Retraites : Cherchez le Choc !

par Croa
jeudi 17 juin 2010

Profitant d’un oubli général de l’Histoire, à propos des retraites Monsieur Sarkozy, sa bande et leurs médias (tous) nous ont entraînés avec un bluff effrayant dans l’impasse grossière du « choc démographique ». De ce slogan racoleur imposé aux consciences nous devrions nous méfier. Cette « com. » est tout sauf innocente et nous serions avisés de réfléchir un peu plus par nous-mêmes ! Ce, d’abord en revenant aux fondements : L’histoire de l’assurance retraite est une longue affaire complexe et tourmentée du fait, en particulier, des diversités professionnelles et statutaires. Ensuite parce en percevoir l’essence est à notre porté. Ainsi saurons-nous à quelles nécessités sociales devait répondre cet acquis. Cet article ne prétend d’ailleurs pas faire le récit de cette histoire ni même un résumé, il existe pour cela d’excellentes sources sur Internet. Il veut juste mettre les choses au point car c’est la démarche minimale à faire et donc la mienne !

Il y aurait un problème de retraites… Admettons ! Mais justifier une réforme à partir d’une supposée amélioration de l’espérance de vie c’est se tromper de problème et surtout méconnaître complètement l’essence même de ce qui a fait qu’un jour des citoyens humanistes ont institué une pension de retraite ! Bien poser le problème c’est revenir sur cette histoire. Nous devons d’abord savoir pourquoi il a été nécessaire d’exiger ce droit à une pension de retraite et ensuite bien appréhender quelle fut son utilité. Il nous faut également revenir sur les nécessités sociales ou économiques à laquelle elle a répondu. Au delà il sera légitime bien sûr de vérifier si elle répond encore aux problèmes humains du XXIe siècle et comment. D’évidence le problème actuellement posé est suspect, les fondements semblent ignorés et un seul paramètre paraît exister : la démographie (ou l’espérance de vie, ce qui est la même chose !) Alors qu’il ne s’agit là que d’un facteur technique facile à régler, sauf à y mettre de la mauvaise volonté, celle-ci, a été qualifiée d’explosive ! Leur slogan, « Choc démographique  » est-il vraiment détonant ? Des gens avisée le jugerait détonnant plutôt !
(Détonant : Qui fait Boum ! Détonnant : Décalé, absurde.)

Autrefois, lorsque les français étaient majoritairement paysans, plusieurs générations vivaient sous le même toit. Les travaux effectués en famille étaient partagés en fonction des aptitudes de chacun. Les jeunes avaient la force, les vieux le savoir. Les plus vieux étaient une charge de famille mais ils étaient aimés et respectés, donc accompagnés. Cela assurait une forme de solidarité proche entre gens se connaissant bien et sachant instinctivement ce qui les liaient. Une autre solidarité existait aussi depuis fort longtemps sous d’autres formes plus institutionnelles au sein de certaines communautés de métier. On rencontrait en particulier au sein des corporations un esprit de corps et une communauté d’intérêt qui allait également de soit. C’est ainsi que sont nées les premières caisses de pension. Parfois pas mal, elles préfigurent ce que sont aujourd’hui les "régimes spéciaux". Vint hélas l’ère industrielle pendant laquelle l’ouvrier, qui autrefois façonnait avec art et savoir, se vit remplacer par de simples opérateurs, véritables machines vivantes au service de maîtres pour lesquelles elles n’étaient qu’un coût, évidemment limité à l’usage qu’ils voulaient en faire ! Là encore il fallut innover et exiger un minimum pour les indésirables qu’étaient alors devenus les vieux bien que nous soyons plus ici dans l’assistanat minimal que dans l’assurance ! Au moins pouvait-on survivre lorsqu’on avait cette chance de vivre longtemps, ce qui n’était donné qu’aux organismes résistants ! Plus proche de nous (et encore présente,) l’ère de la mobilité à partir de laquelle les ménages se sont faits autonomes. Les générations qui déjà ne vivaient plus ensembles, se voyaient de moins en moins et il fallut encore innover socialement ! Une nouvelle solidarité, étendue à toute la société laborieuse, entre les générations était nécessaire. De plus, certains métiers rendaient malade, donc inapte et de plus en plus d’individus se retrouvaient parfois seuls avec leur problème (trop !). Bien avant d’être malade, ces travailleurs s’usaient. Une reconversion voire une cessation d’activité bien avant l’issue fatale ne pouvait être qu’une bonne chose. L’assurance vieillesse pour tous devint une réalité… aux multiples formes ! L’essentiel fut qu’elle exista et les formes de son application ne furent pas trop mal, la seconde moitié du siècle dernier en est témoin.


Nous arrivons aujourd’hui à une époque de forte productivité. Il faut maintenant très peu d’actifs pour nourrir tout le monde. Les milieux industriels, commerciaux et même agricoles proposent d’ailleurs peu de postes à la population et ce, de moins en moins ! Toutefois les actifs encore employés doivent être très performants. Il leur faut dès le départ un certain bagage intellectuel, acquis de plus en plus tard... Des savoirs également dépassés de plus en plus tôt ! Le rythme étant élevé, de nouvelles maladies du travail sont apparus compensant les usures plus physiques des métiers durs ayant disparus (mais qui demeurent encore par ci et par là.)
Alors qu’en conclure ? Indésirables de plus en plus tôt, la "Retraite" n’a jamais été aussi nécessaire à tous et plus encore aux jeunes séniors qui ainsi ne se retrouveront pas simplement sans rien ! D’évidence l’institution est aussi très utile aussi à l’organisation sociale, à la vie moderne et tout simplement aux humains. Elle offre à chaque âge une place utile, permet que personne ne soit largué et assure à tout moment de la vie une harmonie. La retraite n’est pas la fin, c’est un passage pendant lequel les séniors font autre chose que de la productivité, des choses non marchandes qui peuvent être très utiles car les vieux ont encore le savoir, comme avant. Quel tout petit village se trouvera un maire lorsqu’il n’y aura plus de retraités ? La seule différence par rapport à autrefois tient dans la manière du partage. Les associations remplacent la famille et le soutient s’organise souvent entre vieux !

Ces considérations faites, quel est le bon âge pour partir ? Près de la mort comme le suggèrent nos édiles et les journalistes ? Cherchez l’erreur ! Ou plutôt le sous-entendu : « Trop cher », est-ce donc cela ? Le chômage est-il gratuit, lui ? (Quoiqu’il en prenne aussi le chemin, hélas !) Élémentaire pourtant : Le bon âge de la retraite c’est QUANT ON NE VEUT PLUS DE VOUS au travail ! Vous me direz que cela dépend des métiers et vous aurez raison. Toutefois, globalement, après 50ans si vous n’êtes pas cadres cherchez bien quelles sont encore vos qualités : Vous êtes moins souple donc lent, bigleux et peu malléable (l’expérience n’est plus une qualité passé un certain seuil.) Là, soyons raisonnable : 55 ans ce ne serait pas mal.

Autres considérations revues, quelle doit être la durée de la vie active ? 37,5, 40, 41,5 années et plus ? C’est à dire de plus en plus ?  - Alors que les actifs sont appelés à être de plus en plus performants... ÊTES-VOUS FOUS ? Trente années sur lesquelles compter, voilà ce qui serait plus raisonnable en fait.

Le problème est donc posé à l’envers.
En allongeant les durées nécessaires pour valider un droit à la retraite nous ne pouvons que nous éloigner de plus en plus de la durée réelle de la vie active. Celle-ci tendant à devenir de plus en plus courte la manière est absurde. On voudrait détruire l’institution qu’on ne s’y prendrait pas autrement... D’ailleurs ce choix étrange nous éclaire sur la véritable finalité de "leur" réforme. Ce serait, parait-il « la seule solution »... étonnant non ? Et ces salauds ont l’audace de prétendre sauver la Retraite ! Quel culot, non mais, quel culot !

Dénoncer cette imposture serait d’utilité publique. Je vois déjà nos(?) porte-paroles journalistes et nos(?) élus, le Président en tête et tous grands amis des banques, pousser alors de hauts cris parce qu’on va ainsi forcément dépenser l’argent qu’ils veulent nous piquer (et qu’ils nous piquent déjà !) Pour eux cela n’est « pas possible »... Mensonges ! Ce qui ne l’est pas c’est de supprimer la pension de retraite, ce qu’ils sont en train de faire avec « leur solution » ! Maintenant si problème de financement il y a, (ce qui est possible après tout,) sachez que les moyens existent : il faudrait tout simplement faire cotiser les entreprises puisque ce sont elles qui profitent des gains de productivité. Ce d’autant que pour le moment ELLES N’ONT JAMAIS RIEN PAYE : La soi-disant "cotisation patronale" est prélevée sur le coût du travail et non pas sur les bénéfices, elle est donc payée aussi avec leur labeur par les travailleurs, lesquels se sont donc jusqu’à aujourd’hui tout payé, CQFD !
Pourquoi cette situation serait-elle intangible ?

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