Taxe carbone : Claude Allégre en remet une couche
par Henry Moreigne
mardi 25 août 2009
Il est comme ça notre ancien ministre de la recherche. Un côté hibernatus, dernier dégraisseur de mammouth en activité toujours prompt au politiquement incorrect .
Sur le fond, l’ancien ami de Lionel Jospin a raison lorsqu’il relève, toujours dans Le Parisien, que, “La France émet à peu près les cinq millièmes des émissions mondiales de CO2. Cela veut dire que l’arrêt total de toute émission de CO2 par la France modifierait la température moyenne du globe d’un centième de degré dans cent ans !”.
Un peu moins lorsqu’il en conclut que “Parler d’une taxe carbone pour l’ensemble Europe-Amérique du Nord qui représente presque 50 % des émissions de CO2 peut être un sujet de débat, mais l’instaurer au seul niveau français est ridicule.”
Ridicule et injuste pour le scientifique qui n’a en rien perdu le sens de la formule :” « Les riches en auto, les pauvres à vélo ! » Ceci au moment où le baril ne cesse de monter. Combien de chômeurs vont-ils payer la bêtise écologique ?“. Faut-il pour autant baisser les bras et ne rien faire ?
Si pour les milliers de scientifiques qui constituent le GIEC les actions prioritaires à mener les deux urgences sont la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité, Claude Allégre lui a ses propres priorités : l’eau, la démographie, l’énergie.
Concernant la taxe carbone , celui qui se rêvait avant le succès des écologistes aux européennes en superministre de Sarkozy a des propositions alternatives qui ne manqueront pas de renforcer l’hostilité à son égard quand il évoque le développement de la capture et la séquestration du CO2 et surtout, le développement du nucléaire de 4 ème génération.
Péremptoire comme à son habitude, et manichéen pour l’occasion façon Sarkozy, Claude Allégre n’hésite pas appeler de ses vœux “une France qui soit celle de l’audace, des entrepreneurs, de l’innovation, et pas celle des peurs, des taxes et du déclin. J’ai cru comprendre que c’était l’ambition du président de la République. “
Modeste, l’ancien ministre termine son interview au Parisien par un passage amené à devenir culte : “Je suis un scientifique engagé et, à ce titre, je revendique d’avoir été un pionnier dans l’accouchement d’une écologie moderne. J’ai été un ministre qui, avec l’aide de Lionel Jospin, a réalisé des réformes que je crois, pardonnez-moi, importantes : loi sur l’innovation, harmonisation européenne des cursus, professionnalisation des filières universitaires. Je ne suis donc pas étonné que les conservateurs de tout poil et les tenants de l’écologie démagogique rétrograde aient peur de moi.”
C’est ainsi. En France on n’a pas de pétrole mais, on a Claude Allégre.