Tapie : l’arbitrage était bien une affaire d’Etat

par Laurent Herblay
samedi 11 mars 2017

C’est un feuilleton judiciaire extravagant. En février 2015, la cour d’appel de Paris avait invalidé l’arbitrage de 2008 entre l’Etat et Bernard Tapie avant d’en demander le remboursement, jugement confirmé par la cour de cassation en juin 2016. Le 8 mars, le parquet a renvoyé plusieurs protagonistes devant le tribunal correctionnel pour escroquerie en bande organisée et détournement de fonds publics.

 

Conflits d’intérêts à tous les étages
 
C’est un sujet sur lequel j’ai déjà beaucoup écrit. Tapie cherche à se présenter comme la pauvre victime d’une arnaque du Crédit Lyonnais, qui aurait fait un profit sur son dos en lui rachetant Adidas. Sauf que sa demande est ridicule. Bien loin de l’avoir arnaqué, on peut croire que le Crédit Lyonnais lui a fait une sacrée fleur en rachetant discrètement au ministre, quelques semaines avant une défaite historique aux législatives de son camp, au prix d’achat, une entreprise qu’il n’avait pas su redresser, ni vendre à autre que cette banque publique, dans la main de l’Etat... C’est une fois redressée par Louis Dryefus que la banque a fait un beau profit en la vendant près de deux ans plus tard.
 

Il était donc totalement extravagant que Tapie réclame une quelconque part de cette vente, lui dont on peut soupçonner que le pouvoir socialiste l’avait sauvé de la faillite indûment. N’est-il pas extrêmement suspect que le nouveau pouvoir sarkozyste, appuyé pendant la campagne de 2007 par Tapie, fréquent visiteur de Beauvau puis l’Elysée, ait conclu un accord financier très avantageux, qui plus est en invitant comme arbitre, une connaissance de l’homme d’affaires ? Merci donc à la justice de renvoyer devant le tribunal correctionnel les différents protagonistes pour essayer de tirer au clair cette effarante affaire, même s’il n’est pas garanti que toute la lumière soit faite sur ce qui s’est passé de 2007 à 2008

 


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