Sarkozy à Matignon : ira ou ira pas ?
par Jean Claude BENARD
mardi 9 mai 2006
C’est le porte-parole de Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian, qui l’affirme :
Nicolas Sarkozy pourrait accepter d’aller à Matignon à condition d’avoir une très grande liberté d’action et de moyens.
"Si le président de l’UMP devait accepter la charge
de Premier ministre, ce ne pourrait être que pour mener la politique qu’il
croit indispensable à l’intérêt de la France. Il devra avoir une forte liberté
d’action et de moyens", déclare le député UMP des Hauts-de-Seine dans Le
Monde paru lundi.
En ayant recours à la technique popularisée par Jean-François Coppé dans son
livre J’arrête la langue de bois, cela pourrait être traduit ainsi :
"Si Nicolas Sarkozy accepte de devenir Premier ministre, il veut que le
président se consacre à la remise de décorations dans les comices agricoles et
de gerbes aux monuments aux morts. Il choisira les ministres qu’il préfère et
surtout éjectera tous ceux qui ont eu le mauvais goût de lui résister. Il
donnera au président de la République l’ordre du jour du conseil des ministres,
à charge pour Jacques Chirac de croire qu’il dirige encore la France."
L’ancien ministre reconnaît qu’aller à Matignon serait risqué pour le
président de l’UMP, qui n’a jamais caché son désir d’être candidat à la
présidentielle au printemps prochain.
Nicolas Sarkozy sait parfaitement la capacité de nuisance de Jacques Chirac et craint par-dessus tout d’être tenu comme co-responsable de ses deux mandats présidentiels.
"Quand on s’engage en politique, c’est pour servir son pays sans attendre, surtout lorsqu’il connaît d’aussi grandes difficultés que le nôtre", estime Patrick Devedjian.
Si Nicolas Sarkozy refusait le poste de Premier ministre, l’Elysée ne se priverait pas de montrer qu’il n’est pas un homme d’Etat apte à prendre ses responsabilités dans la tourmente ! Vote-t-on pour quelqu’un qui se cache lorsque la situation est difficile ?
"L’intérêt personnel passe après, car il est vrai qu’être Premier ministre empêcherait Nicolas Sarkozy de démissionner du gouvernement pour engager sa campagne présidentielle".
Eh oui ! Le poste est dangereux, puisque jusqu’à aujourd’hui aucun Premier ministre en poste à la veille d’élections n’a réussi à se faire élire président de la République.
Même si ce « jeu » politicien ressemble beaucoup à une partie de poker et pourrait prêter à sourire, il ne faut pas oublier que le jeu s’appelle la France et ses habitants. Les Français attendent et méritent mieux que ces manœuvres et coups tordus.
Alors, M. Sarkozy, pourquoi ne pas accepter, et nous montrer que vous êtes capable de redresser la France avant l’élection de 2007 ?
Des millions de Français ne demandent qu’à voir !