Salaires et retraites des professeurs : l’énorme arnaque de Macron
par Laurent Herblay
mardi 31 décembre 2019
Les professeurs sont mobilisés contre la réforme des retraites, qui dégraderait encore une condition indigne de leur rôle, et nettement inférieure à celle d’autres pays. Le gouvernement a annoncé une augmentation de 8 à 10 milliards de leurs salaires, faisant dire trop rapidement au Figaro qu’ils sont les grands gagnants de la réforme. Mais ainsi, en réalité, ils restent perdants dans tous les domaines…
Avis de fausse nouvelle du gouvernement
Huit à dix milliards de plus pour le traitement des professeurs : les chiffres annoncés semblent indiquer une véritable revalorisation du traitement des professeurs. Mais la date évoquée, 2037, démontre qu’il s’agit d’une arnaque. Déjà, pour une majorité élue en 2017, annoncer une revalorisation démarrant en 2021 et censée durer jusqu’en 2037 est assez ridicule. Macron n’a rien fait pour les professeurs pour trois des cinq budgets qu’il avait à sa main, mais annonce s’engager pour les trois mandats présidentiels suivants ! Ce simple rappel des faits devrait inciter à la prudence : ne dit-on pas que les promesses n’engagent que ceux qui les entendent, surtout à une échéance aussi lointaine ?
Par-delà la limite de ne pouvoir s’engager réellement que sur deux années sur les seize programmées, les chiffres évoqués sont en réalité très limités. Contrairement à ce qu’écrit le Figaro, et qui est repris par bien des média malheureusement, le gain pour les enseignants est loin d’être évident. Si l’article évoque un plus qui s’ajouterait aux augmentations de point d’indice et à celles à l’ancienneté, il faut rappeler que le point d’indice n’est souvent pas revalorisé et que le caractère purement additionnel est, là aussi, une promesse censée engager trois mandats suivant celui-ci ! Mais surtout, l’horizon 2037 permet d’afficher de gros chiffres à bon compte pour Macron, mais pas pour les professeurs.
En effet, sur 16 ans, 1,5% d’inflation annuelle génère une hausse des prix cumulée de 27% environ. Ce rappel élémentaire remet en perspective la rallonge budgétaire, qui n’équivaut qu’à 15 à 19% du budget de l’Education nationale, qui atteint 51,7 milliards en 2019. En clair, l’argent promis par Blanquer couvre à peine deux tiers de l’augmentation des prix que l’on peut prévoir… Loin d’une hausse de leur traitement, ces chiffres ne représentent même pas une garantie de maintien du pouvoir d’achat des professeurs ! Pire, si l’on prend en compte les contributions aux retraites, de plus de 20 milliards, cette somme représente à peine 11 à 14% du budget total. Bref, un montant bien trop faible…
D’ailleurs, en 2012, quand j’étais en charge du projet présidentiel de NDA, nous avions présenté un projet de budget qui relativise grandement les annonces du gouvernement. Près de 70% des crédits supplémentaires étaient concentrés sur l’éducation. En seulement 5 ans, c’était pas moins de 5,7 milliards de crédits de plus, en plus de l’inflation, pour l’éducation nationale et 6,9 pour l’enseignement supérieur et la recherche ! Sur 5 ans, nous avions prévu plus que ce que Macron et Blanquer annoncent sur 16 ans… Les gros chiffres ne sont qu’un artifice obtenu par le choix d’une période extrêmement longue et lointaine. Dommage que les média ne dénoncent pas cette mascarade absolument ridicule.
D’ailleurs, Henri Sterdyniak a analysé les hypothèses communiquées par le gouvernement et démontre qu’en réalité, cela aboutit à un recul de 36% de la retraite des enseignants. Derrière le brouillard des annonces, et malgré le montant important annoncé par Blanquer, rien ne permet de conclure que les professeurs gagneront quoi que ce soit. Aujourd’hui, ils perdent sur tous les tableaux.