Sur le recrutement des professeurs
par Clara
jeudi 8 février 2007
Les personnes qui souhaitent devenir professeurs de l’Education nationale en France doivent passer par une étape inévitable : le concours de recrutement. Les professeurs sont ainsi considérés comme des fonctionnaires identiques aux autres, leurs fonctions semblent ne pas demander des qualités exclusives au métier d’enseignant, un fonctionnaire de l’Etat doit être recruté par concours, les professeurs sont donc recrutés par concours.
Problèmes rencontrés
Le concours se passe en deux sessions, écrite puis orale. Un programme national sort chaque année dans le Bulletin officiel du mois de mai de l’année précédant la session de recrutement, la plupart du temps le programme de l’année précédente est en partie remanié, ce qui permet une plus grande équité entre les nouveaux candidats et ceux qui se sont déjà présentés au concours l’année précédente.
Ce changement de programme a également un coût pour les candidats, encore plus pour les redoublants, puisqu’il faut se procurer les livres officiels du programme, sans parler de l’économie souterraine de certaines maisons d’édition qui sortent des livres d’aide ou d’étude des oeuvres que tout candidat consciencieux souhaitera acquérir afin d’optimiser ses chances de réussite.
Les épreuves écrites sont exclusivement théoriques, il faut potasser et bâchoter le programme et répondre à une infime partie de ce dernier grâce à l’immense connaissance accumulée durant les derniers mois de préparation. Cette préparation peut se faire chez soi ou bien dans les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), la réussite au concours ne dépend évidemment pas de l’environnement choisi mais du travail personnel effectué durant la préparation.
Une fois les épreuves écrites passées, et si seulement si le candidat les a réussies, vient le temps des épreuves orales, théoriques elles aussi. Ces épreuves diffèrent suivant la spécialisation, seule une épreuve est commune : l’épreuve pré-professionnelle. Malgré son intitulé, cette épreuve est tout aussi théorique que les autres, il faut une solide préparation didactique et une connaissance parfaite des textes officiels de l’Education nationale. La préparation en IUFM peut être un atout pour ces épreuves orales car le candidat sera probablement plus entraîné face à un jury.
Le constat : le candidat doit non seulement exceller en théorie mais également être chanceux, puisque ce concours laisse une part importante à l’imprévu. En effet, suivant le sujet des épreuves (écrites et orales) et les correcteurs et jury qui examinent son travail, un candidat excellent peut être recalé et un candidat médiocre accéder au monde enseignant.
Solutions envisagées
Le concours de recrutement des professeurs devrait être beaucoup moins théorique, et prendre en compte l’expérience des candidats. En effet, peu d’entreprises accepteraient de recruter un employé sur ses seules connaissances théoriques, les stages ou les emplois accumulés, même dans une branche différente, sont garants de sa volonté et de sa motivation pour accéder au monde du travail.
Les futurs professeurs devraient ainsi être recrutés en prenant en compte :
1. leurs connaissances disciplinaires, mais d’une manière moins arbitraire
et moins sélective qu’aujourd’hui ; un bon professeur n’est pas
seulement un puits de science, pourquoi pas l’écriture d’un mémoire
plutôt que les épreuves actuelles ?
2. Leurs connaissances institutionnelles : il est normal pour un agent de l’Etat de connaître et maîtriser les instructions officielles de l’Education nationale, un bon professeur se doit d’appliquer les recommandations du ministère après les avoir bien comprises et intégrées.
3. Leurs compétences pédagogiques : il semble logique pour un professeur de faire preuve d’un certain sens pédagogique, la connaissance ne fait pas tout, il faut mettre en situation les candidats afin de pouvoir les évaluer en classe, et prendre enfin en compte la plus importante des qualités pour un enseignant dans le recrutement.
4. Leur motivation et leurs expériences : être professeur ne doit pas être un choix par défaut, après quelques années d’études à l’université, ou un emploi pas si stable que ça, le corps professoral semble être un refuge pour les jeunes (et moins jeunes) indécis. Le bon professeur doit montrer qu’il souhaite réellement enseigner, il doit tout mettre en oeuvre durant sa scolarité puis sa vie professionnelle pour trouver des expériences et/ou des formations visant à étayer son projet enseignant.
Conclusion
Le problème lié à l’école aujourd’hui est intimement lié au système de recrutement des professeurs. Plutôt que de réformer la formation après le concours, comme le premier hors-série du Bulletin officiel de l’année 2007 le préconise, le gouvernement devrait réformer le concours en lui-même. Si les professeurs sont recrutés sur des compétences spécifiques au métier d’enseignant, les désillusions et autres réveils tardifs des candidats fraîchement promus n’auraient plus lieu d’être, et les écoles gagneraient en qualité et en professionnalisme.