Soldes, tout doit disparaitre

par olivier cabanel
lundi 15 janvier 2018

Cette phrase maintes fois entendue n’est pas fondée : « Macron aurait fait exploser le gauche et la droite... »

En effet, Macron n’y est pour rien, il est seulement arrivé au bon moment.

La gauche, c’est Hollande, et Mitterrand qui ont réussi à la tuer et la droite, c’est Fillon qui s’en est chargé.

Alors que les politologues de tout crin ne cesse d’affirmer que Macron a procédé au grand nettoyage, supprimant magistralement les deux grands partis du pays, les socialistes, et les républicains, et cerise sur le gâteau, affaiblissant durablement le FN, quelques intellectuels contestent cette analyse simpliste, et démontrent, preuves à l’appui, que la réalité était tout autre.

Il fallait écouter France culture, le 13 janvier 2018, les interventions de Luc Ferry, l’ex-ministre, dans l’émission « Répliques » de Finkielkraut pour comprendre qu’une autre analyse était possible.

Hollande, tout comme son prédécesseur socialiste, a trahi ses électeurs, conduisant la politique quasi inverse de celle qu’il avait défendu avant d’arriver au pouvoir...et il ne pouvait plus se présenter, alors que personne, dans son parti ne pouvait espérer être élu.

Le candidat que les socialistes s’étaient choisi, Hamon en l’occurrence, a été abandonné au milieu du gué par son propre parti, sans aucune chance de l’emporter.

Quant à la droite, en validant la candidature de Fillon, écartant le candidat légitime qu’était probablement Juppé, elle s’apprêtait à se tirer une balle dans le pied.

Après l’affaire des emplois fictifs, puis celui des costumes offerts, Fillon n’avait plus aucune chance de l’emporter, et les barons des républicains n’ayant pas réussi à bloquer sa candidature, ont mené leur parti droit dans le mur.

Pour le front national, son affaiblissement est probablement dû à la prestation lamentable de sa cheftaine, laquelle est tombée dans le piège tendu par celui qui est devenu aujourd’hui président, lequel avait fait courir le bruit que si MLP était trop agressive, il aurait quitté le débat. lien

Le Pen a donc tenu des propos caricaturaux, excessifs, allant jusqu’à déformer la réalité, espérant que son contradicteur allait perdre son sang-froid et quitter le plateau... lequel constatant que sa stratégie avait réussi au-delà de toute espérance, droit dans ses bottes, renvoya MLP dans les cordes, regrettant qu’elle ait « mal préparé ses dossiers »...lien

L’affaire était bouclée, et finalement la seule victoire que l’on puisse mettre au crédit de Macron, c’est celle d’avoir fait perdre le FN, qui était son seul adversaire à ce moment, mais pas d’avoir fait tomber ni les socialistes, ni les républicains, seuls responsables de leur propre échec ainsi que l’explique Luc Ferry.

Extraits : « je pense que Macron n’a rien fait exploser du tout, je pense que Hollande a tué la gauche, et que Fillon a tué la droite, pour dire les choses d’une formule, la mer rouge s’est ouverte devant lui, il a eu l’audace de profiter de l’évènement, « a Fortuna » comme disait Machiavel (...) mais c’est pas du tout lui qui a tué les partis politiques ». lien

En attendant, Macron est dans la place, et joue des coudes pour la garder le plus longtemps possible, alternant promesses et renoncements, disant une chose et son contraire, affirmant sans rougir les plus gros bobards, le dernier en date étant « l’augmentation du pouvoir d’achat des français »... alors que depuis le 1er janvier, une pluie de taxe est tombée sur la tête des français, ainsi que je l’indiquais dans un article récent, preuves à l’appui.

Avec cette avalanche de taxes, qui ne sont jamais que des impôts déguisés, on voit assez mal comme le pouvoir d’achat des français pourrait être relancé ?

Récemment Macron affirmait avec un certain cynisme, « nous augmenterons encore plus le pouvoir d’achat... de tous ceux qui travaillent davantage », nouvelle version de la formule sarkosiste, et que Monsieur de La Palisse aurait pu prendre à son compte.

Quant à la suppression de la taxe d’habitation pour 4 français sur 5, élargie à tous d’ici la fin du mandat présidentiel, elle a du plomb dans l’aile, puisque d’abord, elle ne serait effective qu’en 2020... alors que l’augmentation des divers impôts est déjà effective depuis le 1er janvier 2018... puis récemment, Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’intérieur, laissait fuiter une info, démentie depuis, qu’il faudra bien compenser le manque à gagner de cette taxe d’habitation par un nouvel impôt, (lien) ce qui malgré les dénégations de Bruno Le Maire, et le rétro pédalage de la ministre, parait bien inévitable. lien

Quant à la promesse des lunettes prothèses dentaires, et auditives, elle serait prise en charge... d’ici à 2022... date de la fin de son mandat.

Sur ce fameux pouvoir d’achat, on est toujours sans nouvelles de la promesse de porter le « minimum vieillesse » au-delà des 900 euros... sera-t-elle effective avant la fin du mandat, ou comme plusieurs autres promesses, elle sera reportée d’année en année ?  lien

Richard Ferrand, porte-parole du gouvernement, s’est livré le 14 janvier, sur l’antenne d’Europe 1 à un numéro d’équilibriste, sur le thème favori présidentiel, celui du « en même temps  », maniant une magnifique langue de bois, qui n’a manifestement pas convaincu grand monde. lien

Par contre, un qui ne manie pas cette langue, c’est Gérard Filoche, qui, en quelques mots bien sentis définit le véritable programme de notre nouveau prez... et si ses déclarations peuvent paraitre abruptes, elles ont le mérite de la clarté.

Rappelant qu’il a été inspecteur du travail, et qu’au cours de son existence, il a visité près de 10 000 entreprises, le Code du Travail à la main, ce qui lui a permis de comprendre la souffrance de ceux qui produisent des richesses, et qui pour autant ne reçoivent pas la part qu’ils méritent.

Il répond à Macron, lequel prétend vouloir « libérer le travail », qu’en réalité, il veut exploiter davantage les travailleurs, en permettant aux patrons de les licencier plus facilement, en affaiblissant en même temps le pouvoir des prudhommes, en se moquant de l’hygiène et de la sécurité des conditions de travail, en faisant quasi disparaitre les CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité des Conditions de Travail). lien

Rappelant qu’il y pratiquement chaque année 600 morts, 4500 handicapés, dus aux conditions de travail.

Pour lui, Macron est une « anomalie de l’histoire », et c’est peut-être « le pire des régimes qu’on aura eu depuis la seconde guerre mondiale, d’autant qu’il a l’intention de défaire tout ce qu’avait mis en place le Conseil National de la Résistance, notamment en cassant le salaire brut  ».

Pour Gérard Filoche, il s’agit d’un cadeau de 450 milliards d’euros fait au Medef, ce qu’il appelle « le plus grand hold-up qui ait jamais été fait jusque-là ». lien

Au-delà de la ringardisation des partis traditionnels, il y a aussi la volonté macronniste d’amoindrir le pouvoir des syndicats, comme l’assure Philippe Martinez, le patron de la CGT, sur l’antenne de France Inter, le 15 janvier 2018, et Martinez martèle : « il faut libérer la parole de ceux qui travaillent  ». lien

Il y a une autre conséquence inquiétante de l’effet Macron sur la quasi disparition des partis, les débats sur les sujets de sociétés leurs échappent maintenant, et deviennent interne à « la république en marche ».

En effet, il arrive régulièrement qu’il y ait désaccord interne entre les membres de la majorité présidentielle sur tel ou tel sujet, et cela n’apparait pas comme des couacs, mais simplement comme « débats internes ».

Ainsi, si on prend la question de NDDL, alors que Ferrand est pour, d’autres de son parti sont contre, comme par exemple François-Michel Lambert. lien

Finalement, c’est le président qui tranche, prouvant par là même que nous sommes bel et bien tombés en pleine monarchie institutionnelle.

Comme l’expliquait dès le mois de juin 2017 le chroniqueur du journal « le Temps », Richard Werly, « Macron ce président qui peut devenir Roi ». lien

Dans son blog « nouvelle Chouannerie », Jean-Philippe Chauvin ne disait pas autre chose dès le lendemain de l’élection : « la République a semblé prendre les atours de l’ancienne monarchie  », reconnaissant plus loin «  cette volonté de renouer avec une part monarchique de l’héritage français tant par ses liens forts avec l’oligarchie financière, et son européisme revendiqué  ». lien

Le bloggeur monarchiste ajoute : « il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort  ».

Mais pour finir sur le ton de l’humour, pourquoi ne pas visionner cette vidéo, détournement cocasse et cruel des vœux présidentiels.

Car comme disait mon vieil ami africain : « Là où les vautours planent, il y a une carcasse ».

L’image illustrant l’article vient de « vippeople.net »

Merci aux internautes de leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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