Si l’on rejouait la présidentielle de 2017...

par Fergus
lundi 23 octobre 2017

Tel est l’exercice auquel s’est livré l’IFOP pour le compte du JDD (Journal du Dimanche) sur le modèle de ce qui avait déjà été réalisé par cet institut lors des deux précédents mandats, en 2007 et en 2012. Et le moins que l’on puisse dire est que les résultats de cette enquête sont surprenants...

Alors qu’Emmanuel Macron enregistre ce week-end une nouvelle baisse de popularité qui le maintient sous la barre des 50 % (42 % pour l’institut IFOP), l’enquête conduite pour le JDD par ce même IFOP (lien) sur les bases de l’offre électorale du 1er tour de la présidentielle nous indique clairement que l’actuel chef de l’État serait paradoxalement mieux élu aujourd’hui qu’il ne l’a été au printemps 2017.

Avec un score de 28 %, Emmanuel Macron, en hausse de 4 points, creuserait en effet nettement l’écart avec Marine Le Pen, stable à 21,5 % contre 21,3 %. Et cela au détriment d’un François Fillon qui, avec 15 % (en forte chute de 5 points) serait dépassé par Jean-Luc Mélenchon, malgré un tassement du leader de la France Insoumise, crédité de 18 % contre 19,6 en avril 2017. 

Ces données – qui gagneraient toutefois à être confirmées par d’autres enquêtes du même type – n’en sont pas moins significatives de l’état de l’opinion 6 mois après le scrutin présidentiel. Manifestement, la politique conduite par Emmanuel Macron n’est rejetée que de manière marginale par les Français, à l’évidence anesthésiés par le discours de type « TINA » (There Is No Alternative) tenus par nos gouvernants et leurs communicants. En réalité, le chef de l’État perd dans l’électorat de gauche ce qu’il gagne dans les rangs de la droite, orpheline d’un leadership que Fillon ne serait pas à même d’assumer en ce mois d’octobre, et de plus en plus séduite par le positionnement résolument libéral du président.

Rien de très surprenant dans le constat que nous soumet l’IFOP : il est manifeste que la contestation sociale face aux mesures législatives pilotées par l’exécutif n’a jusque-là pas pris, en grande partie parce que les mesures envisagées figuraient de facto dans le programme du candidat En Marche ! En cause également le fait que l’opposition, éclatée entre la FI, un FN quasiment inaudible, un parti LR très divisé et des socialistes inexistants, ne semble pas en mesure de contrer la volonté de contre-réformes de l’exécutif. Et cela d’autant moins que les revendications sont divergentes. Seule, la France Insoumise fait preuve de combativité, mais apparemment sans parvenir à convaincre au-delà des rangs de ses électeurs fidèles.

Pour mémoire, rappelons que cet exercice de l’IFOP avait, en 2012, été favorable à Nicolas Sarkozy qui, 6 mois après sa défaite, était donné 1,5 points devant François Hollande alors qu’il avait été devancé du même écart au mois d’avril.

Emmanuel Macron doit-il se réjouir de ce sondage et en tirer la conclusion que sa politique est approuvée ? Certainement pas, et les enquêtes de popularité montrent qu’il existe une vraie défiance à l’égard de ses choix socioéconomiques. Mais il est incontestable qu’en l’absence d’une opposition véritablement structurée et élargie au-delà des seuls Insoumis, le chef de l’État bénéficie, sans doute encore pour quelques mois, d’une « fenêtre de tir » pour conduire les contre-réformes qu’il a été mandaté pour mener à bien par les puissances de l’industrie et de la finance, avec le concours des médias mainstream.

Ce sondage est-il à considérer comme une pierre apportée en soutien de cet édifice ? C’est possible, mais sans doute à la marge car les manifestations étiques contre les textes macroniens sont là pour le montrer : les classes populaires et moyennes ne sont pas au rendez-vous de la lutte. Or, demain il sera trop tard !!!


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