Sortir le sortant ?

par teddy-bear
mercredi 1er février 2012

En se gardant bien d'entrer dans une polémique politicienne, il faut bien reconnaître que le climat ou le paysage de la campagne présidentielle vient brusquement de changer. On attendait, surtout la majorité et ses snippers, Hollande au tournant, ce mou de la cervelle, ce capitaine de pédalo ou de bateau de croisière qui mènerait la France sur un écueil, sans aura ni programme. Et bien nous avons été surpris. Voilà un candidat qui se veut normal, c'est-à-dire intègre et qui s'adresse à travers un meeting destiné à gonfler la ferveur des militants, à la France pendant deux heures, sans notes, sans trop d'effets oratoires et sans lapsus ou bafouillages. Puis, le même soir, toujours dans les mêmes dispositions, sans fatigue apparente et énervement, il affronte des journalistes ou experts critiques sans coup férir. Enfin, il lui reste assez d'aplomb et non pas d'arrogance, pour contrer un Juppé qui commence c'est évident, à nager dans ses bottes. On peut d'ailleurs se demander pourquoi avoir choisi le ministre des Affaires Etrangères dont le C.V politique est tout de même entaché, ce qui lui a valu un séjour au Canada, pour cet affrontement ? Pourquoi n'avoir pas proposer Nadine Morano ?. Bref, ce fut une belle performance et l'opinion publique l'a salué comme telle, ainsi que beaucoup d'observateurs et politiques de droite.

Certes, l'affaire n'est pas dans le sac du P.S et l'assurance qu'Hollande affiche est un minimum. Qu'aurait-on dit d'un candidat affichant le moindre doute sur sa victoire les responsables de l'UMP ? Puisqu'il faut bien parler d'eux, il flotte dans leurs rangs une trouille visible et d'aucuns parlent à juste titre de panique à voir et entendre leurs interventions qui partent dans tous les sens, un mot d'ordre unique tout droit sorti de ces éléments de langage qui véhiculent les mêmes erreurs ou approximations. Exemple la remarque circonstancielle de Juppé sur l'arrogance de son interlocuteur. Et tout ce beau monde d'attendre le chef qui s'adressera aux Français, tel un Churchill aux petits-pieds, à travers 6 chaînes de télévision. "Sarkozy a exigé de ne passer ni sur La Chaîne Météo, ni sur Equidia. On est quand même dans un pays très, très libre" a résumé Laurent Fabius.http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-chant-du-cygne-de-nicolas-109112.....

On allait voir ce que l'on allait voir et on a vu.....un président sortant et candidat putatif qui a peur de ne pouvoir rentrer, un candidat caché qui se veut germanophile, (1) et qui pour expliquer cette attitude nous emmène dans des explications sinueuses, alors que tout le monde connaît déjà sa décision, ce qui confirme ainsi qu'il prend les gens, Français ou d'ailleurs, pour des lapins de trois jours. (2) Surtout lorsqu'il affirme n'avoir jamais parlé de TVA « sociale » espérant que l'opposition et les journalistes et l'opinion publique oublient sa déclaration de juin 2007, lors d'un discours de politique générale aux parlementaires de la majorité, juste après son accession à l'Elysée relève Le Monde.

On s'attendait à une politique nouvelle, à des mesures économiques, certes difficiles à faire admettre, nous n'avons eu droit qu'à un contre-plan socialiste en quelque sorte, fabriqué à la va-vite. Banque de l'industrie chez l'un, d'investissement pour l'autre et mesures avoisinantes pour le logement, certainement pas à un constat avoué d'échec de compétitivité des entreprises "depuis dix ans", période ou la droite est au pouvoir et ce bien avant le début de la dernière crise.

Le programme Hollandien n'est pas miraculeux ni l'annonce du grand soir, nous n'avons pas aujourd'hui sous la main de Jaurès, Blum ou même Mitterand, ce qui le sépare des vœux de la gauche révolutionnaire historique, sinon de son extrême , il s'agit de gérer au mieux, hélas, les méfaits incontournables du capitalisme et a au moins l'avantage de vouloir agir dans la perspective d'une plus grande justice et d'équité sociales. A ce sujet, DSK dont les avis sont courus, n'aurait-il pas directement ou par son entourage apporté ses conseils à l'équipe socialiste dirigée par Fabius ?

Les sondages que l'Elysée scrute avec angoisse (sauf ceux du Figaro) et qui sont corroboré par les R.G , font état unanimement d'une mauvaise posture de l'actuelle majorité de l'Assemblée Nationale ce qui est le prix à payer pour ce régime pseudo-présidentiel, due à l'impopularité affirmée du locataire de l'Elysée. Aujourd'hui, les carottes paraissent presque cuites pour la majorité, mais si un mouvement contraire survenait grâce aux puissant appareil Etat et de l'UMP réunis, pourquoi ne parle-t-on pas du troisième tour, alors que tout le monde y pense, voir Mélenchon, les écolos, le F.N ?. L'horizon politique de la France, notamment celui des régions est acquis à la gauche, le Sénat également et les deux adossés sur une indéniable volonté des électeurs socialistes, de ses sympathisants et de beaucoup d'autres, d'un véritable changement de politique, loin du monde des affaires nauséeuses qui pendent aux basques de la droite au pouvoir. Loin également des gesticulations et faits divers politico-people que traînent Sarkozy, comme l'épisode indélébile du Fouquet's, ce bistro, bévue originelle et peut-être symbole fatal du quinquennat, outre un bilan négatif, imparable obstacle, mais que pourrait contourner un Sarkozy et une équipe percutante. Il n'est pas impossible alors que nous débouchions, avec la réélection du président sortant, sur un régime d'alternance, une nouvelle fois en faveur de la gauche.

Pour terminer, je ne peux m'empêcher de penser que les dernières annonces sarkosistes, si elles étaient bonnes à ses yeux auraient dû être prises bien avant la veille de l'élection présidentielle, on aurait gagné du temps. Celles concernant les effets de la crises sont discutables et discutés y compris chez les futurs candidats de droite qui s'affolent. Il faut se rendre à l'évidence et estimer que François Hollande est capable de faire un peu mieux.

(1) On apprend que Mme Merckel va appuyer Sarkozy dans sa campagne !! Alors qu'elle vient « d'imposer » au parlement européen son fameux traité, ce que refuse les Anglais.

(2) Devant ce dilemme une solution pourrait apparaître, la mise en disponibilité du président candidat à sa succession et laisser les rênes du pouvoir au deuxième personnage de l'Etat comme dans les cas de carences.


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