Sarkozy peut-il être réélu ?

par Fergus
mardi 4 octobre 2011

Oui, évidemment. Qui peut sérieusement prétendre le contraire à plus de six mois de la Présidentielle ? Qui peut dire de quelle manière sera conduite la campagne par les candidats d’opposition ? Quelle sera l’influence du contexte économique international ? Comment évoluera le rejet dont l’actuel président fait l’objet ? Quelle sera l’attitude des électeurs centristes au 2e tour du scrutin ? Bref, rien n’est joué. Mais une chose est sûre : pour Sarkozy, si la route est droite, la pente sera rude. Très rude !

La pente sera d’autant plus rude que la presse de droite semble progressivement intégrer l’idée de la défaite du champion de l’UMP en 2012. Même les éditorialistes du Figaro adoptent un ton plus circonspect, à l’image d’Yves Thréard, désormais moins agressif envers les socialistes et surtout nettement moins assuré d’un deuxième mandat sarkozyste, ceci expliquant sans doute cela.

Alexis Brézé, dans les colonnes du Figaro Magazine, essaie bien de se raccrocher au large électorat de la Présidentielle, très différent, selon lui, de l’électorat plus politisé qui a fait subir au Président en exercice une série de revers comme aucun de ses prédécesseurs n’en avait connu avant lui sous la Ve République. Mais on sent que l’éditorialiste du Fig-Mag n’y croit guère lui-même, tant les résultats des Municipales, des Régionales, des Cantonales et, cerise sur le gâteau, des Sénatoriales ont mis en évidence une défiance croissante envers le locataire de l’Élysée. Pire : une défiance qui a désormais gagné les pans modérés de l’électorat sarkozyste, notamment chez les ruraux, les classes populaires, les personnes âgées ou les catholiques, tous déçus à des titres divers par les initiatives politiques ou les comportements choquants d’un Sarkozy désormais perçu comme une terrible erreur de casting.

Les « unes » des hebdomadaires sont à cet égard terribles pour le Président en exercice et son camp : que Marianne titre « Le boulet » et Le nouvel Observateur « Coulisses d’une fin de règne » n’a rien d’étonnant, eu égard au positionnement à gauche ou au centre gauche de ces magazines, mais cette tonalité alarmiste et désabusée a bel et bien gagné la droite comme le montrent les titres des hebdomadaires Le Point « Parfum d’une fin de règne », L’Express « La chute d’un clan » et même VSD « Sarkozy en plein cauchemar ».

Comment aurait-il pu en être autrement tant le pouvoir en place est décrédibilisé par ses échecs politiques dans tous les domaines qui importent aux Français : emploi, pouvoir d’achat, sécurité. Tant ce pouvoir est décrédibilisé à l’international, dans la lutte contre les dérives d’un système financier vorace et cynique dont les agissements continuent de creuser les inégalités de manière dramatique ? Tout cela sans compter la dette que Sarkozy a laissé filer de manière vertigineuse et irresponsable, comme il l’a toujours fait lorsqu’il en a été le gestionnaire.

Empêtré dans ses échecs politiques, Sarkozy doit de surcroît faire face aux effets dévastateurs du Karachigate et à la mise en lumière d’un système politique clanique et à bien des égards hors-la-loi directement hérité du très haïssable et très nauséabond modèle des Hauts-de-Seine dont Sarkozy est un pur produit. Résultat : presque tous les amis du Président – jusqu’au procureur du 2e parquet de France ! – sont mis en en examen ou en passe de l’être à plus ou moins long terme pour avoir participé à des mouvements d’argent illicites ou, avec les moyens de l’état, à des surveillances illégales de journalistes ou de magistrats. Certains parlent ici et là de système mafieux, et l’on ne peut malheureusement guère leur donner tort.

Accablé d’un bilan négatif et affublé d’une batterie de casseroles particulièrement peu ragoûtantes, Sarkozy pourra-t-il être réélu en 2012 ? Tout dépendra de la capacité de ses adversaires à ne pas commettre de faute rédhibitoire durant la campagne. Si tel est le cas, on ne voit pas comment le pire Président de la Ve République pourrait être reconduit dans ses fonctions. N’oublions pas, à cet égard, qu’en 2007 il n’avait battu Ségolène Royal que sur un score de 53-47, alors qu’il avait mené une campagne outrageusement démagogique en rupture supposée avec la politique de ses prédécesseurs de l’UMP, et alors que la candidate socialiste avait vu nombre des caciques de son parti lui savonner la planche.

Sarkozy ne pourra pas cette fois s’appuyer sur des promesses fallacieuses. Quant au socialistes, on peut raisonnablement penser qu’ils seront unis derrière celui ou celle qui sortira vainqueur de la primaire. Avec en prime cette fois-ci, une probable dynamique potentiellement dévastatrice pour le sortant. Rien de tel à droite : avec ou sans le soutien du pitoyable Borloo, Sarkozy ne devra sans doute pas trop compter sur les électeurs du centre pour l’emporter au deuxième tour. La pente sera décidément particulièrement escarpée. Pour ne pas dire carrément casse-gueule !


Lire l'article complet, et les commentaires