Sarkozy ivre de Roms

par LM
samedi 18 septembre 2010

Tancé par l’Europe, méprisé chez lui, avec un remaniement à venir et deux livres sur sa mannequin d’épouse, Nicolas le Grand, futur maître du G20 et du G8, a tellement de choses à penser qu’il va finir par ne plus avoir le temps de se raser.

Au départ, il voulait juste détourner l’attention des milliards de Liliane, son île secrète et son gode en or, ses amitiés ministérielles et son photographe embarrassant. Au départ Sarkozy voulait juste faire du Sarkozy, jeter un autre os aux médias, qu’ils le rongent et qu’ils la ferment. En l’occurrence, l’os le plus utilisé depuis qu’il est élu, bonne moelle, redoutable efficacité : l’insécurité. Alors, profitant d’un été à faits divers, comme tous les étés, notre chef de l’état à talonnettes a dégainé quelques propos bien sentis, une nouvelle déclaration de guerre aux voyous, qu’ils soient de Grenoble ou de Roumanie, et hop le tour était joué. Proposait-il de déchoir de leur nationalité les français d’origine étrangère qui déconneraient un peu trop que tous les bobos journaleux d’une seule voix beuglaient. Ca semblait bien s’enclencher, comme d’habitude, les bas du Front se frottaient la main tendue, on repartait comme en 2007 en lutte contre les racailles de tout poil. Oui mais voilà : Sarko s’en prit aussi aux gitans, en général, aux Roms en particulier. Plus de campements illégaux ! Nouveau mot d’ordre sarkozien, à charge pour Brice de Nicht de mettre en œuvre le diktat. Seulement, là, patatras, on expulse, on expulse, et forcément une caméra par ci par là, des cris, des femmes qui jouent parfaitement les mères de familles brutalisées, des enfants qu’on maltraite, ça chiale, ça hurle, ça fait le 20 heures et la gauche s’excite. C’est quoi ce souk ? Mais c’est pas tout : dans la foulée, des images de gens du voyage, reconduits vers l’aéroport (lieu après tout très étudié pour des gens du voyage) avec leurs accordéons, leurs chapeaux, leur air de chien battu et leurs enfants pas nets. Des gens du voyages qui n’hésitent pas, face caméra, à assurer qu’à peine atterris en Roumanie ils reviendront en France toucher quelques aides sociales en se faisant passer pour des handicapés, par exemple. Je n’invente rien.


Les Roms, késako ? Des nomades dont leurs pays d’origine (Roumanie, Bulgarie, Hongrie) n’ont que faire, qui y vivent si mal qu’ils n’aspirent depuis l’ouverture des frontières qu’à foutre le camp vers un pays riche, libre et célèbre pour ses droits de l’homme et ses fromages. Mais les Roms ce sont aussi les amis de Yannick Noah, le français préféré des français, qui entre deux aller retour Paris New York en business class sait se préoccuper de ceux qui souffrent et qui mériteraient notre compassion, notre argent, notre temps. Ce sont aussi les amis de Yvan le Bolloch, ex comique devenu chanteur de blatringue. Superbe Yvan avec sa guitare et ses disques karaoké, qui vient nous dire combien c’est dégueulasse ce que fait monsieur « Hortefire » comme il l’appelle, avec l’accent allemand. Parce qu’évidemment, la presse, les éditorialistes, et maintenant l’Europe, se sont rapidement retrouvés pour comparer quelques malheureuses expulsions d’étrangers en situation irrégulière à la déportation des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Partout, ce mot : déportés. Comme si ces Roms avaient été déportés ! N’importe quoi. Expulsés, oui, déportés, c’est ridicule. Et puis, on les expulse des camps, on ne les y met pas… Déportés, les Roms ? Quel scandale d’écrire et de dire des choses pareilles ! A force de systématiquement ramener tout problème concernant des étrangers à ceux subis par les juifs dans la première moitié du vingtième siècle, on va finir par oublier la réelle gravité de ce qui s’est passé alors. On veut dire quoi ? On veut sous entendre quoi ? Sarkozy=Hitler, avec Hortefeux comme Goering ? De qui se moque-t-on ?


Et de qui se moque l’Europe ? Parce qu’à qui il faudrait faire la leçon ? A un pays qui fait respecter la loi en expulsant des gens en situation irrégulière, qui squattent où ils veulent, et sont porteurs, quoiqu’on en dise, d’insécurité et de crainte, fondées ou non ? Ou au pays d’origine de ces mêmes populations, qui n’a jamais rien fait pour eux qu’attendre l’ouverture des frontières pour s’en débarrasser ? Où est le vrai scandale ? La vraie honte ? La vraie honte, elle est peut-être chez nous, dans ces réactions éplorées des larmoyants donneurs de leçons qui peuplent la gauche, le centre et même maintenant la droite de notre beau pays. Honte à eux de ne pas avoir le courage de soutenir sur ce point au moins Sarkozy, d’admettre que personne en France n’a de solution pour les Roms, pas plus que d’aire de stationnement à mettre à leur disposition. Honte à eux de ne pas rappeler que les expulsions de Roms ne datent pas de la circulaire d’Hortefeux et que jusqu’ici personne ne s’en émouvait. Ni l’opposition, ni l’Europe.


Sarkozy opportuniste ? Oui. Désireux de siphonner les voix du FN ? Oui. Obnubilé par 2012 ? Sans doute oui. Petit ? Encore oui. Réformiste ? Oui, mais pas assez. Raciste ? Sans doute non. Mais surtout pas faux cul pour deux sous, et ça c’est presque une qualité. Mais le Rom c’était trop pour lui, peu réputé pour tenir l’alcool.


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