Tout sauf Macron
par Bernard Pinon
lundi 1er mai 2017
Benito Mussolini, qui en connaissait un rayon puisqu’il était l’inventeur du concept, définissait le fascisme comme « l’état au service des corporations ». Cette définition s’applique à merveille pour Emmanuel Macron.
Il est aujourd’hui donné pour quasiment certain que ce candidat va être élu le 7 mai prochain. Lancé comme une marque de lessive, bénéficiant d’une promotion jamais vue, d’une complicité sidérante des médias, d’appuis financiers monstrueux, de boules puantes visant à discréditer ses adversaires, la France va donc se doter d’un président immature, creux, aux envolées lyriques dignes de Francis Lalanne et de Jean-Claude Van Damme réunis.
Macron est dangereux. A-t-on jamais vu un candidat à la fonction suprême déclarer (sur TF1 le 27 avril) : « je ne vais pas dire aujourd’hui aux Françaises et aux Français que je vais défendre leurs intérêts face à Berlin » ? Relisez bien cette phrase : un président putatif qui déclare qu’il ne va pas défendre les intérêts des français. Mais il va défendre les intérêts de qui, alors ?
Pas difficile de le deviner quand on voit ses sponsors : les milliardaires Patrick Drahi (BFM entre autre) ou Mathieu Pigasse (Le Monde, Les Inrock), Jacques Attali qui continue à pérorer alors qu’on ne compte plus ses erreurs d’analyse, Alain Minc, copie du précédent et chantre de la mondialisation heureuse, sans oublier Pierre Bergé (Le Monde encore), il ne manque plus que Georges Soros pour compléter le tableau. Bref, ce monsieur, on l’aura compris, n’est pas au service des français, c’est si vulgaire et old-school, mais de la caste du fric et du mondialisme.
Et ses soutiens politiques rassemblent tous ces politiciens dont plus personne ne veut, qui nous ont imposé depuis plus de trente ans ces politiques délétères qui ont mené la France au bord du gouffre. De Robert Hue, le fossoyeur du PC à Alain Madelin l’ultra-libéral avancé comme la viande du même nom, en passant par un joli troupeau d’éléphants socialistes qui fuient le cimetière qu’est devenu le PS, espérant sans doute une miette de maroquin dans l’affaire. Rappelons que trahir et être collabo est une grande tradition socialiste.
Pour être sûr qu’il soit confortablement élu, on a utilisé de tous les procédés de manipulation des masses que le psycho-sociologue Jean-Léon Beauvois appelle la propagande grise : simple exposition, conditionnement évaluatif, modeling… Pour ceux que ça intéresse, je vous renvoi aux ouvrages de cet auteur et notamment « Les Illusions Libérales » édité aux Presses Universitaires de Grenoble. Ce sujet mériterait un livre entier à lui tout seul.
Cet hologramme de François Hollande a un programme totalement creux, ne dit-il pas lui même que les programmes ne servent à rien ? Et pourtant, cet européiste convaincu en a un mais se garde bien de l’afficher : il suffit de lire la « feuille de route » pour 2017 que l’Union Européenne a transmis à la France et qu’on peut résumer en deux mots : casse sociale.
- augmentation de la TVA pour financer des baisses de « charges » (lisez : cotisation sociales) pour les plus grandes entreprises. Depuis combien de temps nous serine-t-on qu’il faut baisser les ‘charges’ pour créer de l’emploi ? On voit le résultat, mais certains doivent y croire encore.
- Baisse du SMIC, de l’allocation chômage, des remboursements médicaux
- Démantèlement des professions réglementées (Avocats, Pharmaciens, Médecins, Chauffeurs de taxi…)
- Mise en concurrence accrue des services publics, y compris la sécurité sociale avec au final la fin du modèle social français
- Démantèlement du code du travail par ordonnances, facilitation des licenciements
- Industrialisation accrue de l’agriculture et de la pêche
- Réduction du nombre de fonctionnaires
- Etc.
Ca ne vous rappelle rien ? C’était le programme de François Fillon qui avait eu au moins l’honnêteté d’annoncer la couleur. Macron, c’est un Fillon déguisé en bobo.
Aujourd’hui, plus de 500 personnes passent chaque jour sous le seuil de pauvreté, des agriculteurs se suicident chaque semaine, le travail est de plus en plus précarisé. Il y a eu un million de chômeurs en plus sous Sarkozy, autant sous Hollande. Ce sera la même chose sous Macron, mais il faut « penser printemps ».
Alors que faire ? D’abord refuser de voter pour lui. Et pour ceux qui ont le cœur bien accroché, voter contre lui.
Parce qu’en face, ce n’est guère engageant, doux euphémisme. Mais face à la certitude d’une casse sociale et l’inconnu, on est en droit de préférer l’inconnu, même si il a une drôle d’odeur. D’autant plus que le ralliement d’un Dupont-Aignan, qui n’a rien d’un extrémiste, permet d’envisager les choses avec un peu plus de sérénité.
Le plus fasciste des deux n’est peut-être pas celui qu’on pense.