Roselyne Bachelot, nouveau symbole du moulisme
par La Politique et moi
mardi 8 septembre 2009
La ministre de la Santé, qui vise la présidence de la région Pays de la Loire en 2010, n’entend pas remettre en cause pour autant son activité au sein du gouvernement Fillon. C’est l’occasion pour Maître Rodolphe Bosselut, avocat au barreau de Paris et chroniqueur régulier de l’émission « On refait le monde » sur RTL, de stigmatiser à nouveau le « moulisme » de la classe politique française, qui à l’image du mollusque marin reste désespérement accroché à son rocher électoral.
Xavier Bertrand avait pourtant averti sur Europe 1 le 31 août dernier : s’ils sont élus présidents de région en mars 2010, les ministres devront quitter le gouvernement. C’est selon lui "une question de respect des électeurs". Mais Roselyne Bachelot ne l’entend pas de cette oreille, et le 2 septembre dernier sur LCI elle décide même d’entrer en résistance, rapporte Libération :
« Le président de la République en décidera. Moi, ce que je sais, c’est que je suis tout à fait capable d’être à la fois ministre et présidente de région. [...] J’ai un certain nombre de collègues au gouvernement qui sont présidents de conseils généraux, qui sont maires de grandes villes et qui, je crois, font très correctement leur travail. [...] Ce n’est pas ce débat-là qui est important, le débat qui est important c’est le débat du projet que nous voulons pour une région, c’est le débat de l’équipe qui sera autour de moi pour faire vivre ce projet régional. Le reste est subalterne. »
Une fois de plus, le cumul des mandats est ainsi présenté comme un nuage de Tchernobyl politique : il n’est nocif que lorsqu’il s’approche des autres. L’arbitrage de Nicolas Sarkozy - que l’on peut d’ores et déjà entrevoir au travers des déclarations de Xavier Bertrand - sera particulièrement intéressant : le premier Président français à avoir limité à deux le nombre de mandats présidentiels pour éviter l’usure du pouvoir supporterait-il la dispersion de ses ministres ?
Roselyne Bachelot devient ainsi, sans doute malgré elle, le symbole du "moulisme", concept théorisé il y a quelques années par Rodolphe Bosselut désignant l’aptitude naturelle des élus politiques à s’accrocher farouchement à tout mandat électoral en dépit du bon sens citoyen. Celui-ci ne s’est d’ailleurs pas privé de le rappeler le 7 septembre dernier à 18h55, durant les deux minutes d’antenne libre qui lui furent octroyés par la rédaction d’ "On refait le monde" dans le cadre de l’élection quotidienne de "la langue de vipère" du jour. Loin de se limiter au cumul transversal des mandats, c’est aussi à leur répétition qu’il s’est attaqué, plaidant pour l’établissement d’une limite dans ce domaine.
Certes, Roselyne Bachelot et les membres du gouvernement sont loin d’être les seuls concernés par le problème. Raphaëlle Bacqué le rappelait encore récemment :
"Selon les calculs du PS, 80 députés, sur les 185 que compte le groupe, cumulent leur mandat avec un mandat exécutif local : 64 sont aussi maires, douze présidents de conseil général, quatre présidents de région. Seule une vingtaine d’entre eux se consacrent pleinement à leur mandat parlementaire. Les autres sont conseiller municipal, général ou régional sans responsabilité exécutive. Parmi les 99 sénateurs socialistes, ils sont 43 à cumuler avec un exécutif (25 maires, 14 présidents de conseil général, 4 présidents de région). Et une vingtaine à n’avoir qu’un mandat unique. L’UMP n’est pas moins cumularde : 160 députés sur 308 et 82 sénateurs sur 151 cumulent leur mandat parlementaire avec un exécutif local."
Il n’en reste pas moins évident qu’en tant que membre du gouvernement, Mme Bachelot aurait pu, par son exemple - elle que l’on découvrit il y a peu si créative et généreuse - contribuer à faire souffler le vent du progrès. Occasion manquée, semble-t-il.