Tous manipul�s ?

par olivier cabanel
mercredi 18 octobre 2023

À l’évidence, oui, nous sommes manipulés plus souvent qu’à notre tour, et ce n’est pas une nouveauté. C’est en tout cas ce que l’on comprend à la lecture du dernier livre de l’avocat Juan Branco qui relate son « expérience » à la lumière de sa présence dans TPMP.

Son ouvrage qui s’appelle sobrement « Hanouna » mérite le détour, car il décrypte la plupart des techniques de manipulation qu’utilise « l’animateur ». lien

Pour aller dans le domaine plus politique, domaine particulièrement friand de la manipulation, comment ne pas qualifier de manipulateur qu’a aussi été « le grand Charles », lorsqu’il clamait aux algériens en colère « je vous ai compris ! » ? laissant supposer aux uns comme aux autres qu’il était pour leurs camps...mais lequel ?!

Plus près de nous, écoutons Chirac qui s’alarmait : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs », nous laissant croire à tort que le changement climatique était sa priorité, pratiquait lui aussi une belle manipulation…

Comme l’écrit Ariane Bilheran dans son ouvrage « Manipulation » paru en 2013 chez Armand Colin : « le pouvoir est le lieu par excellence de la manipulation sur autrui. Ceux qui souhaitent le pouvoir sont généralement conseillés en manipulation, ou bien eux-mêmes experts en manipulation.

Afin que le tyran conserve son pouvoir, il convient que le peuple soit soumis.

Mais les techniques plus radicales d’oppression physique des peuples peuvent laisser la place, surtout dans les démocraties, où il n’est plus permis d’opprimer à l’envie, à des techniques de manipulation beaucoup plus sournoises. Il est bien connu, depuis l’Antiquité, que, plus on laisse le peuple dans la non-connaissance et la non-conscience, plus il est plus facile d’en faire ce que l’on veut… c’est ce qu’on appelle manipulation dans le champ politique.

Juvénal, le poète latin, avait déjà évoqué l’intérêt du divertissement du peuple, afin que le pouvoir puisse traiter sans contestation ses petites affaires.

Panem et Circenses (du pain et du cirque)...rien de nouveau sous le soleil...

Le « Circenses » actuel ne ressemble-t-il pas curieusement à la télévision d’aujourd’hui ?

Le site « le Bourricot », ricane en constatant comment « le foot étouffe le foutoir ». lien

idem pour le rugby, bien évidemment…

Juvénal avait aussi observé que les empereurs, pour s’assurer un minimum de paix civile, dans un empire de plus en plus troublé, avaient été conduits à pérenniser une forme d’assistance sociale, très coûteuses, en particulier à Rome, destinée aux classes populaires, complètement écartées des affaires publiques.

C’est l’ensemble de ces prestations sociales gratuites, comme la distribution régulière de céréales (l’annone) qui n’est pas sans rappeler nos restos du cœur, qui, rappelons-le, n’étaient pas censés durer, et devaient être pérennisées par le pouvoir, selon la volonté de Coluche. lien

On sait ce qu’il en est aujourd’hui…

L’organisation des spectacles grandioses (et gratuits) du cirque faisait aussi partie de cette stratégie. Lien

Continuons à citer Bilheran : « Car le peuple décérébré ne se lèvera alors plus que pour du pain (NDLR remember 1789), et non pour des valeurs ».

Le « must du must » est d’obtenir le consentement du peuple à sa propre soumission.

Pour ce faire, le langage et les images sont les techniques privilégiées des pouvoirs manipulateurs. (…) Stanley Milgram, un chercheur américain en psychologie sociale de l’Université de Yale, avait déterminé un marqueur essentiel de manipulation mentale ; nous avons une immense propension à obéir aveuglément à des figures présentées comme d’autorité… lien

Finalement, comme l’écrit l’auteure : « manipuler, c’est chercher à déposséder autrui de sa liberté ».

Les techniques de manipulation sont multiples, et on peut s’amuser, au dépens de nos chers politiques, de leur propension à utiliser l’expression « on travaille dessus », lorsqu’un journaliste pose la question qui dérange...lien

Original aussi de constater que nos chers dirigeants n’hésitent pas à s’entourer « d’animaux de compagnie », autre technique de manipulation, car ils savent qu’en s’adjoignant une « boule de poil », cela tendrait à démontrer qu’ils sont des « gens biens », « proches du peuple »…

Ainsi quelques mois après son élection, le président français actuel s’est doté de son Némo, chien qu’il avait trouvé dans un chenil des Yvelines...idem pour le ministre de l’intérieur, lequel a fait l’acquisition de son chat Boris, en décembre 2017, afin de tenter de casser son côté technocratique…

Personne n’a oublié les Dobermans de Jean-Marie Le Pen, qu’il tenait en haute estime…

...ni les chats de sa fille, avec lesquels elle adore s’afficher.

Sarkozy n’a pas échappé à la règle, lorsqu’il avait chevauché un beau destrier tout blanc, devant une assemblée de journalistes, dans une mise en scène parfaitement réglée.

En effet, à quelques heures de l’élection présidentielle, il avait convoqué une cinquantaine de journalistes, embarqués dans une charrette, afin de fixer « l’évènement ». lien

De là à prétendre que c’est la garantie d’un succès électoral, il y a une marge, mais pourtant, à l’époque, son score a bondi à 31,8 %...bien au-delà des derniers sondages. Lien

Comme le remarque une internaute taquine, « la manipulation, c’est lorsqu’ils vous reprochent votre réaction à leur comportement toxique, mais ne parlent jamais du manque de respect qui vous a fait réagir ».

Macron, avec sa règle du « en même temps » est un champion de la manipulation.

En effet, c’est le même qui, avant l’élection présidentielle, condamnait la politique de colonisation d’Israël afin de glaner les voix des musulmans français, (lien) et qui tient un tout autre discours aujourd’hui, affirmant qu’il n’y a pas d’ambiguïté. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « plus on déteste la colline, plus elle devient une montagne ».

le dessin illustrant l’article est de Tesson

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

Articles anciens

ils sont tous devenus fous

le bras d’honneur du gouvernement

metro boulot caveau

un pognon de dingue (bis)

ces bras cassés qui nous gouvernent

pas de panique

et voici venu le foutur