SMIC, chômage : le PS persiste dans le côté obscur
par Laurent Herblay
mercredi 16 décembre 2015
Après les élections régionales, la majorité a fait deux annonces extravagantes. D’abord, elle a annoncé une hausse a minima du SMIC, de 0,6%. Puis, en réaction aux résultats électoraux, elle a annoncé un nouveau train de mesures destinées à faire baisser le chômage pour mi-janvier.
Antisocial sur le pouvoir d’achat
Malheureusement, le choix du gouvernement sur le SMIC n’est pas une surprise. Juste après son élection, François Hollande s’était contenté d’un coup de pouce de 0,6% au-dessus du minimum légal. Pas cher payé pour une majorité qui se dit socialiste. Il faut rappeler, encore et encore, que le Jacques Chirac de la fracture sociale avait accordé 2% de coup de pouce à son élection en 1995. Quand la droite pourtant post-gaulliste parvient à être trois fois plus généreuse que le parti dit socialiste ! Et depuis, rien. Le gouvernement n’a pas accordé le moindre coup de pouce supplémentaire depuis trois ans et demi, un fait qui en dit long sur ses priorités et le choix destructeur de la compétitivité à tout prix. Pire, la rémunération des patrons du CAC40 a augmenté dix fois plus rapidement, soit +6% en un an.
Même si ce choix tient aussi à la structure de notre fiscalité, il faut rappeler que c’est le libre-échange non maitrisé avec des pays où les salaires sont 10 ou 20 fois plus bas qui met la pression sur le niveau des bas salaires. Mais parce qu’elle refuse de remettre en question le libre-échange anarchique, les « socialistes » en viennent à adopter l’agenda salarial du Medef d’un blocage du SMIC, alors même que les économistes soulignent que la hausse des bas salaires est un moteur pour la croissance (pour peu que l’on maîtrise les importations bien sûr). Et ce choix est encore plus effarant qu’un débat émerge sur le niveau du SMIC, en Allemagne, en Grande-Bretagne ou même aux Etats-Unis, avec la volonté de le revaloriser. Bref, Hollande continue à mener la politique de la droite la plus stupide.
La découverte du chômage de masse
Si on est extrêmement indulgent, on peut voir dans l’annonce d’un nouveau plan de lutte contre le chômage une forme d’ouverture d’esprit du gouvernement, qui ne s’en tient pas aux mesures inefficaces annoncées depuis 3 ans et demi, que ce soit les différents plans de 2012, puis le CICE de 2013, et enfin l’annonce d’un plan de baisse massif des cotisations sociales patronales. Mais finalement, ce que l’on retient de l’annonce, c’est le caractère effarant d’un gouvernement qui semble découvrir le fait que le chômage est au plus haut de notre histoire, après trois ans et demi de hausse quasiment continue et qui se réveille, sans doute grâce au vote des classes populaires et des chômeurs, qui privilégient encore davantage le FN : des sondages affirment que 40% des classes populaires votent pour lui.
Et il faut dire que le réveil tellement tardif et surjoué de la majorité ne risque pas de changer cela, d’autant plus que les quelques mesures qui semblent être étudiées sont totalement dérisoires, outre le fait de suivre la politique de l’offre suivie depuis 2013, et dont on a bien vu les résultats pour le dernier mois, marquant un nouveau record du nombre de chômeurs. Le pire est que Paul Krugman, « prix Nobel d’économie » avait annoncé l’échec de François Hollande en dénonçant une politique digne de la droite la plus bête. Si le PS pense inverser la courbe du chômage avec une baisse des indemnités de licenciement et des cotisations patronales, il se met un doigt dans l’œil. Malheureusement, la protection de notre marché intérieur contre la concurrence déloyale ne sera même pas étudiée.
Par les choix et les annonces qu’il a fait, le gouvernement semble vouloir aller toujours plus loin dans la ligne décrite par Terra Nova, se coupant de classes populaires qu’il a abandonné au FN. Les annonces de cette semaine sont sans doute davantage à destination des classes moyennes et supérieures que le PS semble désormais vouloir prendre à la droite, en suivant l’agenda du Medef…