Réforme de la constitution : entre terre brûlée et gadgets d’oligarques
par Laurent Herblay
samedi 14 avril 2018
Baisse de 30% du nombre de parlementaires, dose de 15% de proportionnelle aux législatives de 2022 : la majorité ne prend pas trop de risques, avec des idées plutôt populaires. Mais, après le changement des règles aux élections européennes, elle change aussi un peu trop souvent les règles en sa faveur, comme un vulgaire régime autocratique ou une démocratie bien malade.
Des règles sur mesure… pour la majorité de Macron
Que dirait cette même majorité si certains pays changeaient les règles électorales ? Bien sûr, la baisse du nombre de parlementaire et l’introduction d’une dose de proportionnelle peuvent paraître assez anodins, voir même être de bonnes idées, le moyen de faire des économies et d’améliorer la représentativité de nos représentants. Cela emprunte sans vergogne le discours austéritaire qui sévit dans le public et le privé. Mais au global, ces idées sont néfastes. Car la réduction de près de 50% le nombre de circonscriptions va surtout permettre à la majorité en place de rebattre les cartes à sa guise : comment croire une seconde que le dessin des nouvelles circonscriptions sera équitable ?
En outre, cette division par deux du nombre d’élus en circonscription va éloigner les élus de leurs électeurs puisqu’ils devront couvrir un territoire deux fois plus grand, et qui aura été redessiné, cassant les liens créés avec le temps, faute à un bougisme intéressé. LREM, à l’implantation récente, et au nombre limité de figures établies y gagnera d’autant plus qu’elle va envoyer à la retraite certains élus bien implantés. Bref, difficile de ne pas voir gros comme le nez au milieu de la figure que cette réforme sert avant tout les intérêts de la majorité, trop intéressée par la réforme. Et n’est-il pas étrange d’avoir deux classes de députés, ceux qui auront une circonscription, et les autres, les hiérarques ?
Bref, ici encore, LREM ne pense qu’à ses intérêts, sans jamais se soucier de ceux des Français ou du bon fonctionnement de la démocratie. Mais est-ce vraiment surprenant après la réforme du mode de scrutin et du temps de parole pour les élections européennes. Si les listes nationales ont probablement plus de sens, elles servent aussi un parti sans implantation locale forte, ce qui entretient le procès en juge et partie… Pire encore, Marianne révélait il y a quelques mois une subtilité révoltante apportée aux règles de temps de parole, qui va augmenter celui de LREM de plus de 100%, tout en pénalisant celui des autres partis, et qui a même été critiqué par le Conseil d’Etat, sans réaction de la majorité.
Bref, les pratiques démocratiques de Macron sont proprement détestables. Depuis qu’il est au pouvoir, il ne cesse de changer les règles de notre démocratie, toujours en faveur de ses troupes, comme un vulgaire dirigeant autocrate. Et dire qu’il ne cesse de se donner en exemple. A nous de nous en souvenir et de le sanctionner lors de toutes ces élections qu’il aura biaisées en sa faveur…