Trois raisons qui feront avorter le Grenelle de l’environnement

par imago
jeudi 25 octobre 2007

La Poste va pouvoir recourir à la publicité pour placer des prêts à la consommation alors que l’endettement fait des ravages sociaux et écologiques. Le nombre de programmes de développement de centrales au charbon explose littéralement... Tous les jours apportent un abominable cortège de faits, de décisions hautement défavorables à l’existence d’une société humaine digne de ce nom... Mais, bien sûr, dans le même temps, les plus hauts dirigeants se congratulent en coûteux et vastes symposiums. Personnellement, il me semble tout simplement que ce « Grenelle de l’environnement » ne peut être qu’une vaste fumisterie (au sens de d’écran de fumée) pour trois raisons fondamentales.

Les projets à très long terme sont impossibles en économie de marché intégrale.

L’installation de nombre d’infrastructures énergétiques exige des délais extrêmement longs et donc leur rentabilité est affectée d’aléas énormes. Face à l’augmentation du prix du pétrole, en 1974, le grandiose programme électro-nucléaire de Pierre Messmer était accéléré sur les bases - très centralisées - de l’ancienne structure économique française. Or, on peut l’admettre ou le refuser, celle-ci avait été développée surtout par le général de Gaulle, ardent défenseur d’une haute conception de son pays. Un programme du même type serait-il possible aujourd’hui, lorsque les principales entreprises ont été ou sont en cours de privatisation ? Regardons, écoutons les médias : ceux-ci regorgent de campagnes publicitaires pour vanter les mérites de l’énergie de tel ou tel producteur... Imaginons un instant les conséquences des critères de gestion privée pour les déchets nucléaires.

Cet exemple énergétique n’est évidemment pas le seul ; dans le domaine de l’eau, de la démographie, etc., les défis sont plus que séculaires. Or, comment l’aveuglement à court terme du marché peut-il y faire face ? Ivres de dérégulation, le patronat et le gouvernement français ne semblent pas vouloir garder la moindre volonté de piloter réellement le système socio-économique dans le sens de ses intérêts véritables à très long terme. L’affaire EADS est malheureusement là pour le démontrer.

Le développement durable est fondamentalement basé sur une éthique forte.

Nous pleurons la pénurie d’énergie ; pourtant qui propose déteindre les milliers de panneaux publicitaires lumineux - qui fonctionnent même lorsque les rues sont désertes - sans être taxé d’esprit chagrin ou de doux rêveur ? La société capitaliste ne peut exister sans les paillettes et le strass qui font rêver Cosette. Cherchons un peu à comprendre pourquoi F. Bayrou a tant de difficultés à percer pour créer ce parti centre humaniste d’importance et efficace.

Le développement durable est par essence de nature collective.

L’air pur, la diversité de la faune (y compris l’humanité) et de la flore sont réellement des biens collectifs au sens strict. Pour qu’ils existent effectivement, ils ne sont susceptibles ni de divisibilité (difficile de savoir qui obtient le plus ou le moins de ces services ou produits) ni de rivalité (ce n’est pas parce que j’apprécie les rayons du soleil en fin de journée que les autres en souffriront).

Bien évidemment ces deux caractéristiques fondamentales ne permettent pas un développement forcené du capitalisme dans ce domaine, au contraire. Ceci explique d’ailleurs en passant pourquoi le solaire a tardé autant à décoller, surtout sous ses formes passives. Tout l’intérêt du système socio-politique en place est donc de multiplier les insatisfactions (perte de calme ou d’air pur en ville, d’intérêt dans son travail, etc.) précisément pour pouvoir vendre le plus gros volume de palliatifs marchands (séances de lampes à bronzer, etc.).

Brièvement exprimées, ce sont les trois raisons fondamentales qui feront que sans doute le Grenelle de l’environnement ne dépassera pas le stade de l’incantation.

Certes nous ne proposons pas grand-chose comme solution dans ce petit billet ; juste un peu de prise de conscience des limites des changements.

Imago

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