Sarkozy le magnifique

par Michel DROUET
jeudi 20 novembre 2014

S’il revenait au pouvoir, l’ancien chef de l’Etat s’est engagé à revenir sur le mariage pour tous…

S'il revenait au pouvoir, l'ancien chef de l'Etat s'est engagé à revenir sur la réforme territoriale engagée par le gouvernement…

S’il revenait au pouvoir….

…Pour la suite des mesures sur lesquelles l’ancien chef de l’Etat s’engagera à revenir, il suffit de suivre les déclarations de l’intéressé dans les meetings qu’il va tenir en vue de rependre les manettes de l’UMP.

La loi Veil sur l’IVG ? La loi Badinter sur la peine de mort ? L’abolition du CDI ? Le retour aux 45 heures avec travail obligatoire le dimanche ? etc… Tout semble ouvert et il est temps que les lobbies de tous poil dont le Medef provoquent des réunions rapidement avec l’ex qui ne manquera pas de leur dire : « Si ça vous fait plaisir, franchement, ça ne coûte pas cher ».

Si ça vous fait plaisir…

Il est comme ça, Sarkozy, tout en panache et en finesse. Il ne cherche qu’à nous faire plaisir. Mais n’aurait-il pas changé ? Nous l’avions quitté un peu excité au terme d’un quinquennat marqué par des saillies dont tout le monde se souvient encore, du style « casses-toi pôv’con », par des jugements peu amènes en « off » distillé dans la presse sur ses collaborateurs ou par la promesse de l’utilisation du croc de boucher. 

C’est devenu une vraie boule d’amour, prêt à donner satisfaction à chacun, pourvu qu’il se fasse entendre de manière claire et ferme, comme cela a été le cas avec les partisans de l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous.

Il suffira à tous et à chacun de chanter sur l’air des lampions « a-brogation » « a-brogation » pour être immédiatement entendu par M. Sarkozy.

Une belle période s’ouvre devant nous

Finies les promesses de campagne, les programmes périssables élaborés par les communicants juste pour décrocher la timbale, M. Sarkozy innove et invente le mouvement politique perpétuel : pendant le prochain quinquennat, le parlement aura pour tâche d’abroger les lois votées lors du précédent et de procéder à leur « réécriture ». Le pays immobile se profile devant nos yeux…

Le Parlement ne perdra plus son temps à faire des lois restrictives contre les lobbies qui se seront exprimés fermement pendant la campagne et au contraire « libéralisera » le cadre juridique dont celui qui permet aux nantis de s’en mettre encore un peu plus dans les poches en pratiquant l’évasion fiscale au Luxembourg (la Suisse étant devenue « Pays à risque »). Le Parlement sera aussi chargé de réécrire la loi sur l’immunité des élus, bien entendu.

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent

Doit-on croire aux propos de l’ex ? Non bien évidemment. Cette évidence se retrouve dans le personnage lui-même, capable de dire une chose et de faire le contraire (mais n’est-ce pas là le trait de caractère principal de nos politiques ?).

La vérité est beaucoup plus simple : M. Sarkozy trimbale derrière lui pas mal de casseroles juridiques en cours ou à venir. Parmi celles-ci, l’affaire Bygmalion. Qui peut croire un seul instant que l’intéressé, ainsi que M. Copé, n’aient pas été au courant ?

Nul n’est censé ignorer la loi. Ce principe universel s’applique au commun des mortels mais pas à une certaine « élite » autoproclamée.

Dès lors que les affaires et les juges (les petits pois…) se rapprochent, « l’élite » se réfugie derrière les meilleurs cabinets d’avocats qui leurs fournissent complaisamment des téléphones portables sous des faux noms, et cherchent à se construire une immunité.

C’est ce qui se passe actuellement avec M. Sarkozy. La présidence de l’UMP constitue le premier refuge et même s’il elle n’est pas synonyme d’immunité, il n’en reste pas moins qu’elle aura pour effet de calmer les ardeurs du Parquet dans les affaires où il est impliqué, en attendant le graal : le retour à l’Elysée en 2017 et la tranquillité pour 5 ans.

Alors, non, il n’a pas changé, il s’adapte simplement aux circonstances. L’avenir du pays lui importe peu. C’est son avenir judiciaire qui est en jeu et c’est là toute sa stratégie.


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