Régionales : du bleu marine au rose et bleu

par Laurent Herblay
lundi 14 décembre 2015

Dimanche dernier, c’est le FN qui avait viré en tête au premier tour dans le plus grand nombre de régions. Hier, avec un fort sursaut de la participation, les Français ont partagé assez équitablement les régions entre les « socialistes » et les « républicains », sans rien pour la famille Le Pen. Qu’en penser ?

 
Le parti qui rend les idées qu’il touche minoritaires
 
Bien sûr, les partisans du FN pointeront la progression du nombre de voix, qui battrait le record enregistré en 2012 par Marine Le Pen aux présidentielles, ou celle du pourcentage de voix rassemblées hier (autour de 30%), qui plus est, face à l’opposition de la totalité de la classe politique. Mais libre à eux de fermer les yeux sur les raisons qui font que le premier parti de France au premier tour (de peu, cependant), ne parvient pas à gagner la moindre région. En outre, ce n’est pas comme si le choix des électeurs avait été hésitant puisque si le FN était arrivé très largement en tête en PACA et dans le Nord, avec une quinzaine de points d’avance, il a été laminé au second tour, en terminant plus de 10 points derrière la droite dans les trois régions où on pensait qu’il pouvait l’emporter. La majorité a parlé, clairement.
 
 
Hier, les électeurs ont confirmé le jugement des élections départementales, à savoir que si notre vie politique est dominée par les trois premiers partis (qui rassemblent une part grandissante des voix), une forte majorité de la population refuse absolument de confier la moindre responsabilité au FN. Et des citoyens qui n’avaient pas jugé nécessaire de voter le 6 décembre se sont déplacés, en grande majorité pour faire barrage à ce parti qui rassemble contre lui une majorité de la population, du Nord au Sud-Est. Ses partisans préfèreront sans doute faire comme les politiciens qu’ils critiquent et refuseront de voir cette évidence en se retranchant dans une argumentation digne de la langue de bois d’un Jean-François Copé ou d’un Manuel Valls. Mais le bilan de ce second tour démontre que le plafond de verre est solide.
 
Le plan de François Hollande pourrait fonctionner
 
Bien sûr, les Républicains peuvent se dire satisfaits de reprendre la majorité dans une majorité des régions. Ils virent en tête dans sept régions métropolitaines sur douze. Néanmoins, cette victoire est étriquée, et sur trois des régions, la victoire vient tout de même en partie du soutien de la gauche, sans lequel la triangulaire pouvait aboutir à une victoire du FN. Certes, la victoire de Valérie Pécresse en Ile de France permet au parti de Nicolas Sarkozy de terminer avec un bilan supérieur à celui de la majorité. Il faut dire que les déclarations outrancières de Claude Bartolone en fin de campagne et l’absence de menace du FN ne l’ont pas aidé. Mais au final, il faut bien reconnaître que la carte de France laisse apparaître un assez bon bilan pour le PS, avec notamment les victoires dans le Centre et en Bourgogne.
 
Après trois défaites cuisantes aux municipales, aux européennes, puis aux départementales, le bilan de ces élections régionales, malgré un fort recul, montre un resaissement de la majorité actuelle, qui s’approche de la seconde place, dont elle était très loin il y a quelques mois, et qui est capable de l’emporter sur une large partie du territoire, d’autant plus que la défaite a été très juste en Normandie ou en Ile de France. En outre, ces élections renforcent la stratégie de François Hollande sur plusieurs aspects. D’abord, elles pourraient pousser une grande partie de la gauche à faire l’impasse au premier tour des présidentielles pour éviter le cas du PACA ou du Nord en 2017, facilitant sa qualification. Et, en allant à droite, le président pousse les Républicains à virer plus à droite encore, sans doute une impasse.
 
Malheureusement, le résultat de ces élections signe aussi une impasse démocratique temporaire car notre pays reste coincé entre deux partis responsables de l’échec des dernières années du fait d’une opposition qui s’incarne principalement dans un parti suffisamment repoussant pour être rejeté par une nette majorité des citoyens. Malheureusement, le changement, ce n’est pas pour maintenant.

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