« Sarkozy, dégage ! »

par Fergus
mardi 12 juillet 2011

Depuis qu’a éclaté l’affaire Strauss-Kahn, les sondages se suivent et se ressemblent, tous aussi déprimants pour le locataire de l’Élysée : malgré le tassement prévisible de Marine Le Pen et l’éloignement du spectre d’un 21 avril à l’envers, Nicolas Sarkozy reste à un niveau d’intentions de votes désespérément bas pour un sortant. La livraison du jour, effectuée par l’institut BVA pour la presse régionale, RTL et le portail Orange, ne déroge pas à cette tendance lourde. Elle comporte toutefois un élément particulièrement significatif et ô combien éclairant sur le rapport qu’entretiennent les Français avec le président qu’ils ont élu en 2007...

Tous les détails de ce sondage sont visibles sur le portail orange. On en retiendra notamment que François Hollande, avec 31 % d’intentions de votes, et Martine Aubry, avec 28 %, continuent de devancer très largement Nicolas Sarkozy, crédité respectivement de 23 et 24 % face aux deux ténors socialistes. Une avance qui se traduirait au 2e tour par une victoire socialiste sur un score sans appel de 58 % contre 42 % au candidat de l’UMP. Pas question pour autant de s’emballer à gauche : comme toujours, il convient, bien évidemment, de relativiser les résultats d’une enquête effectuée à 10 mois de la présidentielle et susceptible d’être remise en cause par de nombreux éléments, tant de politique interne que de géopolitique internationale.

Néanmoins, ce sondage est porteur d’enseignements intéressants. D’une part, il montre, à l’instar des enquêtes conduites par les autres instituts, que l’affaire Strauss-Kahn et ses coups de théâtre à répétition, n’a pas plombé le PS comme l’avaient annoncé, avec leur suffisance habituelle, les éditorialistes des grands médias parisiens. De la même manière, il montre que les débats engendrés par les rumeurs qui entourent la candidature de la Première secrétaire du PS ne nuisent ni à l’image de celle-ci ni à sa crédibilité présidentielle, au grand dam là aussi de quelques oiseaux de mauvaise augure appartenant à la volière médiatique déjà évoquée ci-dessus.

Le plus spectaculaire n’est toutefois pas dans ces données statistiques qui ne font que confirmer des éléments déjà intégrés par l’électorat, mais dans l’hypothèse testée par l’institut BVA dans ce sondage : celle d’une candidature de Dominique Strauss-Kahn, ressuscité d’entre les morts politiques par un éventuel abandon des poursuites new-yorkaises et bénéficiaire, au sein du PS, d’une « wild card ». Comme ou pouvait s’y attendre, eu égard à la forte dégradation de l’image de l’ex-patron du FMI, DSK ne parviendrait à réunir sur son nom que 20 % des sondés au 1er tour, étant devancé par un Nicolas Sarkozy crédité de 25 %. Normal. Mais, et c’est là que ce sondage agit comme un coup de tonnerre dans le ciel élyséen, au 2e tour, c’est bel et bien Strauss-Kahn, malgré ses casseroles sexuelles et l’étalage indécent de son train de vie, qui l’emporterait face au sortant par 54 % contre 46 %.

Un résultat en forme de camouflet par lequel les Français veulent signifier à celui qu’ils ont élu en 2007 dans un moment d’égarement que son temps est passé, qu'ils ne supportent plus ses mensonges, ses manipulations, ses agressions répétées contre les classes moyennes et populaires. Un sondage par lequel nos compatriotes disent clairement au président sortant : « Sarkozy, dégage ! »


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