Sondages, le calme avant la tempête ?

par Yann Riché
jeudi 23 novembre 2006

Alors que le dernier Sondage IFOP vient de sortir et que les chiffres sont relativement stables par rapport au mois dernier, une étude prospective des différentes données m’a amené à un scénario de politique-fiction qui peut se transformer en véritable cauchemar.

Je vous propose de regarder ce tableau de l’ensemble des sondages réalisés depuis la rentrée concernant le premier tour de la présidentielle :
NSPP 5%15% 19% 30% 32% 2% 20%21%33%
Besancenot + Buffet 9%7% 6% 8% 7% 7% 6%8%8%
Royal 29%30% 34% 29% 32% 26% 34%29,5%30%
Bayrou 11%8% 7% 7% 7%% 12% 7%7%6%
Sarkozy 29%34% 34% 30% 31% 32% 36%38%30%
de Villiers 2%4% 2% 2% 2% 4% 2%3%3%
Le Pen 11%10% 13% 15% 15% 13% 11%9,5%15%
Date 18/11/0613/11/06 9/11/06 8/11/06 18/10/06 13/10/06 13/10/065/10/0614/10/06
Organisme IFOP IPSOS TNS Sofres Unilog CSA CSA IFOP TNS Sofres UnilogTNS SofresCSA


Vous le constatez, j’ai réuni, petite anticipation et risque assumé, Marie-Georges Buffet et Olivier Besancenot. En effet, le front anti-libéral ne peut être efficace que s’il existe une certaine unité, même de façade, pour créer la surprise.

En effet, les données des différents sondages sont stables, les deux favoris se tassent, ce qui est fort logique, et le nombre de NSPP diminue.

Quels sont les scénarios prévisibles ?
Le scénario le plus probable à mon sens est le suivant :
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy étant sur des bases importantes devraient voir leur cote se réduire en fin de parcours ; oui, mais au profit de quel(le/s) candidat(e/s) ?


C’est là que tout peut se jouer. Les dernières élections, en 1995 et en 2002, ont montré que les candidats du premier tour plafonnent sur une base de 20% des suffrages exprimés. Ce scénario risque de se reproduire, même si le renouveau politique instauré par les deux stars du système semblent pour l’instant à l’abri de tout accident. Mais vous le comprenez tous, s’ils perdent chacun 10 points, alors Le Pen, les antilibéraux dans le cas d’une candidature unitaire, voire Bayrou dans le meilleur des cas, peuvent se retrouver au second tour.

Comme par ailleurs l’ensemble des données concernant la défiance des Français à l’égard du système politique actuel demeure forte, l’improbable duel entre Le Pen et un antilibéral demeure une fiction dont la probabilité peut progresser dans le temps.

Pour cela il suffit de combiner deux facteurs, qui ne seront pas difficiles à réunir :

Le troisième facteur pour bien rouler le tout viendra d’une ou deux affaires, montées ou réelles, qui viendront pourrir un peu plus l’ambiance et seront livrées à la presse par hasard quelques semaines avant le scrutin.

Si l’on considère par ailleurs les données de l’enquête CEVIPOF - ministère de l’Intérieur "Baromètre politique français - 2e vague automne 2006" on peut avoir quelques inquiétudes.

En effet les programmes politiques se calquent sur les préoccupations des Français, et la première remarque tient au fait que 40% des Français estiment qu’il faut se protéger davantage du monde, en progression de neuf points par rapport à l’enquête du printemps 2006.

Le deuxième point porte sur l’évolution perçue de la délinquance qui augmente de cinq points par rapport à l’enquête précédente, 31% des Français estimant que cette dernière a augmenté là où ils habitent.

Le troisième point porte sur la préférence pour gouverner le pays ; seuls 35% des Français font confiance à la droite ou à la gauche pour gouverner le pays (en légère augmentation). C’est-à-dire que 65% ne font pas - ou que peu - confiance à la droite et à la gauche.

Si ces résultats ne surprennent pas, ils permettent d’établir un thermomètre. Et la France a donc bien la fièvre, d’une maladie qui est une forme de dépression, avec une perte de confiance prononcée.

Quand il va falloir proposer des solutions, il sera plus facile aux uns et aux autres de s’accuser de tous les maux, plutôt que de défendre et de construire un projet. Et à ce petit jeu, les thèses extrémistes l’emportent plus facilement. D’autant plus facilement aujourd’hui qu’il suffit de se remémorer 2002 pour se dire que le vote protestataire a depuis évolué vers un vote de défiance ; en effet ce vote n’a pas permis de changer la donne, alors la tentation pourrait être forte d’amener deux candidats, l’un de l’extrême droite, l’autre de l’extrême gauche, au deuxième tour de l’élection, rappelons-le quand même, cette fracture ressemble à s’y méprendre au référendum de 2005.

Heureusement, peut-être, que les divisions de la gauche antilibérale sont plus fortes que celles du PS et de l’UMP réunies, sinon ce scénario catastrophe ne serait qu’un scénario d’anticipation.


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