Seul moyen de contrer Macron : une Union de la Gauche de Progrès
par Fergus
lundi 27 février 2017
En politique, il convient de ne jamais sous-estimer les qualités d’un adversaire, et encore moins sa capacité de mobilisation. Le sondage Odoxa publié le dimanche 26 février montre clairement que Macron bénéficie d’une dynamique, contrairement aux affirmations de nombreux intervenants qui, sur ce site comme sur d’autres, ont tendance à prendre leurs désirs pour des réalités, et un candidat qui monte en puissance pour une « baudruche ». Or, ce n’est pas de cette manière que l’on peut combattre efficacement un adversaire politique...
Il y a quelques jours, deux habitués d’AgoraVox, soutiens déterminés du candidat de l’UPR, affirmaient n’avoir « jamais rencontré de personnes soutenant Macron ». Je leur avais répondu qu’« ils n’avaient pas bien cherché » car j’en connaissais personnellement deux dans mon propre voisinage, l’un étant un ex-militant de l’UMP résolument opposé à Fillon, et l’autre un électeur socialiste pro-Valls n’ayant pas digéré la victoire de Hamon lors de la primaire du PS.
Depuis ce jour, ce sont plusieurs autres personnes de ma connaissance – mais pas de mes amis politiques – qui ont annoncé leur ralliement à Macron. Rien d’étonnant à cela : les comités En Marche ! sont en train de se multiplier dans la région, et le nombre de leurs adhérents ne cesse d’augmenter comme en témoigne cet article de Ouest-France (lien) qui fait état du comité de ma propre ville de Dinan (déjà une centaine d’adhérents) et mentionne ceux, tout proches, de Broons et de la vallée de l’Arguenon. Il s’agit là de faits facilement vérifiables, et d’un phénomène qui n’est évidemment pas propre à Dinan et ses environs : d’après les échos qui parviennent à mes oreilles, de tels comités voient le jour un peu partout en Bretagne, et cela vaut sans doute également pour de nombreuses autres régions françaises.
À cela vient s’ajouter la tentation du vote utile pro-Macron auquel appelait d’ailleurs dimanche midi Cohn-Bendit dans l’émission « Questions Politiques » de France-Inter, au motif que Hamon ne sera pas en situation de se qualifier pour le 2e tour de la présidentielle. Or, l’ex-député européen écologiste n’est pas le seul à penser ainsi. Il suffit, pour s’en convaincre, de surfer sur le net et sur les réseaux sociaux où l’on peut lire des commentaires comme celui-ci, glané sur le site CentPapiers : « Si ça continue comme ça, je pense que je finirai par voter à contrecœur Macron au 1er tour, par pure stratégie, la stratégie du moins pire, afin d'éviter Fillon et/ou Le Pen. »
Des citoyens qui pensent ainsi et s’apprêtent d’ores et déjà à un vote utile en faveur de Macron, sans doute y en a-t-il de plus en plus. À cet égard, le sondage Odoxa-Dentsu consulting publié dimanche pour le compte de France 2 (lien) marque peut-être un tournant décisif dans la campagne. Les estimations de vote (à ce jour) montrent en effet une évolution spectaculaire avec une Le Pen à 27 % devant un Macron à 25 % et un Fillon, plus que jamais englué dans son marécage nauséabond, à... 19 %. Nul ne sait si cette tendance sera confirmée dans les prochaines enquêtes, mais la dynamique est incontestablement du côté du candidat de En Marche !
Dans de telles conditions, il est plus que jamais illusoire de penser qu’un candidat de gauche puisse accéder au 2e tour de la présidentielle. Seule une alliance entre l’aile gauche du Parti Socialiste, désormais soutenue par EELV, et la France Insoumise peut faire échec à la victoire annoncée d’un candidat de droite. C’est le principe d’une telle alliance, basée sur les très nombreux points de convergence entre les programmes de Hamon et de Mélenchon, que je défendais dans un article publié le mercredi 22 février : Hamon et Mélenchon sont-ils des irresponsables ?
Une telle alliance ne pourrait évidemment être en aucun cas un ralliement de la France Insoumise au Parti Socialiste, mais le résultat d’une négociation paritaire équitable engagée dans le seul but de servir les intérêts des classes populaires en se donnant les moyens d’une victoire à la présidentielle. Avec à la clé un candidat unique et un « programme commun » renaissant qui, hors étiquettes du PS et de la FI, pourrait voir le jour dans le cadre d’une « Union de la Gauche de Progrès (UGP) ».
Dans le sondage Odoxa, le total des intentions de vote de Hamon (13 %), de Mélenchon (12 %) et de Jadot (2 %) culmine à 27 %. En admettant qu’une telle alliance suscite une inévitable déperdition de voix, ce total n’en permettrait pas moins de concurrencer Macron et de donner une chance réelle d’accession au 2e tour à la gauche de progrès. Dès lors, la question qui se pose est simple : faut-il coaliser toutes les énergies pour mettre en œuvre cette UGP et avoir une chance d’éviter aux classes populaires de nouvelles régressions de leurs droits sociaux ? ou a contrario s’enfermer dans un corpus idéologique, certes respectable, mais appelé à rester lettre morte ?
À chacun de juger, en son âme et conscience.