Réforme des retraites : la choquante stratégie de La France Insoumise

par Fergus
mercredi 5 février 2020

21 759 amendements au projet de loi portant sur la réforme des retraites ont été déposés par les députés de tous bords. 19 357 – près de 89 % ! – l’ont été par les seuls élus de La France Insoumise. Une aberration qui ne manque pas de consterner, jusque dans les rangs des électeurs de ce mouvement…

Emmanuel Macron avait promis d’en finir avec les pratiques de l’« ancien monde » politique. Or, force est de constater que cet « ancien monde » n’a pas disparu, à en juger par les comportements des ministres et des députés de la majorité présidentielle, doigt sur la couture du pantalon (ou de la jupe) et éléments de langages formatés aux lèvres. Entre les membres du gouvernement, aux ordres de l’Élysée et de Matignon, et les élus LREM de l’Assemblée nationale, plus « godillots » que jamais comme vient encore de l’illustrer le scandaleux retoquage de la proposition parlementaire visant à porter à 12 jours le congé des parents d’un enfant mort, l’« ancien monde » est même plus présent, et plus toxique, que jamais.

C’est dans ce contexte que s’est ouvert le débat parlementaire sur le projet de réforme des retraites qui – à juste titre, tant il est porteur d’injustices sociales – a mis à plusieurs reprises des centaines de milliers de Français dans les rues et dont les dispositions continuent d’être rejetées par une large majorité de nos concitoyens.

À ce jour, ni la durée exceptionnelle des grèves, ni la répétition de manifestations massives n’ont suffi à faire reculer l’exécutif. Même l’avis très sévère qu’a formulé le Conseil d’État – pourtant peu suspect de « gauchisme » – sur ce projet si mal construit et si porteur d’iniquité a été impuissant à enrayer la volonté de Macron et de ses complices en néolibéralisme assumé d’aller plus avant dans la casse du modèle français hérité des travaux du Conseil National de la Résistance. C’est donc, pour l’essentiel, à l’Assemblée nationale que va désormais se jouer le bras de fer entre des gouvernants arc-boutés sur leur projet et des opposants déterminés à faire entendre la voix de l’humanisme, par trop étouffée par celle du cynisme dans une République qui dérive dangereusement vers l’autoritarisme.

D’ores et déjà, socialistes et communistes ont élaboré des amendements de fond en vue de tenter d’améliorer dans le sens de la justice sociale un texte de contreréforme si manifestement préjudiciable aux intérêts de la majorité de nos compatriotes. Tel n’a pas été le choix des élus de La France Insoumise qui, dans le sillage de Jean-Luc Mélenchon, ont décidé d’« utiliser toutes les armes possibles pour retarder la décision finale. » Ce faisant, les députés LFI ont fait le choix de noyer leurs propres amendements de fondAdrien Quatennens affirmait mardi matin sur France Inter qu’il y en a ! – dans une déferlante d’amendements sans le moindre intérêt. But de l’opération : empêcher la Commission des Lois de terminer ses travaux pour le 17 février, date prévue d’arrivée en séance plénière des 65 articles de loi ordinaire et des 5 articles de loi organique que comprend le projet de réforme des retraites.

Dans de telles conditions, il est possible que La France Insoumise parvienne effectivement à retarder de manière significative les travaux de l’Assemblée nationale. Mais pour quel bénéfice, sachant que le texte sera bel et bien voté, fût-ce avec quelques semaines de retard, par les députés de la majorité ? Et surtout à quel prix, en termes d’image démocratique ? Mesdames et Messieurs les députés de La France Insoumise se rendent-ils compte qu’à l’instar de Macron et ses amis, ils offrent l’un des visages les plus laids de l’ « ancien monde » qu’ils accusent le président et ceux qui le soutiennent de n’avoir pas quitté.

Ces batailles d’amendements stériles, aussi vaines que puériles, devraient, tout comme le recours à l’article 49.3 qui leur a si souvent répondu, être définitivement bannies des pratiques parlementaires. Il en va du respect de la mémoire de ceux qui, de haute lutte, ont conquis le droit pour le peuple d’être représenté dans la dignité et pas dans la pantalonnade !


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