Salaires : le PS, c’est le #PartiantiSocial
par Laurent Herblay
samedi 21 mars 2015
Alerte ! Les salaires auraient progressé de 1,4% en 2014, une progression dangereusement élevée pour le Medef ? Non, pour Michel Sapin, le ministre « socialiste » de l’emploi, et le Monde, le journal qui se veut la conscience morale de la gauche. Tristement pas surprenant.
C’est l’histoire d’une trahison
Ce n’est pas vraiment une surprise. L’épisode récent sans doute le plus significatif, c’est le minuscule coup de pouce au SMIC de mi-2012 : comme un nobliaud donnant quelques pièces aux passants, François Hollande avait accordé, royal, 0,6% de hausse de plus que l’inflation. Pour mémoire, le Jacques Chirac de 1995 avait accordé un coup de pouce trois fois plus important ! Deux ans et demi après, Michel Sapin, déjà ministre de Mitterrand, dit devant le Medef que « c’est la responsabilité de chaque chef d’entreprise de faire en sorte que les salaires n’augmentent pas considérablement plus que la productivité de cette entreprise, surtout dans des périodes où le taux d’inflation est très faible ».
Le papier du Monde « les salaires continuent d’augmenter en France » est révélateur. L’opinion du Monde y est transparente : parce que l’inflation est nulle, cette hausse des salaires n’est pas la bienvenue. D’ailleurs, il la met en parallèle avec la hausse du chômage. Et ce n’est pas la première fois. Déjà, mi-2012, il critiquait le dérisoire coup de pouce au salaire minimum, et fin 2013, il persistait. Mais, outre le fait d’être anti-social et digne de la droite la plus bête, la moyenne n’est pas sans limite. Elle peut cacher de grands écarts : en Allemagne, Olivier Berruyer a montré que les 30% les moins riches avaient vu leur salaire baisser de 15% et aux Etats-Unis, il stagne pour 99% de la population depuis 40 ans.
Pourquoi la « gauche » trahit ?
Toute la question qui se pose, c’est pourquoi la gauche dite de gouvernement en vient à défendre de telles positions, prenant bêtement partie pour les actionnaires et les dirigeants des entreprises contre les salariés ? Cela est d’autant plus effarant que Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Camille Landais démontrent depuis des années l’explosion des inégalités. Derrière les moyennes, se cachent, au mieux une stagnation des salaires de l’immense majorité de la population, et une explosion des très hauts salaires. Voilà qui devrait être un terreau politique fertile pour une pensée politique progressiste et égalitaire, théoriquement portée par ce que l’on appelle la gauche habituellement. Que nenni !
En Allemagne, les « socio-démocrates » ont orchestré l’appauvrissement des classes populaires et les minis jobs. En France, le parti « socialiste » est moins généreuse que Chirac et prend le parti des grands patrons. Il faut dire qu’à force de s’opposer aux frontières et à la nation, les sociaux-libéraux, qui n’ont de sociaux que le nom, créent un système destructeur pour les classes populaires et moyennes, mises en compétition avec des pays où les salaires peuvent être jusqu’à 20 fois moins élevés. Et entre les classes populaires et le refus des frontières, le choix est vite fait, quite à finir par défendre les multinationales et la Chine plutôt que leurs compatriotes peu aisés, si loin de leurs centres villes…
Le Général de Gaulle aurait dit qu’il « n’aimait pas les socialistes parce qu’ils n’étaient pas socialistes ». Comme quoi, le problème n’est sans doute pas récent, mais semble remonter à la nature profonde de cette « gauche », aux relents paradoxalement très antisociaux…