Régionales en IDF : au Front de Gauche, tous candidats !

par Fergus
lundi 29 juin 2015

À quelques mois des Régionales en Île-de-France, on se demande quelle mouche a piqué les caciques du Front de Gauche : après Éric Coquerel pour le Parti de Gauche et Clémentine Autain au nom d’Ensemble, c’est Pierre Laurent qui, à son tour, vient d’annoncer sa candidature pour le compte du Parti Communiste...

Du côté du Front de Gauche, l’on regarde avec envie la forte progression enregistrée en Espagne par Podemos et ses alliés au détriment du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol). Une progression récemment récompensée par la spectaculaire conquête des mairies de quatre des cinq plus grandes villes du pays, dont la capitale espagnole et celle de la plus puissante de ses provinces : Barcelone, Madrid, Saragosse et Valence. Une réussite qui laisse augurer des résultats très positifs pour la gauche de progrès lors des prochaines élections générales prévues en décembre 2015.

Le problème est que trop de leaders des forces composant le Front de Gauche croient pouvoir incarner l’émergence d’un mouvement de même nature en France alors que Podemos est né d’un collectif citoyen antimondialisation conduit par le charismatique Pablo Iglesias hors du champ politique traditionnel.

L’illusion est si grande au sein de la gauche de progrès qu’il se murmure, ici et là, que Jean-Luc Mélenchon lui-même serait tenté par une aventure citoyenne hors du FdG dans l’optique de 2017. On marche sur la tête ! Comment Mélenchon, longtemps un apparatchik du PS, au point d’avoir été ministre du gouvernement de Lionel Jospin avant de se détacher de ses ex-amis de la rue de Solférino, peut-il en effet croire, ne serait-ce qu’un instant, qu’il pourrait incarner une démarche à la Podemos ? Ce n’est évidemment pas crédible.

Mais revenons aux Régionales et plus particulièrement au scrutin qui aura lieu en Île-de-France. Disons-le tout net : si aucune clarification n’intervient rapidement au sein du Front de Gauche, c’est une déconfiture électorale qui sanctionnera cette aberrante guerre picrocholine au sein des forces de la gauche de progrès. Et cela malgré la probable – et justifiée ! – déculottée d’un Parti Socialiste qui a renié son nom et les valeurs qui y étaient attachées, au point de se couper presque totalement des classes populaires. À moins de 2 ans de la Présidentielle, le signal donné aux électeurs en quête d’une véritable politique sociale débarrassée des questions d’ambitions personnelles, si polluantes dans notre pays, serait pour le moins désastreux et pourrait alimenter un peu plus la tentation du Front National chez les plus désemparés de nos concitoyens.

 

Les ambitions sous-jacentes de Pierre Laurent

Éric Coquerel, coordinateur du Parti de Gauche, Clémentine Autain, leader officieuse d’Ensemble, et Pierre Laurent, secrétaire national du Parti Communiste, tous candidats à la tête de liste des Régionales en IDF, c’est évidemment deux de trop. Mais si les deux premières candidatures sont basées sur une logique électorale peu suspecte d’être principalement guidée par l’ambition personnelle, tel n’est pas le cas de la candidature du troisième nommé – de surcroît déjà sénateur – dont on peut penser qu’elle vise à asseoir la notoriété du leader communiste dans l’optique de 2017. Car il ne faut pas s’y tromper : Pierre Laurent se sent pousser des envies de Présidentielle. Et cela en dépit d’un parcours politique pour le moins ambigu qui a largement discrédité son parti. Ajoutons à cela un discours certes pertinent sur les difficultés des classes populaires, mais ô combien desservi par un personnage falot au charisme inexistant.

Le plus étonnant est que Pierre Laurent espère faire croire à une démarche collective favorable à un Front de Gauche revu et corrigé à la sauce Podemos par la seule grâce de son engagement. Qui peut sérieusement croire cela ? Car il est évident que ce qui se joue là n’est rien d’autre qu’une pièce pathétique ayant pour thème l’ambition personnelle versus l’intérêt collectif. Pierre Laurent est bien décidé à faire accepter à Clémentine Autain et à Éric Coquerel de manger leur chapeau en lui cédant la tête de liste sous l’étiquette Front de Gauche. Que ces deux-là cèdent ou se maintiennent, cela se traduira par un échec : dans le premier cas, en lien direct avec la personnalité équivoque de la tête de liste ; dans le deuxième cas, du fait de l’émiettement des votes.

Pierre Laurent avait, initialement, annoncé qu’il ne serait pas candidat à la tête de liste des Régionales en Île-de-France. Avant de se raviser pour servir ses ambitions. Puisse-t-il, une fois de plus, nous gratifier de l’un de ces reniements dont il a le secret pour revenir à sa parole initiale, le Front de Gauche ne s’en porterait que mieux ! 

 


Lire l'article complet, et les commentaires