Sarkozy, Michèle Alliot-Marie : pour un ticket gagnant ?

par stephane rossard
mercredi 10 janvier 2007

La meilleure des défenses, c’est l’attaque. Un principe que Michèle Alliot-Marie, en ministre de la Défense qui se respecte, a appliqué jusqu’ici avec justesse dans sa confrontation avec le leader de l’UMP. Mais persévérer peut conduire à la ruine. Au lieu d’envisager de faire cavalier seul, ce qui ne peut que mener son camp à la défaite, elle devrait miser sur un ticket avec Nicolas Sarkozy. En cas de victoire, direction Matignon ?

Au début, on comprenait, on encourageait même la démarche de Michèle Alliot-Marie. Elle remplissait son office : être un contre-poids à l’écrasante (arrogante ?) hégémonie de Nicolas Sarkozy. Elle permettait l’expression d’une sensibilité différente, la représentation d’un courant, indiscutablement gaulliste et qui jusqu’ici peinait à se faire entendre. En effet, la meilleure des défenses n’était-elle pas l’attaque ? Conscient de cette faiblesse (vulnérabilité ?) et soucieux d’éviter de se faire doubler, le leader de l’UMP a adroitement et promptement corrigé le tir. Il a renoué avec cet héritage incontournable.

Par ailleurs, les débats, cela va sans dire, en trompe-l’œil, ont tout de même révélé le poids réel des candidats. Plume pour Michèle Alliot-Marie. (Très) lourd pour Nicolas Sarkozy ! Les deux protagonistes ne jouent visiblement pas dans la même catégorie !

Enfin, il ne faut pas oublier les ralliements, et non des moindres (dernier en date, celui d’Alain Juppé !), des responsables politiques et ministres au cours des dernières semaines, en faveur du leader de l’UMP.Ils ont eu pour effet, ipso facto, de marginaliser la ministre de la Défense.

C’est donc à se demander à quoi joue Michèle Alliot-Marie, à persévérer de la sorte ? Probablement, en jouant la carte du suspens, elle veut se garantir que ses idées seront bien prises en compte dans l’élaboration du programme du candidat. Certes. Néanmoins, le mieux serait, dès maintenant, de s’asseoir à la même table et de rédiger ce programme. Entretenir ce suspense s’apparente à une méthode inutilement dilatoire. A une perte de temps.

Par ailleurs, envisager une candidature en dehors de l’UMP relèverait du suicide. Il est clair qu’il n’y a pas de place pour deux candidats issus du même parti. Le contexte politique est à l’heure d’une forte bipolarisation qui se caractérise par un leadership affirmé, à gauche comme à droite. Au moment où l’unité constitue un des atouts principaux de la victoire, une candidature dissidente provoquerait une division sans aucun doute fatale.

Enfin, on a du mal à croire que Michèle Alliot-Marie, proche du président de la République, agisse seule. Serait-elle en service commandé, même si, bien sûr, elle est adulte et peut se décider par elle-même ? Elle a les compétences, l’expérience, les convictions, la vision, l’énergie, l’intelligence et la force mener une campagne digne et de défendre haut les couleurs de son camp.

Dorénavant, nous ne sommes plus dans la stratégie mais bien dans la gesticulation. Michèle Alliot-Marie sait, en ministre de la Défense, qu’une victoire ne se mène pas en divisant ses troupes mais en s’assurant de leur cohésion sous la direction d’un chef fort d’un plan de bataille capable de faire gagner son camp. Poursuivre, aller au casse-pipe, c’est probablement perdre la face, autrement dit, sa crédibilité et son capital de confiance et de popularité.

La droite a besoin d’elle. Avant, pendant, et après la campagne. Si Nicolas Sarkozy est élu, il devra faire appel à ses services. D’ailleurs, pourquoi pas en tant que premier ministre ? Ce serait dans l’intérêt des deux protagonistes de parier sur ce ticket (gagnant) ! En tout cas, une idée à laquelle ils devraient sérieusement penser !

Car, pour l’instant, ce jeu du chat et de la souris ne conduit MAM nulle part, sauf dans le mur !


Lire l'article complet, et les commentaires