Socialistes et écologistes, comme une odeur de poudre
par Francois Vial 75
mercredi 27 juin 2012
L’alliance passée avant la Présidentielle entre le PS et Europe-Ecologie – Les Verts a offert à ces derniers – sur un plateau – suffisamment de sièges à l’hémicycle pour constituer un groupe parlementaire : situation ubuesque au regard de leur réel potentiel électoral et... source de conflits en vue !
Après avoir crié au « moment historique » que constituait selon eux l'accession à quelques menus privilèges de la République (collaborateurs, voitures de fonction avec chauffeur, crédits, etc…), les écologistes commencent à s’apercevoir que les socialistes les prennent pour… ce qu’ils sont vraiment : de simples supplétifs !
Premier sujet d’étonnement, la nomination très politicienne de Cécile Duflot au rang de ministre de plein exercice. On pouvait s’attendre à ce que la future-ex secrétaire nationale d’EELV atterrisse dans un ministère lié à ses supposées compétences ; or, c’est au Logement – et à l’Egalité des territoires – que son parachutage l’a menée. Voilà qui en dit déjà long sur la crédibilité accordée par la gauche aux écologistes en matière… d’écologie et de développement durable !
Autre avertissement, le recadrage sévère de la même Cécile Duflot par le chef de l’Etat et celui du Gouvernement, après qu’elle s’est prononcée – de quel droit ? – en faveur de la dépénalisation du cannabis. Encore toute extasiée de sa fraîche nomination, sans doute la ministre a-t-elle pensé qu’elle allait réellement pouvoir imposer ses vues à François II...
Les élections législatives se sont déroulées sur ces entrefaites, sur fond de fronde menée par des responsables socialistes peu désireux de s’effacer au profit de parachutés écologistes : sept candidats PS sur dix l’ont ainsi aisément emporté sur les candidats officiellement soutenus par les deux partis. Aujourd’hui, tous siègent dans le groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, et ont donc échappé à toute mesure de sanction.
Récemment, le mini-remaniement ministériel a également constitué un désaveu pour le parti vert : lasse – après six semaines ! – de l’autorité de la Garde des Sceaux Christiane Taubira, la ministre déléguée à la Justice Delphine Batho a obtenu un autre ministère : celui de… l’Ecologie ! Autant dire un domaine d’action bien loin de sa spécialité reconnue au PS, la sécurité !
Dernier camouflet en date, la nomination des présidents de commission à l’AN : alors que l’accord EELV – PS prévoyait d’accorder aux écologistes la présidence de la commission dédiée au Développement durable, les tauliers socialistes s’y sont opposés tout net, obtenant rapidement gain de cause. Une nouvelle fois en bonne logique tambouillarde, le lot de consolation offert au groupe EELV a été la présidence de la commission des… Affaires européennes ! Proposition snobée par les écologistes, lesquels ont exercé en rétorsion leur terrible pouvoir, en n’apportant pas leurs 17 voix à Claude Bartolone lors de son élection gagnée d’avance au perchoir de l’Assemblée. Il est permis de douter de leur détermination lorsqu'il s'agira de faire de même lors de votes serrés, sur de vrais enjeux : Tonton Ayrault leur ferait alors les gros yeux...
Décidemment, les écolos français sont meilleurs en arrangements qu’en politique du réel mais, s’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer, tant ils nous font rire…