Stéphane Guillon, l’insolence nécessaire

par olivier cabanel
jeudi 5 mars 2009

De tout temps, les bouffons ont eu leur utilité
Soit parce qu’ils amusaient le monarque,
Soit parce qu’ils vengeaient le petit peuple, et le plus souvent, les deux à la fois.
Aujourd’hui la question fait débat et les impertinences de Stéphane Guillon pourraient, dit-on, coûter sa place au patron de Radio France

L’affaire a commencé il y a quelques jours, lorsque Stéphane Guillon décida de brocarder DSK, invité le jour même dans la matinale de France inter, et mis le doigt là où çà fait mal, en l’occurrence la libido du nouveau directeur général du FMI, et futur potentiel candidat socialiste pour 2012.

Celui ci apprécia modérémment le ton de l’humoriste, et fustigea le « malappris ».

Avant Stéphane Guillon, d’autres ont payé cher leur impertinence, pourtant nécessaire, comme par exemple Hara Kiri hebdo, qui à la suite d’un titre ravageur « bal tragique à Colombey= un mort », pour brocarder l’annonce de la mort du grand Charles, et la rapprocher de l’incendie d’une boîte de nuit ou des dizaines de jeunes trouvèrent la mort, à St Laurent du Pont, en Isère.

L’hebdo fut interdit, et ne trouva comme parade qu’un changement de nom.

Plus près de nous, Coluche paya très cher sa volonté d’étre le candidat d’une élection présidentielle.

Jean Paul Cluzel, patron de radio France fera-t-il les frais de l’affaire ?
Son mandat finit bientôt et les nouvelles lois sarkozystes permettent au président d’en nommer un autre en vertu de celles-ci.

D’autant que çà n’a pas plu en haut lieu de voir le patron de radio France s’afficher en exhibant un tatouage…
Sarkozy aurait trouvé çà vulgaire.
Plus vulgaire que de traiter un citoyen de « pauv’con » ? ou d’arborer de grosses montres à un peuple qui cherche désespérement du travail ?

D’autant qu’il a reproché le 27 février dernier à Jean Paul Cluzel d’être « manipulé par la gauche et les syndicats ».

Déjà, pour une chaîne de TV, TF1, pour ne pas la nommer, PPDA avait payé cher son impertinence, comparant le président « à un petit garçon jouant dans la cour des grands ».

Ce qui n’a pas eu l’heur de plaire à celui-ci, qui par leviers interposés a fait virer l’insolent.

On le voit, le Prez n’aime pas l’humour quand il le vise, même par ricochet.

Parmi les pressentis pour remplacer Jean Paul Cluzel on entend prononcer le nom de Laurent Jouffrin, pourtant considéré comme assez critique vis-à-vis du chef de l’état.

Si cela était le cas, celui ci accepterait-il facilement une telle nomination, quitte à se faire montrer du doigt par ses pairs ?

On le sait maintenant, l’humour n’est pas la qualité première de notre président, celui-ci venant de nommer à un poste important un discutable Bigard, qui « met le paquet » mais se met a genoux devant le Pape.
De l’humour ?
Pas sûr.

Ce qui est certain, c’est que l’humour a toujours été la soupape de sécurité d’un système, surtout lorsque celui-ci ne fait pas l’unanimité.

Le 19 mars prochain, une fois de plus, les Français vont descendre en grand nombre dans la rue pour marquer leur désaccord avec un pouvoir qui les a déçu.
Par un pouvoir qui a réagit trop tard façe à la crise,
Qui a réagi trop tard dans nos lointaines provinces,
Et qui cherche surtout à reprendre la main, visant sa réélection pour 2012.

Que va donc devenir le service public ?
France télévision privée de pub, et d’une partie de son financement ne s’en tire pas mal,
Qu’en sera-t-il de Radio France ?
Après avoir mis sous coupe réglée la Justice, le Parlement, le Sénat, et tant d’autres institutions, le « monarque » tente-t-il de mettre un baîllon définitif sur ceux qui pourraient lui faire encore un peu d’ombre ?

L’avenir nous le dira.

Car disait un vieil ami africain :
« Celui qui veut montrer ses larmes ne se met pas sous la pluie ».

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