Sarko akhbar !

par Pale Rider
mercredi 21 mars 2018

L'ancien premier ministre LR Jean-Pierre Raffarin a prononcé cette phrase incroyable concernant la culpabilité éventuelle de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement de sa campagne de 2007 par le colonel Khadafi : « J'ai décidé de ne pas avoir de doute. », Étude de texte.

Si vous avez, vous, des doutes quant à la probité de Nicolas Sarkozy, et aussi quant à l’honorabilité de ses fréquentations (ne citons ici que Bashar el-Assad et Mouhammar Khadafi), si vous vous sentez déstabilisé dans votre foi républicaine, si vous ne savez plus à quel saint politique vous raccrocher, faites comme Jean-Pierre Raffarin : décidez de ne pas avoir de doute sur Nicolas Sarkozy. Il n’est d’autre voie que la droite bonapartiste, et Sarkozy est son prophète. Non, c’est pire : Sarkozy est son Dieu. Sarko akhbar !

L’idolâtrie à son paroxysme

 En effet, même le meilleur des prophètes est imparfait, et Mohammed ne se faisait pas l’égal de Dieu, il ne se présentait pas sans péché. Le rang auquel M. Raffarin élève son Maître Sarkozy est donc bien celui non d’un prophète mais d’un dieu. M. Raffarin a décidé que, la justice ne lui paraissant « pas sereine », il n’aurait pas de doute sur Nicolas Sarkozy. Ce qui signifie que si un jour la justice française, qui n’aura pas manqué, comme elle le fait courageusement, d’examiner les indices menant à l’éventuelle inculpation du sieur Sarkozy, le déclare coupable, M. Raffarin, ancien Premier Ministre de la République Française, a décidé qu’il croira M. Sarkozy et non la justice française.

 D’une part, il annonce qu’il conchie l’institution judiciaire dès lors qu’elle s’attaque au Maître qu’il vénère ; mais d’autre part, il démontre qu’il sacrifie au culte idolâtre de M. Sarkozy puisque, même si sa culpabilité est un jour démontrée, il a décidé qu’il n’aurait pas de doutes sur son innocence.

 Cela est extrêmement grave. Cela n’est pas sans rapport avec ceux qui continuent de chanter les louanges de Staline, « petit père des peuples », malgré l’étendue de ses crimes avérés, ni sans rapport avec les Russes qui, en majorité (même trafiquée), viennent de porter encore au pouvoir un certain Vladimir Poutine auquel ils sacrifient leurs libertés pour sauver leur fierté. Cette attitude est du négationnisme par anticipation, très exactement : s’apprêter à nier par principe même ce qui sera totalement prouvé.

 Ainsi naissent les dictatures : elles émergent quand le Chef devient intouchable, incritiquable ; lorsque, même quand il fait le mal, il faut l’appeler « bien ». S’il vous dit que la Terre est plate, vous devez le croire par le simple fait qu’il l’a décrété. Et ainsi de suite.

Aveuglément

 Dans le judéo-christianisme, il est frappant de constater que le croyant est appelé à avoir une foi intelligente, à scruter les Écrits sacrés, à dialoguer, fût-ce fermement, avec son Dieu qu’il ne comprend pas toujours (lisez les Psaumes : ils vous étonneront). Même Dieu accepte d’être remis en cause, d’être interrogé, d’être contesté. Et pour reprendre le titre d’un grand livre de Jacques Ellul, La foi au prix du doute est la condition de tout croyant honnête.

 Mais M. Raffarin est plus fort que le croyant lambda : il a décidé de ne pas avoir de doute sur M. Sarkozy. Sa foi est totale, aveugle, sans remise en question. C’est son « islamisme » à lui. Et, en France, il y a ainsi quelques inquiétants idolâtres : ceux qui adulent Emmanuel (« Dieu-avec-nous ») Macron, alias Jupiter. Ceux qui, jusque dans leur phrasé et leur timbre de voix, sont devenus « la voix de leur maître » : ainsi Stéphane Le Foll qui est un imitateur inégalable de François Hollande ; ou Georges Sarre dont les intonations de voix singeaient incroyablement celles de son mentor Jean-Pierre Chevènement (deux exemples parmi d’autres).

 Nous voilà donc prévenus : si par malheur M. Sarkozy revenait au pouvoir, il prendrait M. Raffarin comme Premier Ministre, lui accordant le titre de Commandeur des croyants en S. M. Nicolas Sarkozy 1er.

 Si vous voulez, après tout ça, vous remettre de bonne humeur, allez réécouter « Lèche-bottes blues » d’Eddy Mitchell : cette chanson extraordinaire n’a pas pris une ride.


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