Rama Yade suit Jean-Louis Borloo sans états d’âme

par Paul Moffen
mardi 12 avril 2011

L’ambassadrice de l’UNESCO quitte, elle aussi, l’UMP. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, elle affirme ne plus « se reconnaître » dans ce mouvement populaire. La radicalisation du discours sur l’identité nationale et les propos de Claude Guéant – sans le nommer – lui ont donné l’impression de ne plus avoir sa place au sein de la majorité. D’être comme une « étrangère » à l’intérieur de ses propres terres. Dérangée par une doctrine racialiste « décomplexée » qui, par son opiniâtreté thématique, se serait imposée à l’Elysée, elle préfère donc suivre une autre voie. Une conception plus « ouverte » de la nation française, courant incarné, aujourd’hui, dit-elle, par Jean-Louis Borloo, le centriste qu’elle n’hésite pas à comparer – à demi mots – à Ernest Renan. Non, elle ne regrette rien !

Son départ n’a pas suscité de commentaires particuliers à Matignon. Il est vrai que Rama Yade a occupé une place à part sur l’échiquier politique. En disgrâce, malgré une popularité bien ancrée, elle était devenue un boulet pour les sarkozystes trempés. Certains verront, par cette sortie, la preuve de son instabilité, voire, un opportunisme sans lois où l’insolence l’emporte sur la loyauté.

En revanche, d’autres se demandent, perplexes, pourquoi l’ancienne secrétaire d’État chargée des Sports a tant tardé à larguer les amarres, à rompre avec ses « amis ». Les slogans du candidat Sarkozy en 2007 ne laissaient pas augurer une France ouverte et sereine, sauf surdité ou arrière pensées. « La France, aimez là ou quittez là. »

Les honneurs, les projecteurs, suffisent-ils à expliquer ce cheminement qui a fait d’elle une icône de l’ouverture, jadis ? A moins que l’ambassadrice, esseulée, loin « des organes exécutifs » (sic) et des micros, n’ait réalisé le subterfuge de son ascension médiatique. Son instrumentalisation à des fins communautaristes par le chef de l’État pour séduire un électorat afro-antillais et chasser sur les terres « naturelles » de la gauche… La protectrice auto-proclamée des « minorités ».

La distance éveille souvent la lucidité.


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