Travailleurs détachés, participation : le retour de Macron l’embrouille
par Laurent Herblay
vendredi 27 octobre 2017
Emmanuel Macron est d’abord et avant tout un communiquant. Sur le fond, il ne fait que surfer sur le prêt-à-penser des élites globalisées. Mais face à la pression de l’opinion publique, il réagit, plus pour tenter de donner le change. Après les dérisoires tour de passe-passe du budget et du rachat de STX, voici les nouveaux épisodes : les travailleurs détachés et la participation.
Le retour des postures grossières
Malheureusement, tout le monde sait bien qu’entre les effets d’annonce, et la réalité, l’écart peut être grand sous Macron. Nous l’avons bien vu avec STX, que le président disait être prêt à nationaliser, alors que quelques semaines plus tard, il accepte un rachat à l’utilité discutable, pour la France et ses salariés, avant même d’accepter de mener Alstom à son démantèlement final. Il faut donc par principe relativiser les annonces venues de l’Elysée, d’autant plus que les précédents présidents ont démontré une sacré capacité à embellir par les mots ce qui est fait en réalité, que ce soit sur les parasites fiscaux, finis pour Sarkozy mais pourtant bien vivants, ou cette finance ennemie-amie de Hollande.
Le Monde a un sacré culot de parler d’« Europe sociale renforcée » ou de « victoire de Macron ». Pour un peu, les Décodeurs du groupe pourraient parler de « fausses nouvelles » tant l’écart entre la réalité des accords et le discours est grand. L’évolution obtenue est totalement dérisoire, comme l’explique parfaitement Marianne. D’abord, l’accord ne s’appliquera qu’en 2022, alors même que les mesures avancées sont totalement dérisoires ! Par exemple, l’abaissement de la durée maximale des contrats à 1 an plus 6 mois est n’a strictement aucune conséquence quand on sait que les travailleurs détachés passent en moyenne 1 à 2 mois en France. Et l’accord ne couvre pas les chauffeurs routiers !
Enfin, on peut penser que le principe d’un « salaire égal, à travail égal » ne dépassera pas le stade de principe, sans conséquence sur la réalité. En outre, les plus de deux cent mille travailleurs détachés pèsent sur le niveau des salaires. Voilà pourquoi il ne faut rien attendre non plus des annonces sur la participation : il ne s’agit que d’une posture pour paraître un peu plus social, mais les mesures qui en sortiront seront sans doute dérisoire, quand elles ne profiteront pas directement aux plus riches… Macron n’a aucune volonté de changer le capitalisme, mais seulement de donner des gages commodes à ceux qui le jugent trop droitiers sans véritablement changer le cours de sa politique.
Nous voilà donc revenu aux postures sarkozystes, tellement grossières que plus grand monde n’y prêtait attention sur la fin tant il était évident qu’elles n’étaient que des postures communiquantes et en aucun cas de choix de fond. La forme l’emportait sur le fond, comme aujourd’hui sous Macon, où il s’agit uniquement de rééquilibrer le discours sans véritablement changer de politique.