Sondages présidentiels : attention les chiffres !
par pmixx
vendredi 20 avril 2007
Finalement le 22 avril 2007, les plus grands perdants du scrutin présidentiel seront peut-être les instituts de sondages. Déjà sur la sellette le désormais célèbre 21 avril 2002, ils risquent fort au soir du 1er tour de devoir à nouveau rendre des comptes à la lecture des résultats définitifs. En effet. Mettre Nicolas Sarkozy à 30 % et Ségolène Royal à 25 %d’intention de votes équivaut dans l’absolue à ce que le candidat UMP double le score de Jacques Chirac en 2002, soit 11 millions de suffrages exprimés, et que la candidate PS double le score de Lionel Jospin, soit 9 millions d’électeurs. En définitive, un scénario hautement improbable.
Partons des chiffres réels. Pour ce scrutin, il y aura 44,5 millions d’électeurs inscrits (41,1 en 2002). Lors du précédent scrutin, avec un taux d’abstention record (28,4 %), ils étaient 29,4 à aller voter et 28,4 à s’exprimer.
Pour ce dimanche, la mobilisation devrait être largement plus forte, encouragée par les résultats du scrutin de 2002 et l’arrivée de « nouveaux citoyens ». Avec une abstention entre 18 et 19 %, on aura au total 36,5 millions d’ électeurs qui se présenteront aux urnes. En comptant une baisse du vote blanc induits par le vote électronique et le vote utile, on peut se retrouver avec un chiffre étalon de 36 millions de suffrages exprimés.
En prenant en compte les chiffres de 2002, les suffrages réellement exprimés pour les candidats. En redistribuant par exemple les voix de Jean-Pierre Chevènement sur les candidatures de François Bayrou ou Ségolène Royal, en intégrant les 7,5 millions de nouveaux électeurs qui s’expriment de façon plus ou moins homogènes, nous pouvons arriver à des fourchettes hautes et basses en millions de voix, proche d’une certaine réalité arithmétique.
Si on prend en compte les « dynamiques de campagne » des uns et des autres et l’arithmétique, on pourrait au soir du 1er tour être dans cette configuration (avec une marge basse et une marge haute)
- Sarkozy Nicolas 6,6 à 7,5 -> 18,3 à 20,8 %
- Bayrou François 6 à 7,5 -> 16,6 % à 20,8 %
- Royal Ségolène 6 à 7 -> 16,6 % à 19,4 %
- Le Pen Jean-Marie 5,5 à 6,5 -> 15,2 % à 18 %
Le candidat qui voudrait franchir la barre des 20 % devrait rassembler plus de 7 millions d’électeurs. Dans cette configuration d’une bonne mobilisation, Jean-Marie Le Pen se voit immédiatement obligé d’aller chercher 1 million de nouveaux électeurs pour croire en ses chances d’être à 18 %.
Pour les « petits candidats », cette arithmétique les rapprocherait plus de 4-5-6 % que de 1-2-3 %. En définitive, cette étude qui n’a pas vocation scientifique tend à nous montrer que les quatre gros candidats seront en ballottage dans une fourchette de 15 à 20 %, dans laquelle chaque voix comptera, ce qui finalement nous aide à mieux décrypter l’actualité immédiate.
Elle nous montre également que chacun peu mieux appréhender les sondages qui sont jeter en pâture à quelques jours du 22 avril 2007 sur la voie publique, avec en tête ces 36 millions de suffrages potentiels exprimés, et les rapporter aux ratios que nous proposent les instituts de sondages.
Qui avait dit qu’en matière de sondage, les leçons du 21 avril 2007 avaient été retenues ? Rendez-vous dimanche.