique et surtout vous ne vous laissez plus intoxiquer par la propagande gouvernementale et les médias acquis à sa cause.

Vous êtes plus nombreux que ceux qui prétendent savoir et qui veulent nous contraindre.

Continuez !

 


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