Ségolène Royal et sa langue

par Thomas Roussot
vendredi 16 février 2007

« À chaque forme de vie correspond un jeu de langage, c’est-à-dire une façon d’utiliser le langage dans une certaine perspective et selon certaines règles qui déterminent le sens des mots. » Ludwig Wittgenstein

Mme ségolène Royal ne maîtrise pas la langue française et cela est tout aussi, sinon plus, dérangeant que ses bourdes sur le nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins ou au hasard la proposition d’une loi existant déjà (répression contre les conjoints violents, pour les éloigner du domicile et protéger la victime). On a retenu son fameux « bravitude » en Chine avant son investiture, néologisme ridicule sous couvert de poésie mais elle avait aussi déclaré vouloir lutter contre la société du « précariat » (sic). Elle a récidivé, déclarant par exemple plusieurs fois chez Jean-Pierre Elkabbach, qu’il ne fallait pas « en rabattre sur les services publics », ce qui ne veut strictement rien dire. Lors d’un discours à Grenoble, notons cette première « phrase » (sans véritable construction ni ponctuation appropriée), tout d’abord : « Je veux une France ouverte à tous ces jeunes : ouvrons-leur la porte car aujourd’hui la porte et les fenêtres leur sont fermées. Je veux une France qui ouvre ses bras à tous ses enfants, d’où qu’ils viennent, de quelque quartier ils habitent [sic], quel que soit leur projet et cette France là y’a [re-sic] un immense chemin à parcourir pour que chacun s’y sente bien ».


Puis cette seconde phrase, avec un vocabulaire d’une diversité confondante : « Je vais vous faire une confidence : de qui dépend que les choses ne changent pas [re-re-sic] ? De nous. Mais de qui dépend que les choses changent ? De nous aussi. Alors, avec vous et pour vous, les choses doivent changer, les choses vont changer en 2007 (quatre fois « choses » et quatre fois le verbe « changer » en trois lignes de discours...) »

A 7/7 en 1993 : « Je suis fière de ce que nous avons fait et je suis fière de ce qui reste à faire ». C’est absurde, cette phrase est dépourvue de sens et de toute logique élémentaire.
Il est fort dommageable et inquiétant de ne pas maîtriser la langue nationale quand on brigue un mandat présidentiel.
On pourrait rétorquer que ces fautes sont anodines, purement circonstancielles, mais la répétition révèle une faille profonde. Et une mauvaise maîtrise du langage finit toujours par se traduire par des fautes de raisonnement, de logique. Un simple exemple, lorsqu’elle déclare durant ce fameux meeting de Villepinte :« À bas l’État tout-puissant jacobin et colbertiste ! », avant d’enchaîner sur un dithyrambique éloge de notre devise nationale : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Cette devise provient directement de cet état jacobin précédemment dénoncé. Etat qui doit selon son programme subvenir à tous nos besoins : prêt à 0%, augmentation du SMIC et des minima sociaux, indemnités chômages, (augmentations souvent dérisoires il faut le dire), réquisitions des logements, etc. Une vision bel et bien jacobine de la société française.
Ce meeting, il est vrai, s’est ouvert au son du refrain suivant :" Let’s get a Party in here, let’s get stupid".... accompagné par les applaudissements frénétiques de la foule. Les références culturelles allant de Kerry James, ancien membre du groupe de rap Idéal J, devenu rappeur porteur du message islamiste modéré et social, à Diam’s (sans doute pour répondre à l’élévation spirituelle incarnée par l’analphabète Doc Gynéco soutien de Sarkozy). Deux références plus exigeantes seront invoquées durant ce discours, Braudel et Malraux. Seul problème, le texte qui défilait sur le prompteur affichait : Brodel et Malreaux ! Il semblerait que l’équipe Royal méconnaisse donc lesdites références. Renforcer l’éducation nationale est en effet une nécessité vitale.
Sur ce plan purement linguistique, de respect de la grammaire, de l’orthographe, du vocabulaire et au final du respect de la logique sémantique, tant messieurs Le Pen, Bayrou que Sarkozy, pour ne parler que des candidats du quatuor de tête selon les divers sondages, ne présentent pas cette carence alarmante et pourraient lui donner des leçons de rattrapage.


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