Régionales : l’affaire Dray plombe la campagne de Jean-Paul Huchon
par chrisgalond
jeudi 3 décembre 2009
Peu sont les hommes et femmes politiques de la grande famille socialiste à s’afficher avec Julien Dray ces derniers temps. Le brave Jean-Paul Huchon n’est pas plus téméraire que les autres et a fermé la porte de ses listes régionales à son actuel vice-président ! Un lâchage qui sème la pagaille chez les socialistes franciliens qui s’en seraient bien passé.
Julien Dray vient d’être déclaré persona non grata par Jean-Paul Huchon sur les listes socialistes pour les élections régionales. L’information est finalement assez logique compte tenu de l’enquête en cours et du battage médiatique autour de l’ancien responsable de SOS Racisme. L’affaire fait pourtant grand bruit au PS où depuis quelque temps les élus prennent un malin plaisir à s’étriper sur la place publique.
Si la décision de Huchon semble assez légitime sur le fond, d’autant plus que l’élection risque d’être disputée, il y a à mon avis beaucoup de choses à dire sur la forme qu’a prise cette éviction.
Tout d’abord le retrait de Julien Dray ressemble à un lâchage (pour ne pas dire lynchage). Les électeurs n’apprécient pas toujours (ou en tout cas pas pendant très longtemps) les hommes politiques qui hurlent avec la meute médiatique.
Ensuite on peut se demander si l’ambiance au PS est si délétère qu’un président de région et l’un de ses vice-présidents ne puissent pas discuter sereinement d’une sortie de crise honorable pour les deux parties ? A moins que Dray ne se soit braqué, l’issue semblait inévitable et il aurait été plus sage de ménager les susceptibilités.
Finalement, l’impression la plus désagréable qui ressort de cette affaire, c’est peut-être celle d’une décision qui bafoue le principe de la présomption d’innocence et qui accuse de fait Julien Dray. Pas très sympa de la part d’un camarade de parti !
Je ne vais pas jouer aux oies blanches, tout le monde et moi le premier a considéré Julien Dray coupable dès que l’affaire est sortie dans les journaux. Et Dray n’est ni la première ni la dernière victime de cette machine médiatique à broyer les réputations. Mais Jean-Paul Huchon n’est pas Monsieur tout le monde et ses prises de position d’homme public pèsent. Invité lundi sur RTL, Jean-Michel Apathie lui a posé la question de la présomption d’innocence et le moins que l’on puisse dire c’est que les réponses de Huchon ont été confuses.
Pas mal de langue de bois pour un homme qui assume ses décisions. Et les mauvaises langues umpistes ont vite fait d’interpréter le malaise de Jean-Paul Huchon au regard de ses propres démêlés judiciaires et de sa condamnation en 2004 pour prise illégale d’intérêt et de reprendre le flambeau avec une de ces vidéos dont ils ont le secret : musique qui fait peur, sous-titres pour ceux qui auraient pas compris et le tout ficelé comme un gigot de mon boucher.
Si j’étais dans la peau de Jean-Paul Huchon, ce n’est pas les attaques de boy-scouts de l’UMP qui m’effraieraient. Ce serait plutôt d’avoir blessé un animal politique tel que Julien Dray. Ce n’est pas un perdreau de l’année et je ne crois pas qu’il ait la réputation d’être particulièrement tendre. En a-t-on fini des peaux de bananes lancées entre camarades ? Rien n’est moins sur. Et pour tout dire rien n’est moins réjouissant que ce spectacle dont on est inlassablement témoin semaine après semaine comme d’un mauvais rêve dont on ne se réveille pas.