Supprimer le Président ?

par olivier cabanel
lundi 24 avril 2023

Que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas d’atteinte à la santé du petit autocrate présidentiel, mais plutôt de remettre en question les pouvoirs de celui-ci.

C’est ce que l’on pouvait découvrir en écoutant le passionnant débat entre Frédéric Potier et Jean Garrigues sur l’antenne de France inter, le 22 avril dernier, à 8h20.

L’expert en mouvement sociétal qu’est Frédéric Potier fait le point de la situation, évoquant l’impasse dans laquelle s’est engouffré le chef de l’état et il décrit un mouvement sociétal : « aujourd’hui, l’autorité ne se présume plus, elle se mérite. La démocratie, à l’évidence, va bien au-delà du fait de mettre un bulletin de vote dans une urne tous les 5 ans. La démocratie est un code moral, un état d’esprit, c’est un respect de l’adversaire, c’est la capacité à avoir un débat pacifié et puis il y a aussi la perspective de l’alternance. Je crois qu’à tort ou à raison, les Français ont l’impression que ces conditions démocratiques ne sont pas réunies. Peut-être que les fautes et les responsabilités en sont partagées, mais il est maintenant du devoir du pouvoir, de la majorité présidentielle de renouer avec cet esprit démocratique ».

Très timidement, l’expert considère la situation avec un peu de distance...

à l’évidence, il y a longtemps que le chef de l’état à perdu cet esprit démocratique, convaincu qu’il est, du fait de son élection, légitime de prendre toutes les décisions qu’il désire, sans s’inquiéter une seule seconde du fait qu’il a été élu quasi par défaut, comme l’a bien compris Léon Defontaine, dans son blog « l’avant garde », écrivant : « en obtenant 38 % des inscrits, Macron est le président le moins bien élu après Pompidou, et pour cause, son projet politique est rejeté par une grande majorité des Français-(es). De plus, son score obtenu ne vaut pas une adhésion pour son projet (…) Françaises et Français ont fait le choix d’empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir (…) les politiques libérales et répressives ont entraîné cette crise démocratique inédite dans notre pays ». lien

Comme le constate Jean Garrigues, les casseroles que les français font prendre l’air à chacune des apparitions présidentielles illustrent bien le rupture actuelle avec le pouvoir : « ces casseroles expriment un désaccord radical vis à vis du souverain, mettant en évidence cette rupture entre le monarque républicain et les citoyens (…) du fait de la verticalité de Macron, utilisant les articles que lui permettent la 5ème république (…) a perdu sa légitimité en faisant appel au fameux 49/3 ».

Pour tenter de contrer ces casserolades qui se multiplient, le ministre de l’intérieur a lancé un nouveau concept : débaptiser les casseroles qui deviennent des « dispositifs sonores portatifs  », les rendant interdits, (lien) mais en même temps, il assure que les casseroles ne sont pas interdites...on essaye de comprendre ? lien

Mais revenons à nos débatteurs...

Frédéric Potier ajoute : « la constitution possède des articles qui ne sont plus tolérés, c’est un coup de force anti-démocratique... ».

Ce que confirme Jean Garrigues : «  à la faveur de cette crise des retraites, on voit se creuser le fossé entre les citoyens et les acteurs institutionnels, et on arrive aujourd’hui au fait que les 2/3 des français sont dans la défiance envers le pouvoir et les institutions (…) et il est urgent d’envisager une nouvelle révision dont la manière dont on fait fonctionner les institutions ».

Les deux invités pensent aussi qu’il faudrait réhabiliter la 4ème république, prenant exemple sur des hommes comme Mendes-France... allant même jusqu’à imaginer qu’il faudrait supprimer l’élection présidentielle, laquelle a remplacé le débat politique par « une course de chevaux »... avec des « écuries politiques » qui ne pensent qu’à cette compétition. Il faudrait au moins ne pas faire suivre les élections législatives juste après l’élection présidentielle.

Et il rappelle à son tour que Macron n’est soutenu que par 28 % des Français qui ont voté pour lui au 1er tour des élections présidentielles.

D’ailleurs l’idée de supprimer le poste de président de la République n’est pas nouvelle : en 2017 une pétition avait même été lancée sur le sujet… lien

Pour les 2 interviewés, il faudrait donc équilibrer la verticalité du pouvoir par une forme d’horizontalité du contre-pouvoir démocratique. Lien

Si l’on veut pousser le bouchon un peu plus loin, force est de constater que le fossé qui sépare le peuple du président est plutôt un gouffre béant, au point que même ses proches en viennent à douter de la pertinence de ses interventions diverses et variées…

Quand il a déclaré que dans les gares, il y avait « des gens qui ne sont rien  », ou qu’il affirmait que pour trouver du travail « il suffisait de traverser la rue  »… et mieux encore lorsque, à l’occasion de la crise sanitaire, il décidait « d’emmerder ceux qui ne voulaient pas de la vaccination », on ne pouvait que discerner un mépris du peuple, doublée d’une arrogance visible quand pour tenter de contrer la colère populaire, qui s’exprime à grand coup de casseroles, il s’amuse du fait «  que les casseroles sont faites pour faire la cuisine »…

Comment ne pas comprendre la colère qui monte devant tant de mépris, tant d’arrogance ?

Comme dit mon vieil ami africain : « si l’enfant peut jouer avec les seins de sa mère, il ne peut le faire avec les testicules de son père  ».

le dessin illustrant l’article est de Bésot

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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