Tel un joueur compulsif, Hollande veut se refaire
par Fergus
mercredi 19 octobre 2016
Depuis la sortie du livre des deux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme « Un président ne devrait pas dire ça... », François Hollande est la cible de critiques virulentes et d’attaques frontales venues des rangs de l’opposition. Il est également visé par de nombreux commentaires persifleurs ou consternés venus de son propre camp. Quant aux éditorialistes, ils se montrent eux-mêmes très sévères avec le président en exercice et n’hésitent plus à souligner que son ambition pour 2017 semble désormais carbonisée...
Bref, rien ne va plus pour Hollande. Et pourtant, l’encore chef de l’État croit, semble-t-il, toujours possible d’être le candidat désigné par les électeurs de la primaire du PS et du PRG, ce conglomérat d’apôtres d’une libérale-démocratie assumée sans vergogne par le président en exercice, faux socialiste mais vrai suppôt des forces industrielles et financières qui dirigent en sous-main le pays. En affichant une détermination présidentielle en apparence intacte, Hollande ne manque pas de surprendre les Français, lui qui a tout fait, par le biais de ses confidences dévastatrices aux journalistes du quotidien Le Monde, pour saborder la perspective d’un second mandat.
Nombre de révélations extraites du livre de MM. Davet et Lhomme concourent en effet à disqualifier l’actuel locataire de l’Élysée. À tel point que j’ai moi-même, dès la publication des premiers extraits choisis de ce livre, évoqué la possibilité d’un « acte manqué » comparable, par des moyens différents, à celui qui, dans une suite du Sofitel de New York en 2011, a privé Strauss-Kahn d’un destin élyséen dont il ne voulait manifestement pas, au contraire de sa très ambitieuse épouse.
Mais il se confirme que Hollande est un homme décidément aussi complexe que paradoxal, et sans doute aussi indécis pour son propre destin qu’il l’est dans la gouvernance du pays que les électeurs l’ont appelé à gouverner malgré un passé fait de louvoiements peu annonciateurs d’une grande fermeté dans l’action. Le résultat est pour le moins baroque : d’un côté, un homme manifestement dépassé qui, n’étant pas dépourvu d’intelligence, se rend compte plus ou moins consciemment de son échec et fait tout pour couler son ambition ; de l’autre, un président en exercice qui tente de sauvegarder une stature d'homme d’État en vue d’une hypothétique reconduction dans sa fonction en dépit d’un costume trop large pour lui.
À bien observer le pathétique comportement de Hollande en cette fin de règne consternante, l’on en vient à voir en lui un joueur invétéré qui voudrait tout à la fois se faire interdire de casino et jeter ses derniers jetons sur le tapis de la roulette pour se refaire. Comme si l’opinion publique pouvait, à quelques mois de l’échéance présidentielle, faire table rase des échecs du mandat en cours et de la trahison d’un leader socialiste « ennemi de la finance » pourtant passé, une fois élu, avec armes et bagages dans les rangs idéologiques des néo-conservateurs. À tel point – c’en serait presque amusant si ce n’était dramatique pour les classes populaires – que les caciques de LR sont poussés toujours plus loin vers la droite par ce coucou politique venu squatter leur propre nid.
Logiquement, cette migration droitière devrait permettre à Hollande d’élargir son électorat en séduisant au moins les électeurs tenants du libéralisme. Il n’en est évidemment rien : ces derniers préfèrent leurs propres champions, aussi peu séduisants et chargés de casseroles soient-ils ; quant aux électeurs de gauche qui ont voté Hollande au 2e tour de 2012, nombreux sont ceux qui ont fait une croix définitive sur le nom de l’homme qui, de manière si spectaculaire, a trahi ses engagements solennels du Bourget.
Hollande est désormais un roi nu, ou presque, et le meilleur service qu’il pourrait rendre à son camp, et de manière plus générale aux Français, serait de reprendre sa liberté pour aller taquiner la truite dans les rivières corréziennes. Il n’y a plus qu’elles pour être encore capables de mordre à ses appâts.